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Tueries de Kakenge: La version peu convaincante d’Evariste Boshab

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Soupçonné de soutenir les auteurs présumés des attaques qui ont fait neuf morts le 30 janvier dernier dans la cité de Kakenge dans la province du Kasaï,  l’ancien Président de l’Assemblée nationale se défend de toute son implication. Évariste Boshab a rompu le silence en donnant  un point de presse hier 6 février 2018 au cours du quel il s’est aligné du côté des victimes  et affiché une attitude de deuil.

C’est un Boshab nerveux et dans tous ses états qui s’est présenté devant la presse dans la salle de conférence de l’Hôtel Invest acquise à sa cause car pleine de ses sympathisants. Durant une dizaine de minutes, il a fourni des explications sur le déroulement des événements qui ont entrainé mort d’hommes dans son territoire natal de Mweka.

Pour lui, ces tueries sont une des conséquences d’un double conflit foncier et coutumier opposant d’une part le Chef Kalamba du groupement Tshiofa et un nommé Papy et de l’autre, le même Chef Kalamba au Chef Buloba. Ce sont ces deux conflits qui selon lui, ont créé la tension dans laquelle se sont mêlés d’anciens miliciens Kamuina Nsapu qui se sont réfugiés dans cette partie de la province du Kasaï.  De là dire qu’il s’agit d’un conflit tribal, Boshab ne veut en entendre parler et invite ceux qui l’accusent d’être le tireur de ficelles de ce conflit de le confronter devant la justice. « Je mets quiconque au défi d’établir la relation de parenté qui aurait entre cet Administrateur de territoire (NDLR: AT de Mweka, Pembe Longo dont on dit qu’il est l’un des lieutenants de Boshab) et moi. Il a son village, j’ai le mien. Est-il interdit parce qu’il travaille qu’il soit AT ? », a-t-il vociféré.

Alors que des témoins affirment qu’à la veille du déclenchement de ces violences, certains de ses proches auraient tenu des propos menaçants et remis un drapeau du PPRD et une  somme importante d’argent au chef  Kalamba, aujourd’hui rebelle, Evariste Boshab a joué  la victimisation. « Si vous ne le savez pas, Kakenge c’est chez moi, c’est mon secteur, c’est chez moi monsieur. Comment je peux être juge et partie ? Et moi je peux vouloir que les miens puissent mourir ? Monsieur, l’enseignant qu’on a décapité c’est un beau fils à moi. Il est marié à la fille de ma sœur, c’est chez moi. De quoi parlez-vous monsieur ? Je suis choqué, même scandalisé. Excusez-moi, mais je reste humain. Tous ces drames se déroulent chez moi. Moi j’ai ma conscience tranquille, il n’y a aucun conflit d’intérêt ici », a-t-il clamé en réponse à une question d’un journaliste qui l’a interrogé sur le possible conflit d’intérêt dans la situation qui prévaut actuellement dans le Kasaï.

Moi, moi…vraiment innocent ?

Au moment de répondre à d’autres questions relatives à sa supposée implication dans ce qui se passe dans le Kasaï, celui qui était Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité au moment du déclenchement des atrocités des miliciens Kamuina Nsapu s’est montré évasif et agité. « Moi je vous ai donné les faits tels qu’ils se sont déroulés. Je ne sais pas si dans ces faits vous avez retrouvé mon nom. Ou si vous préférez suivre les chants de sirène puisque ces chants-là  sont séducteurs, mais vous savez où ils vous amènent. C’est un naufrage!», a-t-il déclaré.

L’ancien Secrétaire général du PPRD est allé  jusqu’à renvoyer ceux qui le soupçonnent de soutenir un chef  accusé d’avoir ordonné ces tueries, au Chef de l’Etat qui l’a nommé. « Dans tous les cas, moi je ne signe pas les ordonnances. Je souhaite que vous puissiez poser la question au Président de la République,  pourquoi il l’a nommé. Moi Evariste Boshab, je vais signer une ordonnance en quelle qualité ? », a-t-il lancé.

Il faut dire que c’est depuis le mois d’octobre dernier que la situation sécuritaire se détériore de plus en plus dans la province du Kasaï suite entre autres au conflit entre les Chefs Kumu Shakobe et Kalamba Dilondo dans le groupement Mpiang Matadi.  Elle a dégénéré fin janvier dernier quand, selon plusieurs sources locales, des miliciens armés de calibres 12 et des armes blanches ont tué cinq personnes au village Bata Ishama situé à 12 Km de Kakenge avant que quatre autres personnes ne soient tuées quelques heures plus tard dans cette cité.

Jean Perou Kabuira    

 

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