
C’est l’incertitude totale au Sankuru après la destitution du gouverneur Victor Kitenge par les députés provinciaux. Alors que le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières, Jacquemain Shabani, a suspendu, par voie d’un télégramme, l’Assemblée provinciale et convoqué son bureau à Kinshasa, sa vice-ministre, Eugénie Tshiela Kamba, a déclaré verbalement cette destitution « nulle et non avenue», sans acte officiel.
Qui dirige le Sankuru actuellement ? Cette question, visiblement banale, peine à trouver une bonne réponse, tellement le climat politique s’est détérioré rapidement dans cette province.
En effet, lundi 26 mai 2025, le gouverneur Victor Kitenge, soutenu par le duo Lambert Mende-Christophe Lutundula a été destitué par l’Assemblée provinciale- à la solde du tandem Jules Lodi-Daniel Aselo.
Dix-neuf députés sur 23 présents à la plénière ont voté en faveur de sa destitution, notamment pour incompétence notoire dans la gestion de la province.
Gros couac: le gouverneur Kitenge n’était pas présent à Lusambo, chef-lieu de province, pour présenter ses moyens de défense car évacué à Mbuji-Mayi par un petit porteur, présenté comme un « avion médicalisé ».
Ses soutiens indiquent qu’il a été victime d’un malaise cardiaque lors d’une réunion du conseil provincial de sécurité, dimanche 25 mai 2025.
Visé également par une pétition, le vice-gouverneur du Sankuru a survécu à la destitution. Ce qui a poussé son parti politique, l’UNC, à jubiler, au point de frustrer le camp du gouverneur en difficulté.
L’Assemblée provinciale suspendue
Quelques heures après, le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières a ordonné, dans un télégramme officiel, la suspension immédiate des plénières de l’Assemblée provinciale du Sankuru.
Jacquemain Shabani a dans la même missive, convoqué à Kinshasa les membres du bureau pour consultation.
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Ces mesures, destinées à apaiser le climat politique, en attendant une harmonisation des vues entre les institutions provinciales, ont été bien accueillies par la population sankuroise. Mais elles n’ont pas répondu à la question de la validité ou non de la destitution du gouverneur Victor Kitenge.
D’aucuns pensent qu’à ce jour, le Sankuru est sans gouverneur effectif, ni intérimaire officiellement désigné.
La réponse a été donnée finalement-non par le vice-premier ministre Jacquemain Shabani- mais par la vice-ministre de l’Intérieur, sécurité et décentralisation, Eugénie Tshiela Kamba.
Accompagnant la première ministre Judith Suminwa en déplacement à Kananga ce mardi 27 mai 2025, elle a déclaré devant
les députés provinciaux du Kasaï central, que la destitution du gouverneur du Sankuru est illégale et par conséquent, « nulle et non avenue».
La colère des députés provinciaux du Kasaï central
Eugénie Tshiela Kamba a affirmé que la destitution du chef de l’exécutif provincial du Sankuru est contre les instructions du président de la République concernant la stabilité des institutions provinciales.
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Ces propos ont mis les députés provinciaux du Kasaï central dans tous leurs états- solidarité parlementaire oblige.
Certains élus ont rétorqué que la vice-ministre de l’Intérieur a outrepassé ses prérogatives, en intervenant sans coordination avec son titulaire.
D’autres estiment qu’elle n’a pas le pouvoir de remettre en cause verbalement et sans texte officiel, un vote de destitution, qui est un acte démocratique prévu par la Constitution.
Une véritable douche froide pour l’adjointe de Jacquemain Shabani.
Pami Halele