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Rapport Mapping: Le juriste Rwandais Gatete Nyiringabo veut brouiller les pistes

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Quand la sacralité de la vie devient un fait divers, le métier de croque-mort devient plus noble que celui de médecin, et la morgue est plus adulée que la salle d’urgence.

Dans un article polémique, le juriste rwandais Gatete Nyiringabo Ruhumulisa a craché sur le travail que fait le Dr Denis Mukwege, ainsi que le grand travail réalisé par le Projet Mapping, ayant abouti à la cartographie de plus de 600 crimes commis en RDC durant la période allant de 1993 à 2003.
Auteur des quelques articles caressant le régime de Kigali dans le sens des poils, Me Gatete est un des sujets rwandais qui font du business autour du malheur d’autres peuples de la région des grands lacs, d’où la position toujours penchée dans le même sens que son gouvernement. Après toutes les menaces venues de Kigali, à l’encontre du Prix Nobel Denis Mukwege, qu’y aurait-il donc de surprenant si Gatete Nyiringabo jouait sa partition ?

Néanmoins, en sa qualité d’intellectuel et spécialiste du domaine des droits de l’homme, monsieur Nyiringabo, n’aurait-il pas besoin d’user d’un peu de retenu avant de tenter de détourner la vérité sur le malheur enduré par le peuple congolais, de suite de l’implication macabre de son pays ? L’histoire étant têtue, cet avocat risque à la longue de se retrouver embusqué dans son propre piège.

Déjà, de par le titre de son article, Gatete Nyiringabo essaie de jouer au populisme et au sensationnel afin de tromper les esprits non-avertis.
« Double complot génocide en RDC : pourquoi le Dr Denis Mukwege est-il resté silencieux ? », un titre d’autant plus tendancieux, qu’il remet en cause la véracité des faits allégués par son auteur, ainsi que l’honnêteté de celui-ci.

En effet, le terme génocide, qui initialement insinuait une campagne d’extermination des personnes selon qu’elles appartiennent à un groupe donné, est aujourd’hui banalisé de fait de ceux qui en font l’apologie, et tend à perdre son authenticité en RDC.
Si Gatete Nyiringabo y fait référence dans le présent contexte, où aucun indice ne fait croire à une campagne du genre, ceci corrèle parfaitement avec un fait surgi dans la province du Sud-Kivu en juin 2004. Alors que le colonel Jules Mutebusi [un officier rwandais, alors commandant adjoint de la 10ème région militaire] déstabilisait la région, le général Laurent Nkunda Batware [un autre officier Rwandais] est venu lui prêter main forte afin de prendre le contrôle de la ville de Bukavu et ses périphéries.

Afin de donner de la légitimité à son intervention, le commandant de la 8ème région militaire [celle basée au Nord-Kivu à l’époque] avait soutenu être intervenu pour prévenir un génocide contre un peuple (Tutsi), alors qu’aucun indice n’allait dans ce sens. Un génocide qui ne se concevait que dans le crâne de monsieur Nkunda Batware, comme celui évoqué par Gatete et la suite du cercle de terreur rwandais.

Par contre, d’un œil regardant, on dénombre plusieurs centaines de femmes qui furent violées par les troupes commandées par Nkunda, et son frère Mutebusi, ainsi qu’une multitude de personnes massacrées et des biens pillés. Aujourd’hui que les vestiges vivants de ce cet alibi restent vivants dans la communauté, chercher toujours à alléguer le motif consiste à remuer le couteau dans la plaie encore fraîche des victimes du duo Nkunda-Mutebusi de triste mémoire.

Cela étant, en faisant la décompte des fausses alertes de génocides, déjà faites par le Rwanda ou par des pro-Rwanda, il y a lieu de croire que depuis l’avènement du malheureux génocide du Rwanda, ce concept est devenu un fonds de commerce, pour quiconque veut que sa cause soit soutenue ou qu’un tiers soit terni.

Ainsi, l’avocat rwandais, Gatete Nyiringabo, devait arrêter d’induire l’humanité toute entière en erreur, l’entrainant dans un gouffre qui l’éloigne de la vérité. Si l’on tient compte de la réalité couramment au Sud-Kivu, on aurait tort de prendre pour vrais les propos de monsieur Nyiringabo.

Les faits sont là, et ne peuvent en aucun cas être contredits par des simples et malicieuses paroles.
Le Dr Denis Mukwege, aujourd’hui Prix Nobel de la Paix, en dénonçant des crimes commis dans son pays, en quoi aurait-il offensé l’opinion rwandaise, si celle-ci n’était pas consciente de son implication, matérielle ou intellectuelle, dans l’occurrence de cet événement macabre ?

Sans l’affirmer apriori, tout le monde peut comprendre aujourd’hui que l’identité des tueurs de Kipupu n’est plus à rechercher dans le domaine du mystère. A cet effet, il y a lieu de féliciter la promptitude du Dr Denis Mukwege car, sans citer le nom de qui que ce soit, a permis à la communauté tant régionale qu’internationale de comprendre que le Rwanda ne pouvait pas en sortir les mains propres.

Polémique sur les chiffres de Kipupu, à quoi cela servirait donc ?

Le massacre de Kipupu, tant médiatisé par ses commanditaires, est une illustration de la façon dont la vie d’un humain est pour certains moins valeureuse que celle d’un animal de la bassecour. Ceci justifierait également la manipulation facile des chiffres authentiquement fournis par la société civile, peu de temps après la commission des faits.
Le Dr Denis Mukwege, en sa qualité de défenseur des Droits Humains et acteur de la société civile, aurait-il donc à se repentir d’avoir alerté sur la mort d’un si grand nombre de citoyens ? Pas du tout.
Que les uns parlent aujourd’hui de dizaines, alors que les informations fraiches (émanant des députés provinciaux ) parlaient des centaines, là n’est pas le débats pour un humanitaire.

En outre, la légitimité de tuer que s’arrogent monsieur Nyiringabo et se protégés n’est qu’un esprit d’exterminator qui anime certaines personnes n’ayant pas de compassion pour leurs semblables. Voilà ce qui pousse même monsieur Gatete Nyiringabo à justifier l’activisme des forces négatives (en l’occurrence Ngumino et Twirwaneho), dont la terreur est décriée par toute la nation.

Dr Mukwege n’en veut ni aux tutsis ni aux rwandais

Dr Denis Mukwege

A l’image de tous congolais, le Dr Mukwege est une victime directe des décennies de guerre imposées à la RDC depuis la chute du régime de Mobutu. Sauvé de justesse du massacre de Lemera en 1997, où nombreux de ses collaborateurs ainsi que ses malades furent  méchamment exécutés, le Dr Mukwege n’en a jamais voulu au régime rwandais, moins encore au peuple Tutsi.

S’il faille suivre tous ses discours, tant sur la question relative à l’insécurité en RDC que sur l’approche d’intégration communautaire dans la région des grands lacs, le Dr Mukwege ne fait jamais allusion à un quelconque groupe ethnique.

Pour le Prix Nobel, même  au prix du sacrifice sacré, il faut privilégier le vivre-ensemble.
A cet effet, pour confondre le gouvernement Rwandais avec les peuplades tutsi, il faut d’abord en vouloir à un des deux ; ce qui n’est pas le cas pour le Dr Denis Mukwege. Il n’en veut ni au Rwanda ni aux tutsi.

Seulement, il se fait que son plaidoyer pour le Rapport Mapping donne des cauchemars au régime rwandais, ainsi qu’à tous ceux qui trouvent en Kigali leur forteresse. Eh bien, oui. Quelle que soit leur degré de victimisation, nul ne peut s’imaginer voir Mukwege lâcher prise. Si l’on en croit ses diverses interventions à ce sujet, la mise en place d’un tribunal pénal international pour le Congo est plus qu’impérieux.

En outre, parlant de la stigmatisation du peuple tutsi en RDC, cela n’a jamais caractérisé le Dr Mukwege.

D’ailleurs, au sein de son Hôpital, à Panzi, il soigne une multitude de ces femmes, victimes des diverses pathologies gynécologiques et des viols, venues de Minembwe pour exclusivement être soignées par « l’Homme qui répare les femmes ».
En vertu du serment d’Hippocrate qu’il a prêté, en revêtant la qualité de médecin du peuple, le Prix Nobel soigne tous les malades, sans distinction aucune. Egalement, en vertu de son sens de patriotisme, il dénonce également tout mal tendant à entamer le bien-être du peuple congolais.  
Ceci étant, Gatete Nyiringabo, et tout le cercle d’extrémistes rwandais qui tentent de l’intimider, menaçant de salir sa notoriété en vue de le réduire au silence, peuvent regretter car il n’en sera jamais le cas.
Ceux qui espèrent obtenir la tranquillité en pariant sur le silence du Dr Mukwege doivent savoir que c’est bien trop tard.
En plus du Prix Nobel, gagné en 2018, le Dr Denis Mukwege est également détenteur du Prix Sakharov, lui décerné depuis 2014 pour sa liberté d’esprit.
La liberté d’esprit découle du courage de l’homme à braver la peur.

C.P/ALT.

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