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Éruption volcanique : L’Assemblée nationale s’accuse en interpellant le ministre de la RSIT

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Sauf changement de dernière minute, le Ministre de la Recherche scientifique et innovation technologique, José Mpanda, se présente devant les députés nationaux, ce mercredi 9 juin 2021 au Palais du peuple. Il doit répondre à l’interpellation de l’élu de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa, à la suite de l’éruption du volcan Nyirangongo le 22 mai 2021. Ce dernier lui reproche la défaillance délibérée dans la surveillance du volcan.

Pourtant, des scientifiques tant nationaux qu’internationaux ont dédouané le ministre de la RSIT en démontrant que le volcan Nyirangongo n’a donné aucun signe précurseur avant sa dernière éruption. A quel jeu joue donc l’Assemblée nationale ? Tentative de réponse.

Le Député national Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa a interpellé le ministre José Mpanda à la suite de l’éruption volcanique de Nyirangongo pour obtenir de lui les réponses aux cinq questions ci-après : Primo, quel est le diagnostic actuel de l’OVG au regard des défis de la surveillance permanente des volcans et du gaz méthane du lac Kivu ? Secundo, qu’en est-il des détournements de 50% des salaires des agents de l’OVG depuis le mois de juillet 2013 jusqu’à ce jour ainsi que l’inadéquation entre le nombre d’agents sur les listings de l’OVG et l’effectif prévu au budget de l’Etat ? Tertio, quel est le volume des fonds reçus des partenaires extérieurs et comment ont-ils été gérés pour justifier l’état morbide de l’OVG à ce jour ? Quarto, quelles sanctions avaient été réservées aux gestionnaires malveillants de l’OVG en réponse aux multiples alertes des agents ? Et quinto, quel est le plan du gouvernement pour assurer une prise en charge autonome de fonctionnement et de l’investissement de l’OVG en vue de prévenir les risques permanents que courent les populations riveraines des volcans et du gaz du lac Kivu ?

Les scientifiques ont tranché

Au regard des explications fournies par les scientifiques nationaux et internationaux qui ont tous parlé de la particularité du volcan Nyirangongo qui, cette fois-ci, n’a pas donné de signes précurseurs avant de cracher sa lave, la responsabilité du Ministre de la RSIT n’est pas à établir.

Lire l’article Éruption volcanique et Covid-19: José Mpanda cogite avec la communauté scientifique.

D’où déjà avec les explications claires du grand et célèbre volcanologue belge, Benoît Smets, la plénière de l’Assemblée nationale du mercredi 2 juin dernier, estiment plusieurs analystes, devait déclarer inopportune l’interpellation du ministre. Mais malheureusement 270 députés sur 320 présents à cette plénière ont fait fi des explications claires de ce scientifique de renommée internationale, préférant que le ministre passe par devant eux pour s’expliquer. Ce qui sera fait ce jour.

( Lire également l’article Bien que dédouané par des volcanologues: José Mpanda interpelé à l’Assemblée nationale )

Certes, c’est un exercice démocratique qui relève de leurs prérogatives. Seulement, tout en déplorant la perte des vies humaines de compatriotes et les dégâts matériels importants causés par ce désastre naturel, le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi, et se basant sur les données des scientifiques nationaux et internationaux dont Benoît Smets, avait tranché dans sa récente conférence de presse tenue samedi 29 mai que cette catastrophe naturelle qui a surpris tout le monde n’était pas à mettre sur le dos de qui que ce soit.

Et le député national Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa qui a participé, ce mardi 08 juin, à la journée scientifique organisée par le ministère de RSIT et qui a suivi religieusement les exposés de différents professeurs experts en matière volcanologique, devrait être certainement édifié et avouer que sa démarche est inopportune, à moins qu’elle soit politique et politicienne. Et si c’est le cas, peut-on réellement se servir d’une catastrophe naturelle pour régler des comptes politiques à un ministre ?

Se tirer une balle dans le pied

Qu’à cela ne tienne, avec cette interpellation du ministre José Mpanda, visiblement l’Assemblée nationale qui est l’autorité budgétaire, se tire une balle dans le pied et risque de se ridiculiser. Non sans raison, les élus du peuple dans le vote de la loi financière, n’ont jamais accordé une importance au secteur de la recherche scientifique.

En effet, alors que l’UNESCO et la SADC exigent aux pays membres d’avoir ne fût-ce que 1% dans leurs budgets nationaux consacré à la recherche scientifique, la RDC n’a jamais atteint cette quotité.

Notez qu’à l’arrivée du ministre Mpanda en septembre 2019, la part réservée à la recherche scientifique dans le budget national évalué à au moins 5 milliards USD, était de 0,41%. Malgré sa demande et ses observations, cette quotité à été réduite à 0,29% dans le budget de 2020 arrêté à 10 milliards USD puis rabattu à 6 milliards USD. Avec la pandémie de la Covid-19 qui a vu les scientifiques congolais s’impliquer malgré les maigres moyens financiers mi à la disposition de leur ministère de tutelle pour arriver à trouver certains protocoles capables de soigner cette maladie, la quotité de la recherche scientifique a été remontée à 0,59% dans le budget de 2021. Quelle mauvaise foi!

Bien plus grave, une chose est d’avoir fixé cette quotité, une autre est de la disponibiliser. Selon les données du ministère du Budget, la quotité fixée n’a jamais été mise à la disposition du ministère de la Recherche scientifique et innovation technologique. Pourtant, cette quotité englobe les frais de fonctionnement dudit Ministère et du Secrétariat général mais aussi de toute la trentaine de centres de recherche sous sa tutelle.

Ce qui fait que depuis sa création, l’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG) n’a jamais été complètement et adéquatement pris en charge par l’Etat congolais. Les Partenaires étrangers qui interviennent pour la surveillance du volcan Nyirangongo, notamment la Banque mondiale et le Japon, gèrent leurs fonds et ne font pas rapport au gouvernement congolais.

Ainsi, le DG de l’OVG, Prof Dr Adalbert Muhindo a tenu à souligner, lors de son exposé à la conférence organisée ce 8 juin par le ministère de la RSIT, que « plus on s’éloigne d’une crise, moins il y a de l’intérêt à l’OVG », qui dépend essentiellement de l’aide des partenaires.

Avec ce tableau bien peint, que peut-on reprocher à un ministre dont le secteur apparaît le cadet de soucis des députés nationaux qui n’y mettent pas assez de moyens, mais qui s’est battu depuis sa présence à la tête de ce ministère pour lui donner une certaine visibilité ? Au lieu de le sanctionner, ce qui pourra créer politiquement un déséquilibre au sein de l’Union sacrée de la nation dont son regroupement ADRP se positionne comme 4ième force politique, les députés nationaux devront se remettre en cause et penser dans le budget prochain d’accorder beaucoup d’importance à la recherche scientifique qui est le socle de développement de tout pays qui veut émerger.

Agir autrement prouverait que l’Assemblée nationale cherche un bouc émissaire pour camoufler sa négligence à doter certains secteurs clés de la vie nationale d’un budget adéquat. Affaire donc à suivre.

RD44

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