Alors que le nouveau leadership de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) s’organise en interne avant de lancer la préparation des élections générales prévues en décembre 2023, une frange de l’opposition, en l’occurrence le duo Martin Fayulu- Adolphe Muzito appelle à des contestations populaires. Entre temps, dans le camp présidentiel et celui de Moïse Katumbi, on se prépare sérieusement pour affronter ces élections. Au Front Commun pour le Congo (FCC) aussi, les préparatifs vont bon train.
Ils sont pourtant présents dans les médias mais restent peu visibles sur le terrain. A deux ans de la tenue des élections en RDC, les opposants Fayulu et Muzito ont sérieusement perdu du terrain.
A la tête d’un parti politique, Engagement pour la Citoyenneté et le développement (Ecide), qui peine à s’implanter à travers le pays, le premier semble vivre au passé, en espérant bénéficier du même soutien sans effort qu’en 2018.
Le second semble lui damer des pions dans leur fief naturel du Grand Bandundu où son parti politique, Nouvel Élan est implanté par des équipes dépêchées depuis Kinshasa.
L’UDPS reprend son leadership dans le district de la Tshangu
Dans le reste du pays, les formations politiques du duo Fayulu-Muzito ont encore du chemin à parcourir pour espérer concurrencer d’autres partis politiques bien implantés.
Même dans le district populaire de la Tshangu à Kinshasa, naturellement farovable à l’opposition, l’Ecide et le Nouvel Élan peinent à mobiliser. Ce, alors que l’UDPS que l’on croyait perdre du terrain dans la capitale est revenue à force et a récupéré son leadership.
Au centre du pays, le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi a, grâce à sa tournée dans le Grand Kasaï, littéralement bétonné son électorat du Kasaï-Oriental, Kasaï, Kasaï-Central, Lomami et Sankuru.
Dans le Grand Équateur, les jalons de sa victoire sont posés par les leaders de la contrée, notamment Jean-Lucien Bussa, qui y a récemment effectué une tournée de mobilisation en sa faveur.
Dans le Grand Kivu, la libération de Vital Kamerhe aura convaincu beaucoup d’habitants autrefois peu favorables à Fatshi, à lui refaire confiance. A cela s’ajoutent le poste juteux de Président du Sénat offert à Bahati Lukwebo et la reconduction de Julien Paluku au ministère de l’Industrie dans le gouvernement Sama Lukonde.
De son côté, Moïse Katumbi pousse petit à petit ses pions dans l’ex-Province Orientale où il a lancé officiellement son parti politique, Ensemble pour la République, dans la ville de Kisangani, en présence de plusieurs milliers de personnes.
Seule région encore très disputée, le Grand Katanga oscille entre l’Union sacrée de la Nation et le FCC, qui n’a pas encore été totalement déboulonné dans le bastion de son Autorité morale, Joseph Kabila.
Un aveu d’échec avant le match?
Visiblement conscients de leurs difficultés à mobiliser la population en 2023, Martin Fayulu et Adolphe Muzito auraient choisi de polluer le processus électoral en chiant sur la CENI.
En effet, les leaders de la Lamuka invitent les partenaires traditionnels de la République Démocratique du Congo à s’ingérer au choix des animateurs de la Centrale électotale et à son fonctionnement.
C’est en tout cas le sens de leur déclaration du lundi 10 janvier 2022, à travers laquelle ils ont fustigé la nomination de Mabiku Totokabi au poste de Secrétaire exécutif national de la Commission Électorale Nationale Indépendante.
« Après avoir illégalement nommé ses hommes à la Cour Constitutionnelle, il{ndlr le chef de l’Etat Félix Tshisekedi} s’emploie maintenant à s’assurer le contrôle total de la CENI en plaçant les membres de son parti UDPS, aux postes de Président, de Rapporteur et de Secrétaire Exécutif National de cette institution voulue indépendante par la constitution. Face à la gravité de la situation, Lamuka attire l’attention de l’Union Africaine, de l’Union européenne, des États-Unis et du Conseil de Sécurité des Nations-Unies sur l’évolution dangereuse du processus électoral en RDC et leur demande de se saisir urgemment du cas afin de prévenir tout chaos qui résulterait de ces provocations et sauver un processus électoral voulu impartial et apaisé pour le peuple congolais », ont déclaré les présidents de l’Ecide et de Nouvel Élan dans un communiqué.
Jean Pérou Kabouira