La déclaration du Chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi sur TV5 Monde selon laquelle il ne fera pas « ce travail d’aller fouiner dans le passé » contraste avec ses engagements et ses promesses de combattre la corruption.
Alors que dans le camp de l’ancien Président Joseph Kabila on jubile à l’idée que personne ne serait appelé à répondre de ses actions passées, l’inquiétude gagne du terrain dans l’opinion publique où on constate que les antivaleurs ont de l’avenir en République Démocratique du Congo.
On le savait très déterminé à mener une lutte acharnée contre la corruption. Pendant la campagne électorale et même après son investiture en janvier dernier, il avait donné beaucoup d’assurances et suscité beaucoup d’espoirs quant à ce. Mais depuis qu’il s’est installé et qu’il a goûté aux délices du pouvoir, les congolais découvrent qu’il y a des écarts entre les paroles de Félix Tshisekedi Tshilombo et ses actes.
En effet, de la composition de son cabinet à celle du Gouvernement, le trafic d’influence a été au rendez-vous. Ainsi, on compte 5 ministres du même groupe ethnique que son épouse alors que certains de ses proches collaborateurs sont accusés de nager dans la corruption galopante.
En tête de peloton, surtout dans l’attribution des marchés de gré à gré, se trouve sans doute son Directeur de cabinet Vital Kamerhe dont le nom est cité avec insistance dans l’affaire de détournement de 15 millions de dollars.
Prenant sa défense lors de son interview accordée à TV5 Monde le 22 septembre dernier, il a soutenu qu’il ne s’agit pas de détournement mais d’une affaire de rétro commission. « Selon mes informations, il s’agit non pas d’un détournement de fonds, mais d’une affaire de rétrocommissions. Nous sommes certes que ce n’est pas de l’argent volé au Trésor », a déclaré le Chef de l’Etat congolais.
Il a poursuivi au sujet de son Dircab que « je n’ai aucune preuve de sa méconduite, je ne fais pas attention à ce que racontent les réseaux sociaux ».
Quelques dossiers sales de l’ère Félix Tshisekedi
Plus loin dans son interview précitée, Félix Tshisekedi a assassiné les espoirs de tous ceux qui réclament justice pour les crimes de sang et les crimes économiques de l’ère Kabila en disant: « je ne ferai pas ce travail d’aller fouiner dans le passé ».
Dans la foulée des commentaires suscités par cette déclaration, des observateurs font remarquer que s’il ne veut pas fouiner dans le passé par peur que cela ne soit perçu comme un règlement de comptes à ses alliés du FCC, il peut au moins sanctionner les actes de corruption et d’autres antivaleurs commis sous son régime.
Parmi ces actes qui ne sont pas à fouiner dans le passé, on cite entre autres, la corruption des Députés provinciaux lors des élections des Sénateurs et pour laquelle des enquêtes judicaires auraient été initiées ; la mauvaise utilisation des fonds alloués aux travaux de réhabilitation de routes à Kinshasa et évidemment l’épineux dossier du détournement ou retro commissions de 15 millions de dollars.
A cela s’ajoutent les affaires du scandale sexuel entre le Vice-Gouverneur du Kongo Central Justin Lwemba et l’assistante du Gouverneur Mimi Muyita et les tueries de Lodja dans la province du Sankuru.
Dans la première affaire, l’Assemblée provinciale a voté contre les poursuites judiciaires à l’encontre du Gouverneur Atou Matubuana alors que la seconde n’est même pas connue au niveau national.
« La population congolaise a besoin de manger à sa faim, faire étudier ses enfants, se soigner et circuler paisiblement sur de bonnes routes. On constate malheureusement que les promesses de Félix Tshisekedi relèvent de la pire démagogie politicienne car, on ne sent pas l’action du gouvernement en ce qui concerne la réforme de la magistrature, l’armée, la police et les entreprises publiques », regrette un analyste politique.
ALT.