La médiocrité a pris une forme humaine à l’Autorité de l’Aviation Civile de la République Démocratique du Congo(AAC/RDC). Depuis plusieurs semaines, le Président du Conseil d’Administration (PCA), Prof Sébastien Leseedjina Ikwame et le Directeur Général, Jean Tshiumba Mpunga, se traitent comme des femmes rivales.
A défaut de se voir pour échanger de coups de poing, ils se rentrent dedans au travers des correspondances administratives au style indigne des hommes de ce niveau là de responsabilité. Le comble, ces deux mandataires publics nommés par Ordonnance présidentielle ne se gênent pas d’amplier le ministre des Transports, Voies de Communication et Désenclavement, autorité de tutelle, Chérubin Okende, sa collègue du Portefeuille, Adèle Kanyinda et surtout le Président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo. Quelle ignominie!
Selon des correspondances parvenues à notre Rédaction, le PCA s’est plaint de ce qu’il considère comme la non application des décisions du Conseil d’Administration en ce qui concerne notamment la permutation de certains directeurs de l’AAC/RDC.
Dans une lettre adressée au ministre des Transports, Voies de Communication et Désenclavement, en date du 14 août dernier, le Professeur Sébastien Leseedjina Ikwame a énuméré une série de griefs en charge du Directeur Général. Il s’agit notamment de la suspension et de la permutation de certains directeurs en violation, selon lui, de la décision du Conseil d’Administration, et du recours à l’asphixie financière en guise de représailles à sa vigilance.
« Aussi, pour tenter de briser l’élan et la vigilance du Conseil dans le cadre de ses missions, la Direction Générale fait recours comme par le passé, à l’arme de l’asphyxie financière. Alors que ce comportement avait déjà été sanctionné à l’époque, toujours par Monsieur le Ministre José Makila Sumanda dans sa lettre N°1177/CAB/VPM/MIN/TC/2018 du 23 août 2018 », s’est-il alarmé.
A en croire le PCA de l’AAC/RDC, le DG Jean Tshiumba Mpunga refuserait de mettre à la disposition du Conseil d’Administration, en attendant son propre budget de fonctionnement qui n’a toujours pas été fixé ni attribué, la somme de 10.000 USD mensuellement plus une allocation mensuelle de 1500 USD aux Administrateurs en attendant la fixation définitive par un Décret du Premier ministre.
« Mais depuis plus d’une année, sans consultation et sans aucune explication valable, la Direction Générale a réduit cette somme à trois mille dollars mensuel avec un calcul surprenant et depuis près de quatre mois, plus rien n’est alloué alors qu’il y a des agents qui n’emargent pas sur ses listings et dont les salaires sont pris en charge sur ce seul fonctionnement », a-t-il précisé.
Le Président du Conseil d’administration de l’Autorité de l’Aviation Civile de la RDC a ajouté que le DG évoque « d’une manière erronée et empirique » la correspondance de l’Inspecteur général des Finances chef de service pour maintenir le conseil d’administration dans la précarité financière.
« Pire, la Direction Générale refuse de mettre à la disposition du Conseil, suivant ses obligations tel que prescrit par l’article 41 de notre Règlement Intérieur, la logistique indispensable à l’organisation de ses sessions, pour lui éviter de décider à son encontre et refuse même d’y participer, tel que ce fut le cas lors de la réunion budgétaire qui s’est tenue le 14 courant…», a-t-il enchaîné.
Et au PCA de l’AAC de conclure que « face à cette situation catastrophique et au risque de cessation d’activités du fait des sentiments d’une seule personne et de surcroît un mandataire public de la République, soumis à des obligations de réserve, de neutralité, d’équité, de loyauté et de déférence envers son Excellence Monsieur le Président de la République », il s’en remet à l’autorité du ministre de tutelle et sollicite une audience auprès de lui.
Parole à l’accusé
Deux jours avant la correspondance du PCA adressée au ministre de tutelle, le DG de l’AAC/RDC avait adressé au Président du conseil d’administration une correspondance pour répondre à une lettre qu’il lui avait adressée quelques jours plus tôt.
En effet, Jean Tshiumba Mpunga avait rejeté en bloc toutes les accusations portées contre la Direction Générale et avait à son tour porté des accusations accablantes contre Prof Sébastien Leseedjina Ikwame.
Il avait d’abord tenu à rappeler que les permutations de quelques agents de l’ACC/RDC qui ont été entreprises par la Direction Générale ont été faites pour des raisons impérieuses de service. « Elles n’ont nullement impacté négativement la carrière des personnes concernées comme vous avez souvent tendance à le faire croire aussi bien à l’opinion qu’aux concernés eux-mêmes», a-t-il lancé.
Le DG de l’Autorité de l’Aviation Civile s’est dit curieux de constater que le PCA évoque une «décision du conseil»qui d’après lui, «n’en est pas une car aucun texte juridique ne vous permet de vous susbstituer systématiquement au Conseil d’Administration qui est un organe collégial régi par un Règlement Intérieur, en faisant malicieusement croire que votre avis personnel sur un dossier est devenu un décision du conseil. »
En clair, le DG considère que la prise de position du PCA faite dans son mot dit « mot du président » lors de la réunion du Conseil d’Administration, ne faisant l’objet d’aucun commentaire, ne peut être considéré comme une décision du conseil.
Plus loin, le DG a en substance, traité le PCA d’improductif et de manque d’initiatives. « Personne, alors personne ne vous a jamais vu prendre une initiative objective dans le sens de rencontrer ni le Chef de l’État, ni le Premier ministre encore moins les ministres sectoriels en charge des Transports, Voies de communication et du Désenclavement et du Portefeuille, afin de lui parler des problèmes existentiels et substantiels de l’aviation civile de notre pays…», a asséné Jean Tshiumba Mpunga.
D’une accusation à une autre, il a taxé le PCA d’avoir instauré de l’incurie administrative à l’AAC.
« Enfin, dois-je comprendre que toutes les initiatives que je prends, en ma qualité de gestionnaire au quotidien de l’AAC/RDC, doivent systématiquement rencontrer votre opposition, même si sur bien des cas dans le passé, le résultat sur le terrain a bien fini par avoir raison de vous » lui-a-t-il demandé.
Ne s’avouant pas vaincu, le PCA a répliqué en lui adressant une autre lettre sur laquelle nous reviendrons plus tard.
ALT./LJL