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Hydrocarbures : Acacia Bandubola, vitrine soignée, dessous douteux, les pétroliers crient au scandale

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Derrière un joli visage, se cacherait-il des pratiques controversées ? C’est du moins l’opinion de plusieurs acteurs du secteur pétrolier à propos d’Acacia Bandubola, ministre d’État, ministre des Hydrocarbures. Soupçons de pots-de-vin, corruption, liens présumés avec des groupes douteux dont des hommes d’affaires somaliens suspectés d’accointances avec le mouvement terroriste Al-Shebab, nominations contestées au mépris du principe de méritocratie, langage jugé discourtois… Les accusations sont lourdes. Dans une note adressée à la hiérarchie étatique, des professionnels du secteur dénoncent ses méthodes de gestion. Ils pointent notamment la nomination jugée « controversée » d’Herman Mbonyo comme directeur de cabinet, malgré, selon eux, un passif compromettant.

La situation est explosive dans le milieu pétrolier, où de nombreuses déclarations fustigent les agissements discutables de l’équipe dirigée par la ministre d’État, ministre des Hydrocarbures, Acacia Bandubola. En plus de la nomination controversée d’Herman Mbonyo à un poste clé, des critiques se portent également sur les méthodes de la ministre.

«Depuis l’arrivée de Madame Acacia Bandubola à la direction du ministère d’État chargé des Hydrocarbures, de nombreux signaux d’alarme proviennent de ce ministère, mettant en péril la gouvernance du secteur pétrolier ainsi que l’image et la sécurité nationale de la RDC», s’inquiètent les opérateurs pétroliers dans une communication adressée aux autorités du pays.

À côté de comportements jugés inappropriés et d’un langage parfois peu courtois, les professionnels du secteur dénoncent une corruption désormais ancrée dans le domaine des Hydrocarbures, conséquence de la gestion lacunaire de Bandubola, constatée durant ses précédentes fonctions à l’Économie nationale et aux Affaires foncières. Ils décrivent le ministère comme un véritable “marché” où l’approbation des dossiers est systématiquement conditionnée par le versement de pots-de-vin. «Une telle situation va à l’encontre des principes de transparence, d’éthique et d’intégrité morale que l’on attend à ce niveau de responsabilité», clament les rédacteurs de cette note. Ils soulignent également un autre sujet préoccupant: des relations présumées avec des groupes suspects et les menaces pour la sécurité du pays, suite à une récente rencontre entre Bandubola et des hommes d’affaires somaliens, malgré les mises en garde de l’ANR ainsi que des ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur. Ces sujets somaliens sont soupçonnés d’être liés au mouvement terroriste Al-Shebab, posant ainsi un risque pour la sécurité nationale.

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Les pétroliers sont interloqués par la présence d’Herman Mbonyo dans l’équipe de Bandubola en qualité de Directeur de cabinet. Mbonyo a été récemment appréhendé et interrogé par les services de renseignement après avoir invité des individus somaliens, soupçonnés d’être impliqués dans un réseau terroriste, sous couvert d’activités pétrolières.

La présence de Mbonyo, ancien directeur général controversé de la Sonas et maintenant directeur de cabinet aux Hydrocarbures, soulève des interrogations. Depuis cette interpellation par les services de sécurité, plusieurs témoins commencent à faire des révélations. Des sources internes au cabinet des Hydrocarbures rapportent qu’à chaque réunion, Mbonyo exige ouvertement de l’argent aux investisseurs. «Il ne se soucie guère des dossiers techniques; son unique objectif est de s’enrichir rapidement», déclare un opérateur du secteur.

Mbonyo est critiqué pour ses actions de concussion exigeant des sociétés pétrolières des paiements indus de 5 dollars par tonne métrique pour le creux. Ce terme est principalement utilisé dans la logistique des produits pétroliers, désignant un calcul de facturation lié à la capacité inutilisée ou à un volume minimal garanti.

«Avec Mbonyo, chaque pétrolier arrivant en quatrième, sixième ou même dixième place au port de Banana peut être le premier à être autorisé à livrer son produit tant que l’armateur accepte de verser 5 dollars par tonne métrique au Dircab», révèle un opérateur fatigué par ces pratiques immorales.

Mbonyo est également soupçonné de rediriger les investisseurs vers le cabinet de son épouse, avocate à Kinshasa, ce qui soulève des préoccupations évidentes de conflit d’intérêts.

Antécédents judiciaires et disciplinaires

Herman Mbonyo avait été condamné et incarcéré à la prison de Makala en 2009 pour détournement de fonds publics à la Sonas. En 2018, en Algérie, il a été mêlé à un nouveau scandale en tentant de réduire les primes des athlètes congolais lors des Jeux d’Alger. Après un échec, il a quitté le pays discrètement, abandonnant les athlètes. Sa loyauté a été mise en question, et ses pratiques douteuses lui ont coûté également sa place de secrétaire général du Comité olympique congolais.

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Ancien candidat au poste de gouverneur de la ville de Kinshasa en 2019, son nom a de nouveau été associé à un cas de détournement de fonds dans une banque locale, entraînant un avis de recherche à son encontre. Depuis, il était introuvable au pays.

Après une longue absence, Mbonyo a refait surface lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2023 en Côte d’Ivoire, où il a été impliqué dans une autre affaire douteuse concernant des paiements de bus effectués après une forte protestation de la part de la gérante d’une agence abidjanaise qui était sur le point d’être roulée.

C’est donc à un récidiviste notoire que la ministre des Hydrocarbures Bandubola a confié la direction de son cabinet, ce qui éclaire les préoccupations nouvelles qui émergent depuis son arrivée.

Les opérateurs pétroliers jugent que la gestion actuelle des Hydrocarbures sous Bandubola entraîne de graves conséquences pour le pays. Ils affirment que la gouvernance, la crédibilité internationale, la sécurité nationale et la stabilité de l’approvisionnement énergétique sont en péril.

Ils sont convaincus que le secteur pétrolier, considéré comme stratégique pour l’économie nationale, souffre d’un manque d’ordre au sein des régulateurs et des organes de concertation, d’une gestion opaque des dossiers, soumise à des pratiques de corruption généralisée, ainsi que d’une réduction de l’autorité de l’État, des éléments nuisibles à l’image de la République, démoralisants pour les investisseurs et créant de la méfiance parmi les entrepreneurs et autres partenaires.

Pami Halele avec cumulard.cd

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