Home Politique Il a chié sur le Rapport Mapping: Patrick de Saint Exupéry, un journaliste français au service de Paul Kagame?

Il a chié sur le Rapport Mapping: Patrick de Saint Exupéry, un journaliste français au service de Paul Kagame?

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L’ancien Grand reporter au Figaro, Patrick de Saint Exupéry a poussé le bouchon très loin dans sa détermination à faire triompher le négationnisme du génocide commis sur de millions de congolais dans l’Est du pays. Il a coulé sa théorie négationniste dans un livre intitulé « La traversée – Une odyssée au cœur de l’Afrique », paru aux éditions Les Arènes.

L’ombre des agresseurs de la RDC, particulièrement le Rwanda, plane sur ce livre. L’ auteur cherche à démonter la thèse d’un génocide connu de tous et dont les séquelles sont visibles, commis par des forces rwandaises contre des Hutus sur le sol congolais pendant la première guerre du Congo.

Plus grave, ce journaliste dont les congolais ne connaissent ni de nom ni de vu s’est tapé le luxe de mettre à doute le rapport Mapping de l’ONU, qui recense les actes de violations graves des droits de l’Homme commis entre 1993 et 2003 en RDC. Quelle diablerie!

Les citoyens congolais complexés qui ne font confiance qu’aux journalistes blancs et/ou étrangers doivent commencer à confesser leur complexe d’infériorité. Certains confrères étrangers abusent de l’illusion d’un savoir immédiat de la situation politique et sécuritaire en Afrique, à cause de leurs entrées faciles auprès de dignitaires africains. C’est le cas de Patrick de Saint Exupéry.

Sa méconnaissance du très célèbre gynécologue congolais, et Prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege, devrait laisser perplexe n’importe quel observateur normalement constitué.
Il est vrai que la lutte a plus d’importance que ses pionniers ; mais étant immatérielle, elle ne peut être attaquée qu’à travers ceux qui la portent.

En effet, alors qu’il se targue d’avoir mené une longue carrière de reporter en terre congolaise, chose que l’on ne sait pas nier, ce journaliste se trouve-t-il vraiment cohérent en ignorant l’une des personnalités les plus crédibles et les plus respectées de ce pays?
« Je ne connais pas le docteur Mukwege et je ne connais pas assez son travail pour pouvoir en parler, je ne peux pas dire les choses autrement. J’essaie de parler des choses que je connais. Donc je n’ai aucune opinion, je n’ai aucun avis », avait répondu Patrick de Saint Exupéry au cours d’un entretien porté sur son ouvrage précité.
Si ce n’est par ironie ou par simple dédain, qu’est-ce qui pousserait un journaliste international, de surcroit un écrivain travaillant sur la thèse d’un génocide commis en RDC, à s’éloigner de Panzi, l’antre du Dr Mukwege, l’un des hommes qui font parler l’histoire en ravivant les souvenirs des différents évènements macabres qu’a vécus la RDC ?
Cela pourrait s’expliquer, et se concevoir normalement, s’il restait dans le strict et restreint cadre de son métier de Journaliste ! Mais en prenant l’initiative de produire un livre, qui se veut crédible et intégrateur de toutes les opinions, Patrick de Saint Exupéry ne se passerait pas si aisément d’une si précieuse ressource qu’est « l’Homme qui répare les femmes », comme on le surnomme.

Ses intentions cachées

Comme l’on peut le remarquer dans son livre « La traversée – Une odyssée au cœur de l’Afrique », paru en ce mois de mars 2021, Patrick de Saint Exupéry a une citerne de venins qu’il attend larguer sur le Rapport Mapping et tous ceux qui s’en rendent défenseurs.

Au passage, alors qu’il ne se fonde que sur ses propres convictions, ainsi que quelques témoignages anodins, il n’a pas hésité à fouler au pied un travail qui a valu à l’ONU plus de 10 ans d’enquêtes, avec à son service 20 experts internationaux.
Son animosité contre ce Rapport, qui constitue la plus grande documentation sur les crimes commis contre des populations civiles en RDC, pendant la période d’intenses guerres, est susceptible de remettre en cause la véracité des faits racontés dans « La traversée », ainsi que le scientisme de ses œuvres.
Du coup, la question de la neutralité de Saint Exupéry s’impose et plein d’interrogations trouvent leur place sur le rôle qu’il aurait joué lors des grands évènements qui se sont produits dans la région des Grands-Lacs africains.

Français de son état, ce journaliste est actif dans la région depuis le début des années 90, période qui coïncide avec le début des conflits intercommunautaires, devenus chroniques, dans la région des Grands-Lacs. Très vite, il n’a trouvé aucun mal à se rallier à la cause de Paul Kagame, l’autoritaire Chef de l’Etat rwandais, pourtant accusé de plusieurs crimes de guerre et autres crimes contre l’humanité commis en RDC.
Saint Exupéry, si l’on revient sur ses divers essais et autres œuvres littéraires, ne fait que confirmer son attachement aux figures emblématiques de la guerre congolaise, dont le régime actuel de Kigali.

A cet effet, rien ne peut être perçu comme surprenant si un de ses ouvrages résonne en faveur de son idole rwandaise, et se joint aux diverses voix des caciques du régime de Kagame qui font tout pour éteindre le flambeau de la vérité sur les crimes infligés au peuple congolais par les troupes de l’APR.
Autant que Patrick de Saint Exupéry, le général Rwandais James Kabarebe ne cesse de nier le tas d’assassinats répertoriés dans le Mapping, et comme le journaliste français, l’ancien chef rebelle rwandais remet en doute le sens du combat du Prix Nobel de la Paix Dr Denis Mukwege.
Mais s’il faille attribuer la confiance à quelqu’un, qui la mériterait entre un médecin, par vocation dévoué à la prise en charge des survivantes des violences sexuelles en période de guerre, et un chef de milices qui a fait parler sa terreur dans pas moins de trois pays ?
Ainsi, en choisissant de jouer la caisse de résonnance d’un pouvoir dont la base idéologique est fondée sur la cruauté, la haine ethnique et le mensonge, Patrick de Saint Exupéry n’a fait que démontrer son sens de profonde méfiance à l’égard des valeurs humaines caractéristiques d’un homme moderne.

Saint Exupéry et sa thèse du déni

Tel un scientifique dont le cerveau est borné par les réactions sentimentales impulsées par les battements de son cœur, Patrick de Saint Exupéry a consacré plus de 300 pages de son récent ouvrage à caricaturer la réalité qui se vit dans la région des Grands-Lacs africains, juste pour défendre un homme : Paul Kagame, le pyromane le plus habile de la région !

Si dans certains passages de son ouvrage l’auteur montre la phase sombre de la vie en RDC (ce qui reste en général une triste réalité), il essaie de s’en servir pour faire luire les grandes prouesses à mettre à l’actif de son Paul Kagame du cœur, pendant la période de son règne sans partage à Kigali !

Néanmoins, en fin connaisseur de la région, il est curieux de constater qu’en aucun cas ce journaliste n’a évoqué la thèse du pillage des richesses du sous-sol congolais par le régime rwandais afin de construire son économie, en enfonçant la population congolaise dans une misère sans nom !
En outre, Patrick de Saint Exupéry revient avec pompe sur le génocide rwandais tout en niant la commission d’un génocide contre des hutus rwandais, lors de l’invasion des troupes de Kagame en RDC (alors appelée Zaïre) ! Il allègue que « la construction du second génocide rwandais est du pur négationnisme », ce qui ne ferait l’objet d’aucun débat ! Seulement, l’auteur semble omettre l’aspect selon lequel il n’appartient pas à un journaliste, écrivain soit-il, de qualifier un fait de génocide !
Si la définition du concept « Génocide » selon le dictionnaire n’éclaire pas tant Saint Exupéry, il ne devrait avoir aucune peine à se faire assister par un pratiquant du droit, pour sa bonne compréhension.

Le massacre de Tingi-Tingi, désormais de moins en moins évoqué, illustre à petite échelle à quel point des civils réfugiés hutus rwandais ont été sommairement achevés par des troupes de l’APR accompagnant la rébellion de l’AFDL, sur base de leur appartenance tribale.
De tout ceci, il demeure évidant que l’auteur, en s’attaquant au Rapport Mapping, cherche à trouver un appui scientifique aux négationnistes, qui sont pourtant des sérieuses parties prenantes à divers épisodes de commissions des actes répréhensibles lors des deux grandes guerres qu’a connues la République Démocratique du Congo.
La méconnaissance du travail du Dr Denis Mukwege ne serait donc qu’un passage ironique car en effet, la lutte du gynécologue ne s’est jamais inscrite dans la ligne droite des intérêts de son idole Paul Kagame. Après tout, l’ouvrier du meurtrier peut-il ignorer le gardien ?

D.R./A.J.

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