La ville de Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï oriental, subit une grave crise d’approvisionnement en eau potable depuis près d’une semaine. Plusieurs quartiers sont à sec, forçant les habitants à chercher de l’eau dans des conditions précaires, aggravées par la saison sèche.
La Régie de distribution d’eau (Regideso) est visiblement dépassée, faute d’électricité suffisante pour alimenter ses installations.
Dans les rues, le spectacle est devenu quotidien : femmes, jeunes et enfants sillonnent la ville, bidons à la main, à la recherche d’un point d’eau. Les robinets sont à sec, et les ménages se rabattent sur des sources naturelles ou achètent de l’eau à prix d’or auprès de vendeurs improvisés. Le risque sanitaire est réel.
À la REGIDESO, le directeur régional Didier Mbudi Lelo pointe un goulot d’étranglement majeur : l’alimentation en électricité. « Nous sommes techniquement dépassés. La station de Lukelenge ne tourne qu’avec une seule pompe, alors qu’il en faudrait deux. Mais pour cela, il nous faut trois mégawatts. Or, la SNEL ne nous en fournit que 810 kilowatts », explique-t-il.
Réaction tardive mais mesurée des autorités
Face à la grogne populaire, les autorités provinciales ont finalement réagi le 10 juin, annonçant un plan d’urgence : gestion spéciale de la distribution électrique et fourniture de carburant à la SNEL.
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Dans un communiqué, le ministre provincial des Infrastructures, travaux publics et reconstruction (ITPR), Joachim Kalonji Tshibumba, agissant au nom du gouverneur ad intérim Augustin Kayemba Mulemena a expliqué que la crise est liée à une panne technique sur la ligne électrique de Tubi Tubidi, ce qui impacte directement l’approvisionnement en eau.
Pour éviter une coupure totale d’électricité, un horaire spécial de desserte en courant a été mis en place : de 8h30 à 15h, puis de 19h à 2h du matin.
Le gouvernement provincial a annoncé également qu’une quantité importante de carburant a été remise à la SNEL afin de maintenir, autant que possible, le fonctionnement des installations électriques critiques.
Des problèmes structurels
Si ces mesures sont saluées par certains, elles sont toutefois jugées tardives et insuffisantes, car la crise résulte de problèmes structurels, liés notamment à la vétusté des infrastructures, au sous-investissement et à la dépendance énergétique.
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En attendant un retour à la normale, la population continue de souffrir. Dans les quartiers populaires de Bipemba, Dibindi ou encore Kanshi, nombreux sont ceux qui n’ont pas vu une goutte d’eau au robinet depuis plusieurs jours. Les plus vulnérables sont les plus touchés : enfants, personnes âgées et femmes enceintes.
L’autorité provinciale appelle à la patience, mais à Mbujimayi, c’est surtout une volonté politique forte et des actions concrètes que les habitants attendent pour ne plus avoir à choisir entre soif et survie.
Félix Ilunga/Mbuji-Mayi
