Home Politique Christine Amisi: « La vision de la Fondation Panzi est de faire de la femme actrice à part entière dans une société où règne la cohésion sociale »

Christine Amisi: « La vision de la Fondation Panzi est de faire de la femme actrice à part entière dans une société où règne la cohésion sociale »

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Secrétaire Exécutive de la Fondation Panzi, organisation qui s’occupe essentiellement des femmes, Christine Amisi a exprimé les attentes de femmes, à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, célébrée le 8 mars 2021.

Dans une interview accordée à la presse, la dirigeante de la fondation créée par le Prix Nobel de la Paix, Dr Denis Mukwege, a indiqué que la vision de la Fondation Panzi est de faire de la femme actrice à part entière dans une société où règne la cohésion sociale.

Alternance.CD: Madame Christine Amisi bonjour! Vous êtes la Secrétaire Exécutive de la Fondation Panzi, organisation qui s’occupe essentiellement des femmes. Nous sommes aujourd’hui le 8 mars, journée internationale de la lutte pour les droits de la femme. Quelles sont les vraies attentes de la Femme de Panzi?

Christine Amisi : Merci pour la question. Pour les femmes exerçant a la FP, ce jour du 8 mars, est un jour de réflexion sur le statut et la situation concrète des femmes dans notre société.

Je dirai plus, cette journée est un moment important où, nous pouvons jeter ensemble un regard rétrospectif sur notre parcours sur le chemin de droits et de devoirs des femmes. Un moment pour évaluer ce qui a marché et les chantiers qui restent à lancer ou à achever. Les femmes doivent réclamer l’application de la constitution qui garantit l’égalité femme-homme.

Le thème de cette année 2021 est : « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». Ce thème choisi par ONU/FEMME, cadre-t-il avec les attentes des femmes meurtries à l’EST du pays et que vous avez le dur labeur de soigner physiquement et mentalement ?

Le thème est pertinent. La vision de la Fondation Panzi est de faire de la femme actrice à part entière dans une société où règne la cohésion sociale.
Comme le thème choisi le montre, cette année pourrait contribuer à jeter de la lumière sur les discriminations dont sont malheureusement encore victimes les femmes dans notre société et les moyens de les éradiquer.
Pour les femmes de l’Est de notre pays que nous prenons en charge sur le plan médical, physique et psychologique, ce thème vient encore renforcer pour lever les voix plus haut, nous soutenir les unes des autres,
Nous devons penser à toutes ces femmes qui n’ont pas le cœur à la réflexion d’aujourd’hui parce qu’elles portent le poids des souffrances de toutes sortes : précarité de la vie, violences, enfants non scolarisés, impuissance devant les difficultés de la vie, etc. Regardons autour de nous et essayons de redonner le sourire à l’une d’entre elles, alors la fête sera au rendez-vous (peut-être).

La lutte pour les droits de la Femme est-elle dissociable de la paix dans le monde et surtout en République Démocratique du Congo ?

Sacrifier la justice sur l’autel de la paix? Il est donc illusoire de négocier pour la paix, pourtant les bourreaux ne répondent pas de leur crime. Il est donc impensable qu’il y ait la paix sans justice, ce que ces femmes demandent c’est la justice et la réparation pour construire une paix durable. Notre leader, le prix Nobel de la Paix 2018, l’a souligné à Oslo dans son speech : « Comment construire la paix sur les fosse communes? Comment construire la paix sans vérité ni réconciliation?Comment construire la paix sans justice ni réparation? ».

La lutte pour les droits de la Femme n’est-elle pas devenue juste un combat plus intellectuel qu’ humain pour ces femmes qui n’ont pas été à l’école, pour nos mamans de Panzi qui ne demandent que beaucoup plus de respect et d’humanité dans le traitement de la Femme et de sa condition?

Non, ce n’est pas seulement un combat d’intellectuels, mais un combat de dignité et d’humanisme qu’elles soient rurales ou urbaines, intellectuelles ou pas. L’Est de la RDC a plus de 20 de déstabilisation. Le viol y est utilisé comme arme de guerre.
Les viols collectifs, publiques avec torture et esclavage, les viols collectifs, viols avec extrême violence, sans tenir compte de l’âge, démontrant tout simplement que ce n’est pas un plaisir, mais le viol est utilisé comme arme de guerre, typique à une guerre classique sans coût. Avec comme conséquence le déplacement massif de la population, la réduction démographique, la destruction économique, la destruction du tissus social, car nous ne pouvons plus nous organiser. Pourtant, le respect des droits de la femme constitue une force pour toute nation. Tous ces viols nuisent aussi bien la femme et entravent le développement de notre pays et de notre planète.
Ainsi Panzi soigne plus les conséquences des atrocités humaines par une prise en charge holistique pour restaurer la dignité perdue.

L’écrivain allemand Oscar Ernest Bernhardt disait de la Femme: « De plus, elle est richement pourvue de possibilités illimitées qui lui permettent d’exercer son influence sur le peuple entier, et même sur l’ensemble de la post création. La maison et le foyer sont pour elle le point de départ de sa plus grande force! C’est uniquement là que réside sa force, son pouvoir illimité, et non dans la vie publique! Dans son foyer et au sein de sa famille, ses facultés font d’elle une reine. À partir du foyer paisible et intime, elle exerce une action décisive sur l’ensemble du peuple, présent et à venir, et son activité pénètre tout ». Nous vivons des injustices contre la gente féminine depuis belle lurette. Ne faudrait-il pas revenir aux fondamentaux de l’éducation et de la sociologie dès le foyer pour éviter ces injustices ? Chaque garçon bien éduqué depuis le berceau si pas le ventre respecterait mieux la Femme n’est-ce pas ?

Les prémices sont mal lancées, car au 20 ème siècle, on ne peut pas se passer de l’intellect féminin pour développer la société.
Si les femmes vont à l’école, ce n’est pas pour la cuisine, mais bien plus pour la participation active au développement de la société.
La prévention des inégalités, y compris les violences basées sur le genre passe par l’autonomisation de femmes, de les mettre en sécurité, les éduquer, qu’elles soient en bonne santé, qu’elles aient le contrôle de leur corps pour ne pas appartenir à quelqu’un( elles ne sont pas des objets, mais des humains comme les hommes)

Que serait le thème que la Fondation Panzi du Docteur Denis Mukwege portera un jour ou à jamais pour le respect et le droit de la Femme ?

« La reconnaissance des droits des femmes : justice et réparation , pour un État de droit contre les crimes de guerre, crime contre l’humanité et même les crimes de génocides commis en RDC»

Madame Christine Amisi, quel est votre vœu pour ces femmes du monde entier et particulièrement celle de Panzi, victimes de la barbarie humaine?

Je soutiens la vision globale du Dr Mukwege, qui est celle de faire de la RDC un État de droits, émergent, capable d’entrainer un développement durable et harmonieux non seulement de la RDC, mais de toute l’Afrique où toutes les actions politiques, économiques et sociales sont centrées sur l’homme pour restaurer sa dignité. Merci.

Interview réalisée par J.A.K.

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