La retraite politique anticipée que l’on avait tant promise aux anciens barons du régime de Joseph Kabila n’aura finalement pas lieu. Petit à petit, les anciens dignitaires du Front Commun pour le Congo (FCC) se réinstallent au sein de l’appareil politique congolais. A l’opposé, des cadres de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), embourbés dans des guerres intestines de positionnement, perdent du terrain à l’Union sacrée de la Nation. Félix Tshisekedi serait-il tombé dans un piège ?
Lundi 24 janvier 2022, les leaders des regroupements politiques membres de l’Union sacrée de la Nation se sont réunis autour des chefs des institutions de la République, à savoir le président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso N’Kodia, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde et le président du sénat, Modeste Bahati Lukwebo.
Que d’anciens barons du FCC présents à cette réunion ! D’ailleurs, c’est l’ancien Porte-parole du gouvernement sous Kabila, Lambert Mende Omalanga, qui a pris la parole, pour faire devant la presse, un résumé des échanges entre participants.
Il a déclaré notamment qu’ « il a été convenu, après avoir analysé brièvement ce qui se passe maintenant dans le pays, que les chefs des regroupements politiques de l’Union sacrée de la nation puissent se décider d’exprimer en cette circonstance, leur attachement à son Excellence Monsieur Félix Tshisekedi à qui ils ont souhaité également les vœux de bonheur, de prospérité, de longévité, et de succès pour l’an 2022 ».
La vigilance…
Dans les rues de Kinshasa et sur les réseaux sociaux, ça se dit que l’autorité morale de la Convention des Congolais Unis(CCU) serait nommé porte-parole de l’Union sacrée de la Nation.
Même si aucune décision n’a été prise dans ce sens, personne ne peut contester à Lambert Mende le droit de parler au nom de la majorité parlementaire dont on sent de plus en plus un déficit criant de communication.
D’autres anciens proches de l’ancien Chef de l’État ont réussi à se faire une bonne place dans l’actuel régime et en sont même devenus des incontournables comme aux plus vieux temps. Certains auraient apporté leur expertise pour éloigner Jean-Marc Kabund de la Cour de Fatshi.
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Ce qui préoccupe une certaine opinion, c’est la coïncidence entre le retour à force d’anciens collaborateurs de Joseph Kabila et le conflit qui a éclaboussé l’UDPS.
Ce conflit que l’on savait latent a pris une allure inquiétante depuis le début des ennuis du président ai du parti présidentiel, Jean-Marc Kabund, qui a annoncé sa décision de démissionner du poste de premier Vice-président de l’Assemblée nationale, après une expédition punitive des éléments de la Garde Républicaine dans sa résidence de Kingwaba.
A la suite de cette annonce faite sur Twitter, le « maître nageur » a été désavoué par les députés nationaux et provinciaux ainsi que plusieurs fédérations de l’UDPS, qui demandent sa destitution de la présidence du parti.
Curieusement, c’est en ce moment que les choses s’accélèrent au sein de l’Union sacrée de la Nation.
D’ailleurs, Lambert Mende a annoncé l’adoption d’un calendrier de travail pour assurer les travaux au sein de l’Union sacrée de la nation.
Certes, le Secrétaire Général de l’UDPS, Augustin Kabuya a pris part à cette réunion à laquelle ont participé également Jean-Pierre Bemba et Olivier Kamitatu, pour le compte respectivement du MLC et de Ensemble pour la République de Moïse Katumbi.
Mais la question que l’on peut se poser logiquement est de savoir ce que vaut Kabuya face aux grands chefs de la Kabilie.
Aussi, le fait qu’ils se retrouvent majoritaires à l’Union Sacrée de la Nation et à la plénière du bureau de la CENI pourra inspirer d’autres calculs, s’ils n’en avaient pas au départ, aux anciens barons du FCC, pour faire subir au candidat Félix Tshisekedi en 2023, le sort qu’ils ont fait subir à Emmanuel Ramazani Shadary à l’élection présidentielle de 2018.
Aux cadres de l’UDPS et partis alliés non issus de la famille politique de Joseph Kabila de se réveiller pour monter des stratégies en vue de peser dans la balance face à ces têtes couronnées de la politique. Sinon, ils risquent de perdre, si ce n’est déjà pas fait, le contrôle du président de la République.
Jean Pérou Kabouira
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