Home Politique Candidature annoncée de Félix Tshisekedi en 2023 : Qu’en est-il de ses alliés de l’Union sacrée ?

Candidature annoncée de Félix Tshisekedi en 2023 : Qu’en est-il de ses alliés de l’Union sacrée ?

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 Le Président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo sera bel et bien candidat à sa propre succession à la prochaine élection présidentielle théoriquement fixée en 2023. Il l’a annoncé lui-même dans son meeting devant la population de Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga, le 12 mai dernier. Alors que les opposants réagissent, c’est le silence radio dans les rangs de l’Union sacrée de la Nation, la giga coalition majoritaire qui a succédé à la défunte coalition FCC-CACH.

« Je remercie tous les partis politiques qui ont compris le mot d’ordre que j’ai donné pour travailler pour le peuple. Comme je l’ai dit, maintenant, jugez-nous à travers nos œuvres parce que nous avons commencé le travail. Le temps est arrivé pour travailler pour le peuple. Je cous appelle à vous lancer dans l’agriculture. Nous avons un projet qui concerne tous  les 145 territoires du Congo qui seront impulsés avec le programme qu’on a et vous verrez comment on va changer la RDC d’ici les élections de 2023. Si nous arrivons en 2023 et que vous êtes satisfaits des résultats, je vous demanderai encore de me donner vos voix pour continuer », avait déclaré Félix Tshisekedi.

Cette déclaration, associée à la tournée aux allures d’une pré campagne électorale effectuée par le Secrétaire Général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Augustin Kabuya,  en dit long sur la détermination du parti présidentiel à doubler  la mise en 2023. Sauf qu’on n’est plus en 2018 et que Fatshi est entouré d’une vingtaine des regroupements politiques membres de l’Union sacrée de la Nation représentants plus de trois cent partis politiques.

Certes, il peut beau clamer que l’Union sacrée n’est pas un regroupement politique, encore moins une plateforme politique mais plutôt une vision. La bande à  Jean Pierre Bemba, Modeste Bahati et surtout Moise Katumbi se laissera-t-elle ignorée ? En tout cas, les esprits commencent à s’échauffer dans les salons politiques.

Les Kantumbistes en alerte maximale

Si  Jean-Pierre refuse actuellement de se prononcer publiquement sur son avenir personnel, préférant parler de la gestion du pays à laquelle participe son parti le MLC à travers le gouvernement, il n’en est pas de même pour Moise Katumbi. Naturellement candidat président de la République, l’ancien Gouverneur de l’ex-province du Katanga affûte le plus sérieusement du monde ses armes. Après avoir lancé officiellement son parti politique, Ensemble pour la République, il s’est lancé dans l’implantation de   celui-ci à travers les provinces.

A Kinshasa, ses communicateurs sont très actifs et scriptent à la loupe les faits et gestes du pouvoir. C’est d’ailleurs d’eux qu’est venue l’alerte selon laquelle l’Assemblée nationale s’apprêterait à aligner dans son calendrier des matières à traiter pendant la session en cours, la proposition de la congolité faite par Dr Noel Tiani.

De son côté, Modeste Bahati fait profil bas depuis son élection au perchoir du Sénat. Entre temps, son parti politique AFDC gagne du terrain dans différentes provinces. Ceux qui le connaissent ne se doutent pas de la surprise désagréable que le sénateur du Sud-Kivu pourra réserver au Chef de l’Etat la veille de la prochaine élection, par exemple  en déposant sa candidature confectionnée dans la discrétion absolue.

La gratuité de l’enseignement et ensuite ?

Face à ces potentiels candidats auxquels il faut ajouter la candidature  de l’opposant Martin Fayulu et  tant d’autres, quelles seraient les chances pour Félix Tshisekedi de se faire réélire ?

La course étant lancée, place au passage en revue des forces en présence, quoique trop tôt. 2023 est encore loin  si l’on compte les jours du point de vue des congolais qui se battent pour leur survie. Du point de vue politique, c’est demain. Félix Tshisekedi l’a bien compris et s’est précipité pour annoncer sa candidature. Pour faire  valoir celle-ci, il aura quelques arguments à béton à vendre aux électeurs. Le plus intangible à ce jour est sans doute l’application de la gratuité de l’enseignement de base. Il y a également à son actif, le lancement des travaux (encore inachevés) de réhabilitation des infrastructures routières dans les provinces du Grand Kasaï et du Grand Bandundu. Pour le reste, les responsables de la rédaction du  programme du futur candidat de l’UDPS à l’élection présidentielle devront faire preuve d’ingéniosité pour trouver les mots justes afin de présenter le bilan de sa gestion.

Dans le secteur des droits de l’Homme par exemple, plusieurs rapports dont ceux du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits Humains et de Journaliste en Danger (JED) le contrediront.

Au sujet de la lutte contre les détournements des deniers publics, la promesse maintes fois reprise par Fatshi a été entachée par les contours visiblement politiques qu’ont prise le procès 100 jours et le processus des poursuites à l’encontre de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo. A cela s’ajoute le fait que les auteurs présumés de détournement enregistrés sous l’actuel régime semblent bénéficier d’une sorte d’impunité, la justice préférant braquer ses projecteurs sur d’anciens dignitaires du système Kabila.

Au plan sécuritaire, si l’on s’en tient seulement aux promesses et annonces, on dirait que son bilan est positif. Seulement, il faudra attendre les résultats de l’état de siège décrété dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri pour s’en faire une idée plus précise.

Au plan économique, les défenseurs de Félix Tshisekedi ne manqueront pas de vanter l’augmentation des recettes enregistrées depuis avril 2021. Reste à savoir quel impact elle  aura sur la situation sociale de la population, qui constitue, du point de vue de certains analystes, le plus grand échec du mandat du fils de feu l’opposant historique Etienne Tshisekedi, auteur du célèbre slogan « le peuple d’abord ».

Un statut qui évolue

Les lignes pourront bouger à l’avantage ou au désavantage de Félix Tshisekedi. A ce sujet, il faut dire que tout au long de la première moitié de son mandat, l’actuel Président de la République a vu son statut changer. Il l’a débuté sous la forte influence du FCC de son  prédécesseur Joseph Kabila. Ce fût une période difficile pour lui au point qu’il a accepté de partager certaines de ses prérogatives avec ses encombrants alliés. La pandémie de Covid-19 s’est invitée, contraignant l’exécutif à prendre des mesures draconiennes.

Il s’en est suivie une période de tensions politiques entre les coalisés, période durant   laquelle Fatshi accepta de subir des « humiliations » avant de décider de s’émanciper de la famille politique de Joseph Kabila, qui a rejoint depuis l’opposition.

Il est donc passé dans l’opinion d’un Président sous tutelle de son prédécesseur à celui d’un véritable président de la République jouissant de toutes ses prérogatives. Dorénavant, il n’était plus obligé de demander l’avis de ses alliés pour prendre les  décisions les plus importantes sur la marche du pays.

Seul maitre du jeu, il s’est attaqué à l’épineuse question des contrats mal négociés sous Kabila. Des entreprises chinoises,  pour l’essentiel opérant dans le secteur minier tremblent. Les câbles diplomatiques   se multiplient entre Pékin et Kinshasa. Paris ne lâche plus le dirigeant congolais élevé depuis le début de l’année 2021 à la tête de la Présidence tournante de l’Union Africaine. Des pays africains recourent à la sagesse du Chef de l’Etat congolais pour régler leurs litiges. C’est dire que la diplomatique congolaise est redevenue éclatante. Seule grande tâche noire : les représentations diplomatiques de la RDC dans certains Etats ont frôlé le déguerpissement, faute du payement de loyers. On apprend que la situation tend à s’améliorer.

Désolations dans les provinces

Au plan interne, la première moitié du mandat de Félix Tshisekedi aura été marquée par l’instabilité des institutions provinciales. Environ 22 des 26 provinces ont vu leurs gouverneurs et/ou présidents des assemblées provinciales être destitués. Le développement à la base n’a pas été au rendez-vous. Le gouvernement central a manifestement soutenu l’anarchie dans certaines provinces.

A Kinshasa la capitale, les grands chantiers des infrastructures lancés en grande pompe dans le cadre du programme d’urgence des cent premiers jours du Président de la République se sont majoritairement soldés par un échec. C’est le cas de saut-de-mouton qui, non seulement ont été réalisés avec un grand retard par rapport à la durée initiale mais n’ont pas résolu le problème des embouteillages. Plusieurs millions de dollars ont été au passage bousillés et la population n’a jamais été véritablement fixée sur le sort réservé aux auteurs de ces détournement à ciel ouvert.

Suite à ces résultats et à d’autres à obtenir au cours de la deuxième moitié de son premier quinquennat, Félix Tshisekedi sait que ses adversaires auront beaucoup d’arguments à valoir contre lui. Il sait aussi que les seules voix de l’UDPS ne suffiront pas pour obtenir un second mandat. Il devra compter sur le soutien de ses alliés de l’Union sacrée de la Nation. Ces derniers ont-ils été consultés avant l’annonce de sa candidature ? Pas certain,  à en croire le chef d’un regroupement politique membre de l’Union sacrée,  qui lâche qu’ « on doit savoir qu’avoir le contrôle de la Commission Electorale Nationale Indépendante(CENI) et de la Cour Constitutionnelle ne suffit pas ».  Affaire à suivre.

RD44

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