Home Politique RDC: Pourquoi le Président Félix Tshisekedi devrait-t-il se rendre en Chine? (Tribune du Doctorant Georges Lohalo)

RDC: Pourquoi le Président Félix Tshisekedi devrait-t-il se rendre en Chine? (Tribune du Doctorant Georges Lohalo)

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Pourquoi le nouveau président de la RDC devrait se rendre en Chine?(Original title: Why the newly elected DRC’s President should visit China?)

S.E. Felix Tshisekedi Tshilombo a été élu 5ème Président de la RDC fin 2018 dans le cadre d’un processus électoral élaboré et financé par le gouvernement congolais. Cette élection, à mon avis, met fin à la crise de légitimité causée par les divers rebondissements de l’histoire récente de la RDC (lutte contre la dictature de Mobutu, seconde guerre du Congo et ses ramifications) et pourrait conférer au pays de Lumumba sa grande stature au cœur de l’Afrique. Sa grandeur découle non seulement de sa géographie et de ses ressources diverses, mais aussi du génie de son peuple des grands royaumes (Kongo, Lunda, Luba, Bakuba…).

Le président Tshisekedi, 10 mois après son accession au pouvoir, a visité plus de 20 pays à travers le monde et annulé un voyage prévu au Japon en raison de l’accident mortel de Mbanza-Ngungu. Les raisons de ces voyages font l’objet de nombreux débats dans l’espace public congolais et je voudrais suggérer pourquoi son prochain voyage devrait être le pays de Mao. Il devrait visiter la Chine en raison de:

L’ordre mondial en mutation

Comme tout le monde le sait, depuis l’effondrement de l’URSS, les Etats-Unis sont restés la seule super puissance mondiale. Avec ses alliés, ils ont mené des politiques pour définir le monde à leur image. La diffusion de la démocratie et de ses corollaires (droits des libertés), mais aussi l’économie de marché en tant que type de gouvernance mondiale était la règle et l’objectif. Tous les moyens étaient bons pour y parvenir… guerres incluses. C’est l’ère de l’hégémonie unipolaire.

Par conséquent, depuis près de 20 ans, les politiciens, économistes, journalistes, peuples, banquiers, et surtout les chercheurs ont vu la montée d’un nouveau pôle de puissance avec des logiques contradictoires pour la gouvernance mondiale.

Au début, c’était des prédictions … mais depuis une décennie, certains s’affichent clairement au sommet desquels se trouve la Chine! Elle a la capacité et la force nécessaires pour participer à la construction d’un monde plus humaniste. L’ambitieux projet de la Chine, « Initiative de la ceinture et de la route », est l’exemple le plus frappant à l’appui de cette affirmation. La RDC d’aujourd’hui, devrait comprendre les nouveaux enjeux et défis mondiaux, les intégrer dans sa diplomatie afin de participer à la définition du nouvel ordre mondial en tant qu’acteur indépendant. Pour ce faire, une dynamique interne stable combinée à une stratégie nationale mondiale est fortement recommandée.

Les leçons à tirer de la Chine

Le premier octobre dernier, j’étais à Pékin lorsque la Chine célébrait le 70e anniversaire de l’établissement de la République populaire de Chine. Selon les livres et enseignements, en 1949 la Chine était entièrement et complètement sous-équipée, 90 pourcent de sa population était analphabète et pauvre. Il ne manque pas de qualificatifs pour décrire le passé chinois.

Aujourd’hui, la Chine est au sommet de la puissance et de la géopolitique mondiale. La part de la Chine dans l’économie mondiale est passée de 11 % à 15 % au cours des cinq dernières années. Les industries de télécommunication, de transport ferroviaire et d’équipement électrique chinoises sont les plus avancées au monde. Par-dessus tout, les Nations Unies ont confirmé que la Chine a fait sortir 800 millions (10 fois la population de la RDC) de personnes de la pauvreté. C’est une courte liste des réalisations de la Chine au cours des 40 dernières années. La RDC en tant que pays en développement a beaucoup à apprendre de l’expérience chinoise.

Les promesses chinoises en RDC

Le premier contact sino-congolais a eu lieu en 1898 lorsque des Chinois sont venus construire des routes et des chemins de fer dans l’État Indépendant du Congo.

À l’indépendance, le Premier ministre chinois Zhou Enlai a envoyé une lettre de félicitations au gouvernement Lumumba. Puis des années tumultueuses se sont produites en raison de la complexité du système international de bipolarité, la Chine est retournée en RDC par la grande porte à la demande de l’ancien président Mze Kabila et avec ambition sous la présidence de Joseph Kabila. Depuis, la Chine a promis d’être plus active dans l’espace public congolais. En 2007, a été signé la première ébauche du fameux «contrat du siècle» ou « contrat chinois». La partie chinoise a accepté de construire des infrastructures publiques et la partie congolaise a accepté de donner en retour un certain nombre de minéraux dans une logique de coentreprise (Sicomines). Depuis lors, les débats se lèvent de partout dans le monde ce qui a eu pour conséquence de politiser la conduite et le processus de financement et de l’accord. Quoi qu’il en soit, il est important de mentionner que c’était la première fois dans l’histoire congolaise un moment où les Congolais dessinaient et validaient des projets d’œuvres publiques de leur pays dans une logique de coopération gagnant-gagnant.

Depuis que la Chine est devenue le plus grand partenaire économique et commercial de la RDC, la communauté chinoise est la plus grande communauté étrangère en RDC, la Chine est le plus grand investisseur en RDC, 7/10 commerçants congolais préfèrent acheter des marchandises en Chine, la plupart des jeunes Congolais préfèrent poursuivre leur étude en Chine … bref, il y a une dynamique complémentaire qui se déroule entre les deux pays et qui devrait être bien suivie et supervisée par les décideurs.

Lors du sommet Chine-Afrique en septembre 2018, le président Xi Jinping a réitéré et réaffirmé la position de la Chine de toujours soutenir les initiatives de développement économique et d’intégrité territoriale de la RDC.

Par-dessus tout, son voyage en Chine renforcera notre partenariat stratégique et notre amitié avec l’empire du milieu et ouvrira une nouvelle dynamique de coopération avec ce pays miracle.

Georges Lohalo, georgeslohalo@gmail.com
Doctorant-Relations Internationales
School of Politics and International Studies Central China Normal University

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