Le Fonds Monétaire International (FMI) a-t-il pris le contrôle du ministère des Finances de la République Démocratique du Congo ? La question paraît provocante mais elle mérite d’être posée au regard du pouvoir décisionnel de plus en plus influent que semble avoir cette institution internationale sur la gestion des finances du pays.
Alors que certains économistes préfèrent parler d’un droit de regard du FMI depuis l’approbation par son conseil d’administration de la signature du programme de trois ans avec la RDC pour un décaissement d’un milliard et demi de dollars américains, d’autres parlent carrément de la mise sous tutelle du ministère des finances.
Pour conclure un programme de trois ans visant à aider le pays à soutenir la reprise économique après la pandémie de Covid-19, à préserver la stabilité macroéconomique et relancer la dynamique des réformes pour stimuler une croissance durable et inclusive, le FMI avait imposé plusieurs préalables au gouvernement congolaise. Il s’agit notamment du renouvellement de la Banque Centrale du Congo. C’est dans ce cadre que Malangu Kabedi Mbuyi a été nommée Gouverneure de la BCC, secondée par deux Vice-gouverneurs.
Théoriquement, la banque centrale fonctionne en toute indépendance vis-à-vis des institutions politiques notamment la présidence de la République, conformément à la Loi 018 que le fonctionnement et l’organisation de la BCC.
Alors que l’on croyait que ces préalables étaient les seuls, les agissements du ministre des finances, Nicolas Kazadi font dire à une certaine opinion que la RDC, mieux ses finances sont en quelque sorte mise sous tutelle du FMI.
En d’autres mots, certains analystes économiques constatent que le Fonds Monétaire International exerce une sorte de contrôle supranational de la politique économique de la RDC, contrôle axé évidemment sur la rigueur budgétaire, afin reconnaisse-t-on, d’assainir les finances publiques.
Partant de ce constat, une source bien introduite note qu’étant donner que l’aide du FMI est conditionnée à l’assainissement des finances publiques, le ministère des finances a l’obligation de lui rendre compte du travail réalisé dans ce sens.
Un coût social incalculable
C’est probablement au nom du devoir de redevabilité envers les donateurs que le ministre des finances, Nicolas Kazadi a fait part au sous- secrétaire adjoint au Trésor américain, Eric Meyer, des efforts fournis dans la lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux, vendredi 27 août 2021, en vidéo conférence.
A cette occasion, l’argentier congolais a exprimé l’ambition du pays d’améliorer le ratio des recettes publiques au Produit Intérieur Brut par rapport au niveau des autres pays en Afrique Subsaharienne en exploitant le potentiel fiscal du pays.
Nicolas Kazadi a relevé que le ministère des finances s’attend à ce que le ratio des recettes/PIB de la RDC dépasse les 12,2% initialement visés d’ici 2023(contre 8,7% en 2020).
Il a fait remarquer à son interlocuteur qu’au deuxième trimestre de l’année 2021, les recettes fiscales intérieures ont augmenté de 25 % en moyenne par rapport aux cinq dernières années et que la signature des contrats de performance avec les régies financières pour améliorer les recettes fiscales de 15% devrait soutenir fortement les ambitions du ratio des recettes-PIB.
De son côté, Eric Meyer a laissé entendre que le Trésor américain est soucieux d’assister la RDC dans ces nouvelles initiatives innovantes, notamment celles concernant l’amélioration de la transparence et l’efficacité, la lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux ainsi que les réformes fiscales.
D’autres rencontres de ce genre sont attendues dans les prochains jours pour « renforcer le partenariat entre le ministère des Finances de la République Démocratique du Congo et le département du trésor américain », selon une dépêche de la cellule de communication dudit ministère.
Toutefois, peu d’économistes sont prêts à prendre le courage de dire à la population que le coût social de cette mise sous tutelle du ministère des finances du pays par le FMI est incalculable.
Dans la plupart des cas, les gouvernements ont été contraints à adopter des mesures radicales telles que les coupes dans les dépenses publiques, en l’occurrence l’éducation, la santé ou le logement; la privatisation des entreprises d’État ; la supression des subventions ; l’abolition du contrôle des prix et des barrières protectionnistes etc.
Dans tous les cas, les congolais devront resserrer leurs ceintures pour mieux marcher avec le FMI.
RD44
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