Quelle devrait être la stratégie de la RDC pour s’imposer véritablement sur le marché des batteries, qui représente actuellement un enjeu économique et stratégique dans l’industrie automobile ?
C’est l’une des questions qui ont été centre d’une conférence de réfléxion organisée ce samedi 04 décembre 2021 par le Réseau ecclésial de la Forêt du bassin du Congo (REBAC), du Centre Arrupe pour la Recherche et la Formation (CARF-Lubumbashi) et le Centre d’Études pour l’Action Sociale (CEPAS). Principal intervenant, le Père Jacques Nzumbu, Docteur en Sciences politiques de l’université de Québec et chercheur au CARF-Lubumbashi, a démontré comment la République Démocratique du Congo peut devenir leader mondial en la matière, en offrant des batteries éthiques, durables, économiques et environnementales.
Il a fourni des pistes de solutions devant aider le pays notamment à mettre en place une chaîne de valeur intégrée ou autonome.
Aucun doute n’est à ce jour permis sur le fait que la demande mondiale en batteries en GWh devrait être multipliée par 10 entre 2020 et 2030 et que la batterie représente entre 30% et 40% du prix d’un véhicule électrique.
Contrairement aux résolutions du Forum RDC-Afrique Business, organisé récemment à Kinshasa, qui préconisent que d’autres pays africains apportent leurs matières premières et technologiques afin de produire une chaîne des produits africains, Jacques Nzumbu soutient que la RDC gagnerait plus en construisant une industrie qui intègre la fabrication des précurseurs et d’autres étapes de la fabrication des batteries.
Ce chercheur a affirmé haut et fort que la RDC peut effectivement devenir un pays solution.
« Mais, a-t-il expliqué, à condition de bâtir, elle-même, d’une manière indépendante et intégrée, une chaîne de batteries qui soit autonome. Une chaîne de batteries où on produit, entre autres, des cuivre, cobalt, lithium, le graphite etc ».
Le Père Jacques Nzumbu a révélé que la RDC est capable de produire, de transformer légèrement les produits miniers jusqu’ à rassembler les batteries.
« Plus tard, envisage-t-il, cette chaîne de batterie peut se lancer dans la production d’une politique des véhicules électriques et même le stockage d’énergie en République démocratique du Congo ».
A l’en croire, il est possible de faire une chaîne de valeurs qui soient intégrées en lieu et place de dépendre des autres pays africains.
« Ma conférence voulait réfléchir autrement par rapport à celle qui a eu lieu il y a quelques jours, qui voulait qu’on fasse une batterie avec plusieurs pays africains dont la RDC ne gagnerait presque rien seulement la production première qu’on appelle les précurseurs. Il est important de ne pas faire des erreurs de penser comment se lancer dans Africa Business », a-t-il renchéri.
Il a martelé sur le fait le précurseur en matière économique et financière ne pèse pas aussi lourd que les batteries comme telles.
C’est dire que la RDC aura à fournir, outre les matières premières sur place et de l’énergie hydrauélectrique, beaucoup d’efforts comme Etat mais, en retour, l’industrie qui va permettre de faire des précurseurs ne va pas apporter beaucoup à l’économie congolaise.
Que gagnerait la RDC seule ?
Le Père Jésuite Jacques Nzumbu Mwanga a repondu qu’avec une chaîne de valeur intégrée, sans carbone, la RDC peut créer beaucoup d’emplois parce qu’il y aura plusieurs étapes dans la fabrication des batteries.
Du coup, le pays sera indépendant des autres pays africains et deviendrait de facto une puissance électrique comme tant d’autres.
Nécessité d’un cadre juridique
« Nous proposons que le Parlement légifère une loi sur les batteries qui va réglementer l’accès et la production de toute la chaîne des batteries. Sinon, nous risquons de perdre la main mise sur les batteries, comme autrefois », a lancé le conférencier.
En effet, il est temps de faire une conjonction des forces entre l’industrie minière, les politiques minières et les politiques universitaires au Congo dans la gestion de demain. Autrement dit, il y a nécessité d’orienter comment la RDC, par exemple, peut exploiter ses mines en fonction de la vision et les données qui sont disponibles pour les batteries et l’économie verte de cinquante ans à venir.
Le père Jacques Nzumbu considère que ça ne sert à rien d’épuiser autant de tonnes de cuivre, cobalt, manganèse, lithium pour une économie qu’on ne maitrise pas dans les jours à venir. Il faudra, insiste-t-il, des recherches scientifiques dans les laboratoires si l’on veut être autonome pour l’intérêt des générations futures.
J. Ntambwe