Il est devenu un des membres du gouvernement Tshibala les plus proches du Chef de l’Etat, ou du moins qui s’affiche le plus à ses côtés. Et pourtant, le Vice-premier ministre de Transport et Voies de Communication est loin d’être bon gestionnaire des projets qu’il initie. Pour preuve, une enquête menée par un groupe de journalistes dont un d’Alternance.CD révèle son passé sulfureux et le rôle supposé qu’il aurait joué dans le détournement de plus de trois millions de dollars américains appartenant à la province du Sud-Kivu dont il était Gouverneur. Il est également suspecté d’avoir détourné trois bus de marque Yundai au profit de sa société de transport installée à Gemena, Chef-lieu de province.
Pour ceux qui le connaissent, cet homme politique a laissé une mauvaise réputation partout où il est passé. De l’Office de Voirie et Drainage (OVD) à la vice-primature de Transport et Voies de Communication en passant par le Ministère des Travaux Publics et Infrastructures et le Gouvernorat de l’Equateur et du Sud-Ubangi, son nom a été cité dans des dossiers sales.
Cet infirmier de formation qui a travaillé avec Mzée Kabila avant de faire des atermoiements entre l’opposition et le pouvoir de Joseph Kabila n’a jamais été inquiété par la justice. Au contraire, malgré les nombreuses affaires de détournement dans lesquelles il serait impliqué, il occupe des fonctions importantes au niveau national ou provincial.
Ministre, Député national, Gouverneur et maintenant Vice-premier Ministre, l’initiateur du parti politique Alliance des Travaillistes pour le Développement (ATD) ne manque jamais d’innovations. Seulement, il se dit partout qu’il utilise une bonne partie des retombées de ses initiatives à ses propres intérêts au détriment de l’intérêt général.
L’opinion se rappellera du scandale de «casse pour vol de 100 000 USD » à l’époque où il fut ministre des Travaux publics et Infrastructures, lequel n’a jamais été élucidé jusqu’à ce jour.
« Elu Gouverneur de l’Equateur, il avait détourné l’argent des enseignants et tabassé certains de ses collaborateurs. Ce comportement barbare a poussé les députés provinciaux à le destituer de son poste et à le chasser de la province », se rappelle un de ses anciens conseillers qui a requis l’anonymat.
Une réputation sulfureuse
L’homme est revenu à Kinshasa pour créer son parti. Ce célèbre polygame s’est présenté à l’élection du Gouverneur de la nouvelle province du Sud-Ubangi et, à la surprise générale, il a été déclaré élu par la Cour d’appel à l’issue du contentieux électoral avec la Majorité présidentielle. José Makila va s’occuper de la gestion de la province et initiera quelques projets entre autres, la réhabilitation de quelques maisons de l’Etat pour permettre à son administration et son gouvernement de bien travailler.
Après quelques temps, il va solliciter un emprunt auprès d’une banque pour un montant de trois millions de dollars américains. Cette créance lui aurait été accordée d’après une source interne et des documents confidentiels auxquels nos enquêteurs ont eu accès. Mais les dirigeants actuels de la province du Sud-Ubangi n’ont aucune trace de cette somme d’argent et ils se demandent si elle n’a pas été détournée par l’ex gouverneur Makila. A ce propos, une commission d’enquête initiée par l’assemblée provinciale a proposé qu’il soit traduit en justice pour expliquer la destination qu’aurait prise cet argent destiné à financer des projets de développement de la province. Ces poursuites judiciaires se font toujours attendre.
D’autre part, plusieurs maisons de l’Etat qui ont été affectées par décret royal ont été désaffectées par Makila en violation des règles de procédure en la matière notamment le principe de l’acte contraire. Là aussi, le rapport d’une commission de l’assemblée provinciale a demandé de le poursuivre devant la justice.
Pendant qu’on s’attendait aux dites poursuites judiciaires, il a été accusé d’avoir détourné la rétrocession du mois de mars et avril 2017 en complicité avec l’ordonnateur délégué du gouvernement alors qu’il assumait déjà les fonctions de Vice-premier ministre de Transport et Voies de Communication.
De la complicité des responsables provinciaux de l’ANR
Dans le même registre, il nous revient d’apprendre la désaffectation de trois bus de marque Yundai destinés à la province du Sud-Ubangi pour ses intérêts privés. Il aurait créé une société SARL dont les bus font le trajet Gemena-Zongo, Gemena-Akula et d’autres.
Ces opérations auraient été facilitées par l’Administrateur provincial de l’ANR qui aurait bénéficié d’une concession de 120 mètres sur soixante où il y a construit trois grandes villas.
« Un peu partout, l’on trouve des écoles en pailles sans bancs ni tableaux et les élèves étudient à ciel ouvert. Dans le bureau où travaillait José Makila, il n’y avait pas de toilettes et tous les besoins se faisaient dans un sceau vert », confie un député provincial. L’OMS et le PNUD se plaindraient de cas de détournement de motos et de plusieurs matériels médicaux destinés aux formations sanitaires et à l’administration publique à l’époque où Makila dirigeait la province.
D’autre part, au Ministère des TVC, certains contrats ont été simplement stoppés parce qu’il n’a pas bénéficié de 30% de pot-de-vin. De scandale en scandale, jusqu’où ira ce membre du Gouvernement Tshibala ? Comment se fait-il que le Chef de l’Etat soit visiblement en bon terme avec un tel homme sulfureux et à l’identité complexe ? Il est difficile de répondre à ces questions.
ALT