Cadre du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), Roger Pole est très préoccupé par le climat d’insécurité qui prévaut à Lodja, un territoire de la province du Sankuru.
Originaire de la contrée, cet avocat s’y est rendu pour palper du doigt la réalité en vue de mener un plaidoyer auprès des autorités provinciales et nationales. Après un séjour de près d’un mois durant lequel il a parcouru l’ensemble de ce territoire, il a livré ses impressions à alternance.cd. interview.
ALT. Vous séjournez à Lodja, un territoire en proie à l’insécurité et à l’intolérance politique. Quelles sont vos impressions?
Roger Pole: Je répondrai en peu de mots que depuis mon arrivée, il y a un calme relatif, conséquent aux opérations d’envergure initiées par les autorités administratives et policières, qui ont traqué les inciviques qui se sont retranchés dans leur noyau d’entraînement. Du moins mes impressions sont largement optimistes et les efforts sont conjugués à ce que cette tranquillité soit durable. Toute fois nous avons intérêt à veiller à ce que la sécurité soit non seulement durable mais aussi généralisée car ces malfrats continuent d’opérer sans leurs zones de retranchement mettant à mal la quiétude des villageois.
ALT. Des sources concordantes accusent certains leaders de Lodja d’attiser de conflits pour leur positionnement politique. En tant que juriste et acteur politique, comment pouvez-vous expliquer les conflits qui sévissent à Lodja?
En réalité, l’exacerbation de la violence dans le territoire de Lodja est le fruit de l’intolérance politique entre les adeptes de certains politiciens dont le leadership a quasiment dégringolé après le tsunami électorale aux commandes de la province.
Cette mauvaise digestion de la débâcle électorale a radicalisé des jeunes qui n’entendent pas accepter la réalité des choses : leur leader ou rien.
L’autre vérité est que je ne peux croire qu’un seul leader ait le courage de commanditer une quelconque forfaiture jusqu’à l’élimination physique d’un semblable,en tout cas pas chez moi à Lodja, s’ils existent, c’est à la justice d’en déceler chirurgicalement les responsabilités. Nous croyons aux autorités qui ont déjà amorcé des réformes en vue d’éradiquer définitivement l’insécurité, même si, il faut le savoir, il est difficile d’éradiquer complètement et définitivement la criminalité car c’est un phénomène social lié intimement à l’évolution de la société.
ALT. Quels sont vos rapports avec vos collègues politiques de la CCU?
Mes rapports avec mes amis et frères d’autres partis politiques sont toujours les mêmes. Bien sûr on peut ne pas partager la même idéologie mais on est frères,avec les uns on est même amis, seulement avec les autres qui n’aiment pas la contradiction et lorsqu’ils sont dépourvus d’arguments,versent dans les injures, diffamation voire menaces. Mais il est difficile de ramener un radicalisé à la raison. Un reproche est vu comme une insulte. En vrai démocrate et homme d’État, on essaie de respecter les opinions des uns ainsi que les avis des autres.
ALT. Que faire selon vous, pour pacifier le territoire de Lodja en particulier et la province du Sankuru en général ?
La pacification du territoire de Lodja va de la volonté de nos leaders politiques,nos aînés surtout ceux qui ont dirigé la province les années passées dont les adeptes n’acceptent toujours pas la défaite. Bien sûr,tout le monde est concerné. Comme vous le savez bien,il est difficile qu’un tout puissant d’hier assiste à la montée en puissance d’un autre. Il faut qu’il ait une prise de conscience collective,un changement de mentalité. Le fanatisme et l’intolérance politique sont les souches de cette insécurité. De toutes les façons, lorsque la raison ne gagnera pas les esprits de ces hors la loi,les services de l’État,avec la nouvelle dynamique des nouvelles autorités provinciales,feront leur travail dans le but de faire respecter la sécurité,la tranquillité,la salubrité.
Propos recueillis par RD44