Jusqu’à quand les minerais de la République Démocratique du Congo vont bénéficier à la population congolaise ? Cette question mérite d’être posée au regard de l’ampleur de la fraude notamment de l’exportation illégale des richesses congolaises. Le dernier triste exemple en date est celui de l’interception, en date du 4 janvier 2021, de huit gros camions au poste frontalier de Kasindi et au terminal conteneur de Béni, qui transportaient le cacao sans des documents requis pour les exportations. L’interception a été faite grâce à une synergie d’efforts de l’Office National des Produits Agricoles du Congo(ONAPAC) secteur de Beni et les services compétents de l’Etat notamment le Parquet, l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), la Direction Générale de Migration (DGM) et la Police des frontières.
On ne cessera jamais de le dire. La RDC est pillée de toutes parts. Chaque jour ou presque, elle perd des millions de dollars suite à l’exportation illégale de ses minerais. Alors qu’à Kinshasa toute l’attention des dirigeants est fixée sur les tractations politiques pour la mise en œuvre de l’union sacrée de la Nation, l’hémorragie des richesses du pays se poursuit. Des camions pleins de minerais continuent à traverser la frontière sans des documents requis pour les exportations tel que décrit par les lois en la matière en République Démocratique du Congo.
L’ONAPAC se veut vigilant et ses efforts commencent à porter du fruit, du moins dans la province du Nord-Kivu, précisément à Beni. En effet, alors que ce coin du pays reste tristement au centre de l’actualité à cause des tueries qu’elle enregistre au quotidien, un drame économique s’y déroule à ciel ouvert. « Nous avions saisi ces véhicules qui transportaient des colis de cacao vers une destination inconnue. En vérifiant sur place, nous avions constaté qu’il s’agit d’une exportation non couverte des documents émis par l’Onapac tel que l’exige la loi congolaise, notamment le certificat de qualité, le certificat d’origine du produit agricole en question. Il n’y a même pas de visa de l’ONAPAC sur le contrat de vente de ce cacao saisi, conformément à l’article 25 alinéa 1 sur la réglementation de change en RDC », a annoncé l’ingénieur Agronome Nicodème Mulumba wa Kasongo, Directeur de l’Onapac secteur de Beni. Ce sont au total 360 tonnes de cacao qui étaient en train de sortir illégalement du pays.
La DGDA dément, l’ONAPAC maintient ses accusations
Très grave, il a révélé que ce trafic illégal aurait bénéficié de l’accord et de la bénédiction de la Direction Générale des Douanes et Accises(DGDA) et de l’Office Congolais de Contrôle (OCC), deux services de l’Etat censés faire respecter la loi en vigueur en matière d’exportation des produits congolais. « Ces deux services de l’État qui sont pourtant nos partenaires ont validé et autorisé la sortie de ces véhicules sans notre avale alors que les lois en République Démocratique du Congo indiquent qu’aucun produit agricole ne peut circuler sur l’étendue du territoire national sans les documents dûment délivrés par l’ONAPAC. Ça ressemble à une complicité de la part de ces services Étatiques et même certaines banques où l’argent est versé. Nous dénonçons cela. Il y a même beaucoup de cas où l’on constate que le cacao et d’autres produits agricoles circulent dans cette zone sans que la Dgda place le plomb sur des conteneurs. Ce sont des éléments qui renforcent l’hypothèse de la fraude », a déploré le responsable de l’ONAPAC à Beni.
Sans surprise, la Direction Provinciale de la DGDA au Nord-Kivu nie ces allégations et se dit favorable à une mission mixte de tous les services concernés pour faire la lumière sur ce dossier qui fait déjà beaucoup de bruits jusque dans la capitale. Ne voulant pas l’entendre de cette oreille, l’Office National des Produits Agricoles du Congo a annoncé l’ouverture d’un dossier judiciaire en vue de coincer les auteurs et les complices de cette fraude.
« Nous voulons revenir dans nos droits de travail régit dans le décret n°18 du 24 Novembre 2018 en son article 4 sinon nous enregistrerons toujours un manque à gagner et notre service aura des difficultés du fonctionnement face à tous ces cas de fraude », a martelé le Directeur de l’ONAPAC Secteur de Beni.
C’est dire que ce service de l’Etat est déterminé à lutter contre la fraude même si on le sait, cette posture risque d’attirer des ennuis à ses responsables. Ceci s’explique par le fait que les maffieux et leurs complices auront du mal à accepter de voir leur sale boulot être mis à nu. Les autorités compétentes sont donc vivement appelées à assurer leur sécurité surtout qu’ils se trouvent dans une région en proie à l’insécurité.
ALT/LJL