
Il est bien lointain, très lointain, le temps où les agents du Commissariat général à l’énergie atomique/Centre régional d’études nucléaires de Kinshasa (CGEA/CREN-K) rentraient du travail avec le sourire aux lèvres et étaient respectés. Avec l’actuel commissaire général, Steve Muanza, c’est la torture psychologique permanente et l’humiliation quotidienne. Au point que tous regrettent son prédécesseur, le feu professeur Vincent Lukanda, qui était pourtant considéré comme autoritaire.
Soumis à ce qu’ils décrivent unanimement comme une tyrannie ou une colonisation, les agents du CGEA/CREN-K découvrent à leurs dépens le vrai visage de Steve Muanza. Ce Français, né et grandi en France, recommandé, dit-on par le président de la République, Félix Tshisekedi, auprès de l’ancien ministre de la Recherche scientifique et Innovation technologique, Me José Mpanda, a littéralement détruit l’honneur des agents de ce prestigieux centre de recherche scientifique.
En effet, alors qu’il s’était présenté comme professeur d’université, spécialiste en physique des particules, titre qui a convaincu l’ex-ministre de la RSIT de l’amener dans sa délégation comme expert, notamment à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne, en Autriche, et sur le site de Shinkolobwe, dans le Haut-Katanga, il s’avère, après vérification, qu’il n’est pas professeur d’université. Ce Français n’est en réalité qu’un licencié en physique et détenteur d’un Master 1 de l’Université de Lille et d’un Master 2 de l’Université Blaise Pascal, bien qu’ayant travaillé comme directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France et a été attaché au laboratoire de physique des particules de Marseille, où il a eu un véritable lien avec l’Afrique.
Il s’est donc rendu coupable d’usurpation de titre universitaire, assimilable au faux et usage de faux, infraction punissable par le Code pénal congolais. Il s’est aussi retourné contre José Mpanda.
Plus tyrannique que Vincent Lukanda
S’il était reproché au feu professeur Vincent Lukanda sa tyrannie, Steve Muanza est pire que lui. À cela s’ajoute l’égocentrisme. Considérant le CGEA/CREN-K comme une propriété privée, il décide seul, en déconsidérant les autres membres du comité de gestion.
Selon les agents du CGEA/CREN-K, ils ne proposent rien, mais subissent les actes décidés par le tout-puissant Steve Muanza, conforté par ses accointances avec le président de la République, qu’il vanterait à qui veut l’entendre.
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Agissant en véritable despote, il impose un contrôle total sur le fonctionnement interne du centre, allant jusqu’à surveiller les déplacements des membres du comité de gestion. À titre illustratif, il a décrété que toute visite à un autre membre du comité de gestion sur le site du CGEA/CREN-K doit avoir son aval. S’il est absent du site, la consigne est de l’appeler au téléphone pour qu’il valide ou non, après avoir connu l’objet de la visite. Ce qui ne se fait même pas au Palais de la Nation chez le chef de l’État, son boss qui l’a nommé au CGEA/CREN-K.
Dans son autocratie, il est reproché à Steve Muanza de procéder à des nominations arbitraires à Lubumbashi et Kolwezi, sans en informer le ministre de tutelle, Gilbert Kabanda.
Il viole gravement les principes administratifs dans la gestion du personnel, même ici à Kinshasa.
Gestion financière opaque
Le CGEA/CREN-K perçoit et gère mensuellement la redevance sur l’utilisation des matières radioactives. Toutes les entreprises minières, notamment dans le Grand Katanga, la paient sur les cargaisons de minerais exploités et exportés. Cela représente plus d’un million USD chaque mois.
Mais depuis sa nomination fin juin 2022, soit trois ans déjà, la gestion des fonds issus de cette taxe est opaque.
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Aujourd’hui, il est accusé d’avoir manipulé plus de 50 millions USD sans justification comptable clairement retracée, selon l’APLC, citée par un cadre de l’UDPS. D’où l’interpellation du ministre de la RSIT, Gilbert Kabanda, qui semble fermer les yeux sur la gestion chaotique du CGEA/CREN-K. Ce dernier craindrait peut-être d’intervenir parce qu’il est en face de quelqu’un qui se prévaut d’être l’ami et frère du président de la République, Félix Tshisekedi, alors que ce dernier n’est pas dans cette logique de protéger les mauvais gestionnaires ?
Mais dans tous les cas, ce Français, qui s’est fait passer pour un ange, est en réalité un diable. C’est un imposteur dont l’image d’homme compétent et intègre qu’il s’est fabriquée s’est vite effondrée, se révélant un gestionnaire autocrate et controversé.
ALTERNANCE.CD