L’une des personnalités clés du régime, Emmanuel Ramazani Shadari a été limogé du gouvernement hier 20 février 2018 et remplacé à ses fonctions de Vice-Premier ministre, Ministre de l’Intérieur et Sécurité par Henri Mova Sakanyi. Des informations parvenues à Alternance.CD renseignent que ce limogeage inédit serait lié à la récente réunion de sécurité tenue au Conseil de Sécurité des Nations Unies, au cours de laquelle l’ambassadrice américaine Nikki Haley a dévoilé avoir remis au Président Joseph Kabila, une liste des noms d’individus qui seraient impliqués dans le meurtre de deux experts de l’ONU dans la province du Kasaï Central.
Shadari était-il au courant de ce qui se tramait contre lui? Rien n’est moins sûr car, il se faisait plus discret ces derniers jours. En tout cas, c’est ce que confirme l’un de ses conseillers qui indique que depuis une semaine, le désormais ex-Vice-premier ministre de l’Intérieur «n’était plus dans ses assiettes ».
Une semaine, c’est à peu près le nombre de jours qu’il y a eu, depuis le 12 février, date à laquelle les Etats-Unis ont interpellé le gouvernement congolais dans l’affaire du meurtre de l’américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan le 12 mars 2017, assassinat imputé par les autorités congolaises à des miliciens Kamuina Nsapu.
En effet, l’ambassadrice des USA à l’ONU a révélé avoir remis, en mains propres au Chef de l’Etat congolais en octobre dernier, une liste d’individus impliqués dans leur meurtre et fustigeait le fait qu’aucune action sérieuse n’aurait été entreprise depuis. Elle répondait au discours du Chef de la diplomatie congolaise, Leonard She Okitundu qui avait pointé du doigt la responsabilité des Kamuina Nsapu. « En ce qui concerne le meurtre, demandez au Président Kabila ce qu’il a fait de ma liste. Je lui ai donné une liste et il n’a pris aucune mesure. Cette liste est ce que nous considérons comme devant faire l’objet d’une enquête. Et c’est une liste très sélective en référence à la mort de ces deux personnes », avait-elle déclaré.
Une triste fin pour Shadari ?
Alors qu’un cadre du PPRD-parti présidentiel dont sont issus les VPM sortant et entrant- parle de « fautes graves » que l’on reprocherait à Emmanuel Shadari, une source à la présidence de la République confie à Alternance. CD que « les ennuis ne font que commencer » pour celui qui était le patron de l’Intérieur, au moment du double meurtre de deux experts onusiens. A l’en croire, les lignes seraient en train de bouger et que d’autres cadres du régime seraient sur la sellette.
Si ces informations se confirment, l’ancien Président du groupe parlementaire PPRD et Alliés à l’Assemblée nationale risque de finir comme certains de ses prédécesseurs à la VPM de l’Intérieur et Sécurité qui sont suspectés d’avoir cautionné ou toléré des violations graves des droits de l’homme durant leurs mandats. « Mais son cas est grave, lâche notre informateur qui ajoute qu’il pourra être frappé d’interdiction de quitter le territoire national dans les prochains jours, si ce n’est pas déjà fait ».
Arrivé au gouvernement à la faveur du dialogue de la Cité de l’Union africaine, le mandat de ce fervent défenseur du maintien de Joseph Kabila aura été marqué entre autres, par les dédoublements des partis d’opposition, l’insécurité récurrente dans l’est du pays et la résolution pacifique de certains conflits coutumiers notamment dans le Tanganyika entre Pygmées et Bantous. Le passage de Shadari Emmanuel à la Vice-primature de l’Intérieur et Sécurité, c’est aussi et surtout des conflits dans les institutions provinciales où il s’est permis parfois de procéder à des nominations qui ont fait beaucoup de bruits.
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