
L’élection de la République Démocratique du Congo (RDC) en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU a suscité un large éventail de réactions au sein de l’opinion publique congolaise et parmi les acteurs politiques. Si certains voient cette nomination comme une victoire éclatante de la diplomatie congolaise, d’autres jugent qu’elle cache le travail de titan réalisé dans le passé et occulte effectivement des mérites collectifs plutôt qu’individuels.
Thérèse Kayikwamba Wagner : une figure de proue ou un parcours éclairé par les circonstances ?
Les partisans de l’actuelle ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, saluent son leadership et son rôle en tant que cheffe de la diplomatie congolaise. Selon ces voix, sa détermination et sa vision ont permis de gravir des échelons diplomatiques et de positionner la RDC comme un acteur clé sur la scène mondiale. Cependant, un regard plus critique évoque une contribution moins personnelle et plus collaborative, attribuant le succès aux efforts d’une équipe dévouée qui travaille en coulisses, particulièrement l’administration (Centrale et les missions diplomatiques) du ministère des affaires étrangères.

Un diplomate de carrière, s’exprimant sous couvert d’anonymat, souligne que « Thérèse Kayikwamba Wagner a des résultats, grâce à une équipe qui bosse en back office et à un concours de circonstances ». Il mentionne des figures peu connues, telles que l’ambassadeur Ngandu basé en Éthiopie et l’ambassadeur Zenon Ngay Mukongo, représentant de la RDC à New York, comme des contributeurs essentiels à cette victoire.
C’est aussi ici le lieu de souligner le rôle remarquable joué par le Représentant permanent de la RDC auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, l’ambassadeur Paul Empole Efambe aux côtés du VPM Lutundula à l’époque pour l’élection de la RDC au Conseil des Droits de l’homme des Nations unies.
Une victoire diplomatique exige un travail d’équipe
De plus, une partie des experts et analystes se penche sur le rôle prépondérant de l’administration des Affaires étrangères sous la houlette de Christophe Lutundula Apala Pen’Apala, ancien Vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères entre 2022 et 2024 ainsi que l’implication personnelle du Chef de l’État, Félix Tshisekedi, pour décanter plusieurs situations.

Certains avancent que les fondations de cette victoire diplomatique, si pas toutes obtenues actuellement, ont été posées durant plusieurs années, soulignant ainsi que les mérites de cette victoire se déploient sur un continuum historique, incluant les efforts déjà entrepris avant l’arrivée de Kayikwamba qui a certainement réalisé un travail de parachèvement exemplaire.
Une élection nécessitant un travail de long terme
Pour comprendre l’élection de la RDC au Conseil de Sécurité de l’ONU et le rôle joué par chaque acteur, il faut réaliser que celle-ci ne relève pas d’un succès instantané, mais plutôt d’un processus de plusieurs années d’actions, de négociations et de collaborations.
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À titre illustratif, la RDC a dû négocier le poste de 2ème vice-président de l’Assemblée générale de l’ONU à la fin 2023.
En sus du ministre des Affaires étrangères lui-même, maître d’oeuvre, les ambassadeurs représentants permanents du pays auprès des organisations concernées jouent un rôle important. Dans le cas de la RDC au Conseil de sécurité, le chef de l’État lui-même est intervenu auprès du président Ndayishimiye du Burundi pour que son pays cède sa place à la RDC.
En effet, les élections aux instances internationales, telle que la candidature de la RDC au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, nécessitent un travail préparatoire qui s’étend sur deux voire trois ans.
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Soulignons qu’une fois la candidature d’un pays est endossée par le Conseil Exécutif puis par la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de l’UA, ce pays devient le candidat unique au poste réservé à la Région Afrique sur la liste des postes à pourvoir; ce qui, ipso facto, augmente considérablement les chances d’élection du candidat unique jusqu’à 90%.
Une victoire collective
L’élection de la RDC comme membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU est donc le fruit d’un effort collectif impliquant divers acteurs, tant au niveau gouvernemental que diplomatique.
Il serait réducteur de se concentrer uniquement sur la figure de Thérèse Kayikwamba Wagner ou d’un autre individu. La victoire diplomatique congolaise s’est construite sur des bases solides, le travail acharné d’une équipe et des efforts constants de plusieurs années. En fin de compte, cette victoire éclaire la nécessité de reconnaître et de célébrer les contributions collectives qui transforment un rêve diplomatique en réalité.

Désormais membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la RDC a l’opportunité d’accroître son influence sur la scène internationale et de consolider son engagement en faveur de la paix dans le monde. Cependant, il est nécessaire de se souvenir que cette position est le résultat d’efforts de plusieurs acteurs institutionnels sous la haute autorité et autour du Chef de l’État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Enfin de compte, cette victoire collective impose la nécessité de reconnaître , ne fût ce que par souci d’objectivité, de justice et d’honnêteté intellectuelle, les contributions de tous les intervenants, gouvernementaux et nos représentants diplomatiques, et de les féliciter tous.
Philippe Kazadi
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