L’affaire commence à faire des bruits dans l’opinion. Au cours d’un de ses shows, le présentateur vedette de l’émission « Bosolo na Politike », Israël Mutombo, a fait état de la détention par certains anciens ministres, des cartes visas qui leur donneraient accès au Trésor public. Alors que des commentaires vont dans tous les sens, des informations recoupées de plusieurs sources par alternance.cd confirment en partie que certaines personnalités citées par le confrère auraient détenu, à une certaine époque des cartes visas.
Mais rien ne permet de confirmer ses allégations de détournement de l’argent du trésor public par certains anciens détenteurs de cartes visas. Voici la vérité en douze points sur cette affaire.
- Les us et coutumes de par le monde entier assignent aux ministres des affaires étrangères et des finances de piloter les relations extérieures dans le sens des intérêts du pays.
Le premier sur le plan politique, et le second du point de vue des finances et de l’économie; - Pour parer aux plus urgentes dépenses liées notamment au payement des billets, hôtels, dîners avec les partenaires et autres, ils ont droit à des cartes visas, des cartes prépayées avec des montants précis (oscillant entre 20 et 40.000 USD mensuels);
- Ces cartes visas sont prépayées par les banques centrales des Etats. Pour le cas de la République Démocratique du Congo, ces cartes sont payées par la Banque Centrale du Congo(BCC) et ne sont donc pas liées au compte général du trésor contrairement aux affirmations du journaliste Israël Mutombo;
- Avec ces cartes visas, le Ministre des Affaires étrangères et son collègue des Finances peuvent effectuer des réguliers et fréquents déplacements à l’étranger sans se poser des questions sur leur prise en charge ;
- Dans beaucoup de pays, entre autres l’Afrique du Sud, la Tanzanie, le Maroc ou encore le Madagascar et la RDC, les officiels habiletés à détenir ces cartes sont entre autres, le ministre des affaires étrangères, le ministre de la coopération, le Ministre des finances et le Gouverneur de la Banque Centrale ;
- Ces cartes visas ne sont utilisées qu’à l’étranger, pas au pays;
- Les cartes dont il est question actuellement en RDC ont été acquises par la BCC, en laissant des provisions auprès de la Rawbank;
- Comme indiqué plus haut, ces pratiques sont courantes dans tous les pays du monde, et même auprès de certaines institutions internationales comme la Banque mondiale et le FMI;
- Chaque mois, l’utilisation de ces cartes doit faire l’objet de justification avant qu’elles soient renflouées éventuellement;
- En RDC, c’est une tradition qui remonte à l’indépendance du pays.
Tous les ministres des affaires étrangères, des finances et les Gouverneurs de la Banque centrale ont toujours bénéficié de ces cartes;
10. Plus récemment, les deux plus grands utilisateurs de ces cartes étaient la Ministre d’État sortante aux affaires étrangères et le Ministre d’Etat sortant à la Coopération. Ce, parce qu’ils ont effectué plusieurs déplacements à l’étranger ;
- Selon des sources de votre média en ligne, le ministre sortant des finances aurait eu recours à cette carte à deux reprises : lors de la mission au cours de laquelle il a accompagné le Chef de l’Etat à la Banque mondiale et au FMI à Washington DC, et lors de la mission des assemblées annuelles de ces deux institutions de Bretton Woods tenues en novembre 2019 toujours à Washington DC. Aux dernières nouvelles, sa carte serait restée avec un solde que la Rawbank aurait reversé à la BCC.
Selon Jean-Pierre Alumba, expert international qui a travaillé notamment avec le Gouvernement Sud-africain, les détenteurs de ces cartes visas ne doivent pas en abuser car, à la fin de chaque mois, ils doivent justifier, avec des pièces à conviction, l’utilisation qu’ils en ont faites.
En plus, quand ils quittent leurs fonctions, ils doivent restituer ces cartes. Sinon, la Banque Centrale peut carrément les désactiver. C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre une lettre de l’actuel ministre des Finances adressée au Gouverneur de la BCC demandant l’annulation des cartes de crédits.
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