C’est une première en République Démocratique du Congo depuis l’adoption de la Constitution du 18 février 2006. Un membre du gouvernement issu de la majorité parlementaire a été destitué par l’Assemblée nationale. Le ministre de l’économie nationale, parce que c’est de lui qu’il s’agit, a été déchu de ses fonctions par 277 députés nationaux. Ils reprochent à Jean-Marie Kalumba notamment la hausse des prix de produits de première nécessité depuis plus d’un an, la mauvaise gestion de 20 millions de dollars déboursés pour l’achat des chinchards ou encore la non adhésion à la vision du Chef de l’Etat.
Après le vote en faveur de cette motion de défiance, des députés de tous les camps politiques ont exprimé leur satisfaction. Ceux de l’Union sacrée de la Nation, à l’instar d’Eliezer Ntambwe ont crié au triomphe de la démocratie au sein de la famille politique du Chef de l’État.
Ceux du Front Commun pour le Congo(FCC) ont salué la libération du contrôle parlementaire par le bureau de l’Assemblée nationale.
L’inquiétude a été visible seulement dans le chef des députés nationaux de l’AFDC-A, regroupement politique dont est issu le désormais ex ministre de l’économie nationale.
Mais où sont les chinchards ?
Dans sa défense, le ministre de l’économie nationale s’est dit victime de « ceux qui tirent profit des pratiques illicites » dans son secteur et a affirmé qu’il n’a pas géré les fonds destinés à l’achat des chinchards.
Pour le député national Crispin Mbindule, auteur de la motion de défiance qui l’a emporté, c’est la fin de la période des mots d’ordre aux députés nationaux par des autorités morales.
L’élu de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) de Vital Kamerhe soutient que « cela prouve que le respect de séparation de pouvoirs est effectif dans notre pays ».
De son côté, le député national Papy Niango a laissé entendre que la motion aurait dû engager directement la responsabilité du Premier ministre et de tout son gouvernement. La raison? -La décision de commander les poissons chinchards en Namibie était adoptée en Conseil des Ministres et n’est donc à considérer comme une initiative personnelle du ministre de l’économie.
Juriste aguerri, l’ancien ministre des Sports et Loisirs estime que bien que destitué, Jean-Marie Kalumba peut encore rester en fonction.
« Vous remarquerez d’ailleurs à cet effet, le président du bureau par malice a refusé d’amener la plénière à adopter la résolution sanctionnant le vote. Le vote a eu lieu, oui. Mais quel est l’acte qu’on peut communiquer au ministre, au premier ministre et au Président de la République ? Ce n’est pas le procès verbal de la plénière de ce soir. C’est plutôt la résolution que la plénière devait prendre pour sanctionner le ministre », a-t-il expliqué à la presse au sortir de la plénière, en fustigeant « la légèreté » du président du bureau de l’Assemblée nationale.
Qu’à cela ne tienne, la population congolaise restant affamée, a droit de chercher à savoir si les chinchards qui ont coûté à Jean-Marie Kalumba son poste de ministre de l’économie vont un jour atterrir dans son assiette.
Après tout, un ventre affamé n’a point de force d’applaudir la déchéance d’un ministre.
Junior Lomanga
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