Home Politique Désignation  de Ronsard Malonda à la tête de la CENI: Ce que le Cardinal Ambongo ne dit pas aux congolais

Désignation  de Ronsard Malonda à la tête de la CENI: Ce que le Cardinal Ambongo ne dit pas aux congolais

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Des déclarations politiques çà et là, une manifestation et même des attaques ciblées dans la presse à l’endroit de certains responsables politiques et religieux, les germes de la discorde se sont invités dans le processus de désignation des nouveaux gestionnaires de la Commission Electorale Nationale Indépendante(CENI).

Tout est parti de l’opposition, mieux du rétropédalage de l’archevêque de Kinshasa, le Cardinal Fridolin Ambongo et son allié de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) à la désignation de Ronsard Malonda au poste de Président de la centrale électorale par les confessions religieuses. Depuis lors et surtout depuis l’entérinement de cette désignation par l’Assemblée nationale, le chef de l’église catholique en RDC multiplie des déclarations  qui ont été relayées par de militants de l’opposition de plus en plus en quête d’une crise qui donnerait lieu à des mouvements populaires à l’issue inconnue. Mais que s’est-il réellement entre les confessions religieuses pour qu’on en arrive là ? Le point sur le déroulement du processus qui a conduit à la désignation et à l’entérinement de Ronsard Malonda au poste de Président de la CENI.

Du tribalisme à la manipulation de l’opinion

Mgr Bokondua, Président de l’ECC et l’archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo Ph.droit tiers

De prime abord, ils étaient 23 candidats au départ dont 17 que l’on pouvait qualifier des candidats poids mouche qui ont été éliminés au premier tour au profit des 6 candidats que l’on avait qualifiés de meilleurs. Il s’agit de Denis Kadima, Sylvain Lumu, Jérôme Bonso, Ronsard Malonda, Eale Bosela dont la candidature a été portée par l’ECC et Cyrille Ebotoko, candidat de la Cenco.
Le premier couac, selon des témoins, est intervenu quand la communauté islamique a décidé de soutenir la candidature de Denis Kadima, un expert international en matières électorales. « Le Cardinal Ambongo et le Révérend Bokundoa de l’ECC se sont opposés farouchement à ce soutien et ont exigé l’élimination de la candidature non seulement de Denis Kadima, mais aussi de Sylvain Lumu et Jérôme Bonso », rapporte une source interne. La raison avancée ? Les origines ethniques de ces trois candidats qui sont tous de la région du Kasaï. Pour les chefs des églises Catholique et Protestantes en RDC, la CENI ne peut pas être dirigée par un Kasaïen étant donné que le Président de la République est Kasaïen, ce qui pourra être bénéfique à ce dernier.
Ces trois candidats écartés avant la désignation proprement dite, il ne restait plus que trois candidats à savoir Ronsard Malonda (soutenu par l’église Kimbanguiste et les églises indépendantistes), Cyrille Ebotoko (soutenu par la CENCO) et Eale Bosela(soutenu par l’ECC). C’est à ce niveau que le Cardinal Ambongo donnera un coup d’accélération au processus en retirant son candidat au profit de celui de l’ECC au motif qu’Ebotoko n’a pas la carrure pour être Président de la CENI.

Un mauvais perdant?

La finale opposera Eale Bosela à Ronsard Malonda. Toutefois, après avoir découvert que le premier a été candidat aux législatives de 2018 en Équateur pour le compte de l’AR, une plateforme de Ensemble, et donc proche de l’opposant Moïse Katumbi, les six confessions religieuses plaideront sa disqualification vu qu’il ne remplissait plus le critère de neutralité.

Eale éliminé, la porte était grandement ouverte à Ronsard Malonda resté candidat unique non pas par sa volonté. A la surprise générale, le Cardinal a mis son veto et décidé de remettre son candidat initial Cyrille Ebotoko dans le march qui était déjà plié. Pour les six confessions religieuses, il était hors de question de voter pour un candidat dont le parrain qui serait aussi son onclev avait lui-même déclaré qu’ « il n’a pas de carrure pour être président de la CENI ». Fin du match et Ronsard Malonda est déclaré vainqueur.

Loin de se plier à la réalité, la Cenco et l’ECC ont décidé d’amener le débat à la presse où ils ont crié à la corruption. Réaction des autres confessions religieuses : « c’est une fuite en avant dans le but de se dédouaner de l’échec de leur plan de porter à la tête de la CENI un candidat proche de l’opposant Moïse Katumbi dans la perspective des élections de 2023 ».

Des questions directes à la Cenco et à l’ECC
1. Pourquoi elles n’ont pas exigé la réforme de la CENI avant de proposer et de soutenir un candidat proche de Katumbi et Lamuka ? Si leur candidat avait gagné, la réforme exigée aujourd’hui allait-elle toujours être d’actualité ?

2. La CENCO avait-elle dénoncé la présence des Swahiliphones à la tête de la CENI en 2006, 2011 et 2018 ?

3. Ne peut-on pas conclure que c’est le projet ténébreux de Ambongo et Bokundoa qui a offert la victoire à Ronsard Malonda (Technicien-maison de la CENI, proche de Corneille Nangaa) ?

4. Comment expliquer que le CACH refuse la candidature du même Me Ronsard Malonda qui avait défendu avec brio les résultats de vote de la CENI proclamant vainqueur l’actuel Président de la République contre Fayulu devant la Cour Constitutionnelle ? Ceci faisant, l’UDPS ne donne-t-elle donc pas raison à Lamuka (et au Cardinal Ambongo!) qui contestent la légitimité de l’élection de leur poulain à la magistrature suprême en qualifiant les Élections de 2018 de « tripatouillage électoral »?

Commentaire d’un observateur indépendant : « L’église catholique doit éviter de bouffer ses propres enfants. Ronsard Malonda est un Catholique fervent et pratiquant, de la Paroisse Saint Luc à Kinshasa ».

Il rappelle que l’église catholique n’avait pas soutenu un Prêtre catholique qui était à la tête de la CENI, elle n’a pas soutenu un autre Président issu de la Maison-CENI, elle refuse de soutenir un autre technicien-maison de la CENI, Catholique de surcroît. Comme lui, beaucoup de congolais estiment que la RDC n’appartient à aucune confession religieuse et qu’aucune d’elle ne peut se faire prévaloir du monopole pour parler au nom du peuple, catholique soit-elle.

Chaudes escarmouches  verbales entre les églises! 
Le 2 juillet, six confessions religieuses ont publié un message en réponse à l’homélie du cardinal Fridolin Ambongo, prononcée le 30 juin. Ce dernier avait employé des mots durs, qui n’ont rien à voir avec la religion.

Cette passe d’armes qui est intervenue trois semaines après la désignation du nouveau Président de la CENI par les confessions religieuses démontre que leurs négociations ont été éprouvantes.
La division s’est visiblement installée entre elles au point qu’elles semblent oublier leur principale mission sur cette terre.

La question se pose après la publication dans la presse, d’un discours signé par six confessions religieuses et qui a tout l’air d’une réponse du berger à la bergère après la publication, deux jours plus tôt, d’une homélie très critique de l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo.

Dans son homélie prononcée à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance de la RD-Congo, l’ordinaire de la capitale congolaise a réaffirmé le rejet de Malonda et accusé la majorité parlementaire, c’est-à-dire le FCC, de vouloir imposer son candidat.

En réaction, les autres confessions religieuses notamment l’Armée du salut, les Églises orthodoxe et Kimbaguiste, la Communauté islamique en RDC, l’Union des églises indépendantes et l’Église de réveil ont crié au « retour des évangiles de croisade ».

Elles ont fustigé « la montée du discours de haine du haut de la chaire de vérité, pourtant destinée à proclamer en toute humilité l’amour, la paix, la justice, la tolérance, le pardon, la réconciliation et la fraternité sans partis pris pour se conformer à la vocation d’Église au milieu du village ».

Face à l’appel du Cardinal Ambongo aux chrétiens catholiques et protestants « à s’élever, à redresser le front pour faire barrage à ces velléités », ces six confessions ont invité les Congolais à «ne pas céder aux sollicitations apocalyptiques, à préserver la paix et à éviter les actions susceptibles de compromettre les avancées déjà enregistrées par le pays 60 ans après son indépendance ». Décidément déterminées à mettre fin au diktat des catholiques, elles ont déclaré qu’« aucune confession religieuse n’est au-dessus des autres, encore moins des institutions du pays ».
A ce propos, dans son discours du 30 juin, l’archevêque de Kinshasa relevait que les Églises catholique et protestante « représentent plus de 80 % de la population ». Voilà qui en dit long sur le degré d’opposition qui existe actuellement entre les hommes d’église congolais.

Ote Wolo Oke Dikambo Woma/CP

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