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Opposition citoyenne: Les musiciens prennent la relève des mouvements citoyens

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Ils ont émergé durant les dernières années du pouvoir de Joseph Kabila. Accusés à tord ou à raison d’être à la solde des chancelleries occidentales, les mouvements citoyens qui menaient officiellement un combat contre les injustices et pour la démocratie ont fait leur preuve et peuvent se féliciter d’avoir contribué à la première alternance démocratique pacifique à la tête de la RDC. Près de trois ans plus tard, on assiste à une nouvelle expression des revendications sociales: la musique engagée.

Créés après les élections de 2011, Lucha( Lutte pour le changement ) et Filimbi se sont imposés comme les principaux groupes contestataires les plus redoutables en RDC. Leurs membres ont eu le privilège notamment, d’attirer l’attention des Nations Unies sur la rébellion du M23, qui a été défaite quelque temps plus tard.

Ils se sont par la suite intéressés à des questions politiques, devenant de facto mal vus par les autorités de Kinshasa. Les services de renseignement, redoutant une main noire des ennemis du pays derrière les mouvements citoyens, ont déployé de l’armure lourde pour les réprimer.

Suite au succès de la Lucha et Filimbi, on a assisté à la création de dizaines d’autres mouvements citoyens au point que l’activisme était devenu un métier pour certains jeunes.

Ainsi, à l’approche des élections de 2018, la RDC a été frappée par une vague de mouvements dits citoyens dont certains ne cachaient pas leur proximité avec le pouvoir.

Avec le recul, Armand Y., membre d’un mouvement dit citoyen dénommé UJANA, reconnaît que lui et ses collègues étaient « pris en charge du premier au trente de chaque mois par un ancien ministre » aujourd’hui député national. Il révèle que leur mission consistait à infiltrer Filimbi, Lucha et d’autres mouvements citoyens considérés comme indésirables par Kinshasa.

Les musiciens engagés prennent la relève

Il y a eu ce qu’il y a eu et en gros, les mouvements citoyens ne séduisent plus. Du coup, la jeunesse congolaise a trouvé une autre voix d’exprimer le ras-le-bol social généralisé. Il s’agit de la musique.

En effet, dans un pays où on compte aumoins un mélomane de la musique dans chaque famille, les messages véhiculés par la musique ont plus de chance d’être captés plus facilement que ceux passés par d’autres canaux.

C’est ainsi que depuis bientôt une année, des jeunes artistes attirent l’attention sur la misère du peuple congolais à travers leurs créations artistiques.

C’est le cas du rappeur Alesh dont le titre « Na Ndenge ya mabe te » a rencontré un franc succès à Kinshasa.

Mais, le phénomène musique engagée a atteint le pic avec la sortie de la chanson « Nini Tosali te »(Qu’est-ce qu’on n’a pas fait) du groupe « Musique Populaire de la Révolution » (MPR).

Cinq jours après sa publication, le clip de cet opus a atteint la barre d’un million de vues sur Youtube et la chaîne officielle du groupe a cumulé un total de plus de cent mille abonnés.

Le buzz créé par « Nini Tosali te » a attiré les projecteurs sur une autre chanson engagée, «Lettre à Ya Tshitshi », de l’artiste engagé Bob Elvis, sortie quelques jours plus tôt.

D’autres musiciens peu connus du grand public, à l’instar d’ Omalo Djamba et sa chanson « Tozomesana» ainsi que Anderson Mukwe et son « Le Voyageur » ont commencé à sortir de l’ombre et à gagner en nombre de vues sur Youtube.

Commentaire d’un spécialiste en communication sociale: « Les mouvements citoyens ont joué un rôle capital dans l’éveil des consciences à une époque où peu de jeunes pouvaient prendre le risque de dire publiquement ce que MPR, Alesh, Bob Elvis et tous les autres chantent aujourd’hui. Je pense que c’est une preuve que les mouvements citoyens ont atteint leur objectif et surtout que la démocratie est devenue une réalité en RDC même si elle a encore du chemin à parcourir ».

Jean Pérou Kabouira

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