D’où viennent les éleveurs des vaches qui se sont installés dans la Province du Kwango et celle du Kwilu dans l’Ex-Bandundu? Les voiles se lèvent petit à petit sur ce dossier qui a fait couler beaucoup d’encres et de salives ces derniers jours. Des témoignages recueillis sur place donnent de plus en plus de précision sur la provenance et les raisons de ces bétails. Selon plusieurs sources, ils viendraient d’Uvira dans la province du Sud Kivu et seraient passés par Mbuji-Mayi via Kalemie.
Tout serait parti de 2015, lorsqu’un troupeau de plus de 250 vaches a transité par le Kwango vers la ferme présidentielle de Kingakati. « A l’époque, on nous avait expliqué que ces vaches appartenaient au Chef de l’Etat qui les avaient achetées en Tanzanie afin de les amener dans sa ferme. Depuis lors, tous les troupeaux qui passent par chez nous sont considérés comme appartenant au Chef de l’Etat et par conséquent, personne ne prend le courage de les intercepter », raconte un habitant de Kwango.
Il poursuit que c’est à partir du 26 décembre dernier vers 8 heures du matin, que quatre troupe de 150 têtes chacune sont arrivées à Kwango avant de s’installer séparément à Kenge, Feshi, Panzi et Kahemba. « Huit autres troupes, tous n’ayant aucun document juridique ont suivi. Ce sont des vaches d’une autre race que celle élevée dans le Kwango », ajoute-t-il.
Un éleveur interrogé affirme avoir signé un contrat de location de terre de pâturage d’un an avec un chef de terre basé à Ngwandi, en échange d’une vache. Mais dans son témoignage, il assure que le but de son déplacement n’est pas de s’installer dans cette partie du pays mais de vendre ses bétails et retourner chez lui. Avec un français approximatif, il indique que depuis qu’il s’y trouve, il a vendu plusieurs de ses vaches tout en écartant pas l’hypothèse de rentrer à Kalemie pour s’approvisionner au cas où la demande augmenterait.
Ce discours est loin de rassurer les autochtones de Kwango qui crient à l’envahissement de leur terre pour de visées politiques. « Nous gardons encore les mauvais souvenirs des horreurs que nous avons vécu en 1997 à cause de l’ignorance. Nous ne pouvons pas accepter que des gens qui ne parlent pas notre langue viennent s’installer chez nous sans aucun document juridique et nous arrachent nos terres pour élever des vaches alors que nous, nous vivons essentiellement de l’agriculture », fustige un enseignant.
Comme lui, tous les habitants du Kwango s’inquiètent de la présence de ces éleveurs et exigent que les autorités nationales et provinciales trouvent une solution immédiatement. « Il n’y a pas qu’ici où on peut élever des bétails. Qu’ils rentrent d’où ils viennent », tonne un jeune étudiant de l’Institut Supérieur Technique de Kenge. Il promet de mobiliser d’autres jeunes pour dit-il, « chasser ces envahisseurs si les autorités compétentes continuent à garder le silence ».
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