Ils étaient proches l’un de l’autre comme un pied et une sandale. Ils étaient inséparables au point qu’on ne pouvait voir l’un sans voir l’autre. Joseph Stéphane Mukumadi, Gouverneur de la province du Sankuru et son ancien avocat, Maître Armand Lokeka ne s’entendent plus. Pour avoir exigé ses honoraires que son ancien client lui doit, ce dernier dit subir de menaces et dit craindre pour sa sécurité et celle de sa famille.
Leur histoire ressemble à celle de la plupart des anciens collaborateurs du gouverneur du Sankuru qui l’ont lâché pour diverses raisons. Homme à tout faire de Mukumadi, Armand Lokeka était à la fois porte-parole, directeur de cabinet, directeur de campagne, chargé des relations politiques, stratège et avocat du candidat Joseph Stéphane Mukumadi, qui a su gagner le procès historique en annulant l’arrêt contesté de la Cour d’appel du Sankuru sur la candidature unique à l’élection du Gouverneur de cette province.
Il avait reçu une procuration spéciale signée par celui qui était alors son client dans l’affaire l’opposant à la CCU de Lambert Mende. Mais ce n’est pas tout car, plus qu’un avocat, il a mis son intelligence au service du candidat qui était appuyé par la jeunesse du Sankuru, effectuant plus de quatre voyages avec lui de Kinshasa à Lusambo.
«Malgré tous ces sacrifices, il ne lui a jamais donné une moindre partie de ses honoraires et affiche à son égard une ingratitude suicidaire. Mais comme le malheur ne vient jamais seul, il cherche pour l’instant à le déstabiliser, le démoraliser et cherche des astuces pour le réduire au silence», signale un proche de Maitre Armand Lokeka.
Contacté par alternance.cd, ce juriste a confirmé ces accusations et ajouté qu’il a été violenté par des policiers après s’être rendu le 3 mars dernier vérifier si la province était toujours locataire dans un immeuble situé sur Tumbalubay à Kinshasa sur base d’un dossier qui lui avait été remis par le Gouverneur du Sankuru. «Arrivé sur le lieu, les avocats et de membres de la famille biologique du Gouverneur ont fait irruption avec de policiers du Camp Lufungula, sans plainte ni autre papier pour justifier mon arrestation. De là, un certain capitaine Shongo Morgan faussement présenté comme général m’a pris sans aucun acte de procédure pour justifier mon transfert vers un autre OPJ», raconte-t-il.
De fausses procurations présentées aux services spéciaux ?
Relâché le lendemain, l’avocat dit essuyer des menaces et des insultes de la part de son client qui selon lui, aurait juré de ne jamais payer ses honoraires pour l’ensemble des dossiers traités au motif qu’il aurait des relations au plus haut sommet de l’État et de moyens financiers pour faire taire tous ses adversaires.
Le comble, Maitre Armand Lokeka est pourchassé par la Direction des Renseignements Généraux, plus connue sous le nom de «services spéciaux»,au motif d’une plainte qui aurait été déposée par un autre avocat de Mukumadi à sa charge. «Là aussi, c’est avec de fausses procurations spéciales dans lesquelles les signatures ne sont pas légalisées depuis Paris en France au moment où Mukumadi se trouvait à Washington aux États-Unis du 1er au 5 mars à St.Gregory Hotel…Les signatures de Mukumadi contenues dans ces procurations spéciales ne sont pas semblables à celles dont dispose son ancien avocat qu’il veut actuellement nuire», précise une source judiciaire qui a requit l’anonymat.
Loin de désarmer face à son ancien client qui veut visiblement le réduire au silence, Maître Armand Lokeka annonce qu’«une action répressive est en gestation pour qu’on sache la vraie signature» du Gouverneur du Sankuru. Dans l’entre temps, il alerte l’opinion sur les menaces auxquelles serait exposée sa famille qui dit-il, «vit actuellement en clandestinité».
Face à ces allégations, un collaborateur de Mukumadi contacté a préféré parler d’«une machination politique venant des ennemis de la province du Sankuru dans le but d’obtenir la tête du Gouverneur».
Jean Pérou Kabouira