Les Ordonnances présidentielles prises récemment par le Chef de l’Etat portant nomination des mandataires publics de la Société Nationale de Chemin de Fer du Congo (SNCC) et de la Générale des Carrières et Mines (Gécamines) font encore parler d’elles.
Alors que l’opinion publique panse les plaies du désordre créé à la suite de lpl’examen en séance plénière à l’Assemblée nationale de la question y relative, les conséquences sont loin de se limiter sur la ville de Kinshasa. Au contraire, d’autres provinces à l’instar du Haut-Katanga où les sièges de certains partis politiques ont été incendiés ont été touchées.
Dans le Kongo Central, c’est sous la forme du tribalisme que de membres de certaines institutions provinciales ont choisi d’exprimer leur malaise. Dans leur viseur se trouvent entre autres les dirigeants de la Société Nationale d’électricité (SNEL) et de l’Organisation pour l’équipement de Banana-Kinshasa(OEBK) qu’ils traitent de non originaires et dont ils réclament le départ pour les remplacer par de Ne Kongo.
Sur base de considérations tribalistes, une certaine opinion prétend abusivement que les personnalités nommées à la Direction générale de la SNCC et de la Gécamines seraient toutes des originaires des provinces issues du démembrement de l’ex-province du Katanga. Même si après vérification il s’est avéré que certains promus ne sont pas de Katangais, dans la province du Kongo Central, on ne décolère pas. Du Gouvernorat de province à l’Assemblée provinciale en passant par le gouvernement provincial, tout le monde cherche la tête du DG de la SNEL et de son collègue de l’OEBK Francis Wombali.
Ce dernier est visé par une procédure visant sa destitution qui se mène sur plusieurs fronts à Matadi. Ce, en dépit du fait que bien que n’étant pas un natif du Kongo Central il est à ce jour le seul gestionnaire de l’OEBK à avoir posé beaucoup d’actions au bénéfice de cette province.
Parmi ses actions, on peut énumérer de manière non exhaustive entre autres, l’ouverture d’un sous compte dans une banque de la place pour la rétrocession due à la province, l’engagement et la signature de contrats à durée indéterminée d’une cinquantaine d’agents, tous recrutés localement alors qu’ils ont presté durant plus de cinq ans comme journaliers à l’époque de son prédécesseur qui était un fils de la province ou encore la possibilité qu’il a ouverte à d’autres agents dont le contrat est arrivée à terme de rempiler.
A propos de la cinquantaine d’agents qui ont été récemment embauchés à durée indéterminée par Francis Wombali, il faut noter qu’ils étaient qualifiés de « journaliers permanents » sous son prédécesseur dont le bilan avait décrié tant par l’Assemblée provinciale que la population.
Ce que la population du Kongo Central semble ignorer
Après la nomination des mandataires publics de la SNCC et Gécamines, une certaine élite politique du Kongo Central s’était empressée de soutenir que le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi aurait versé dans de nominations ethno-tribales et vidé ces deux entreprises de tout caractère national.
Mais après vérification de leur CV, le média d’informations en ligne Scooprdc.net en était arrivé à la conclusion que la configuration sociologique des mandataires nommés démontre qu’il n’y a rien de tribalisme parce que les ressortissants d’autres provinces du pays y font partie. « C’est le cas de Léon Mwine du Kasaï central, Jacques Kamenga du Kwilu et de Guy-Robert Lukama du Sud-Kivu. Cette sélection de compétences est faite par Fatshi dans le but de redresser ces deux sociétés considérées parfois comme des canards boiteux à cause de leur mauvaise gestion », a écrit notre confrère.
Autre chose que semble ignorer la population du Kongo central est que de tous les DG qui se sont succédés à la tête de l’OEBK, aucun n’a réalisé autant d’action en faveur de leur province que Francis Wombali.
Et ce ne sont pas les nombreux agents recrutés localement qui diront le contraire, eux qui étaient considérés comme de journaliers permanents sous l’époque de l’ancien DG qui était un natif du Kongo Central.
Bien plus, en exigeant qu’il soit nommé à la tête de l’OEBK un Ne Kongo, les institutions provinciales foulent au pied l’unité nationale et exposent la population à des conséquences dont il est impossible de mesurer l’ampleur au stade actuel.
L’acharnement des institutions provinciales
De son côté, l’Assemblée provinciale semble faire preuve d’une ignorance cruelle de textes qui régissent l’OEBK qui contrairement à ce que l’on veut faire croire à la population, est une entreprise sous tutelle du Ministre de Transports et Voies de Communication dont elle une sorte de prolongement du cabinet.
Autant dire que le gestionnaire de l’Organisation pour l’équipement de Banana-Kinshasa n’est pas redevable envers l’Assemblée provinciale mais envers le Ministre de tutelle.
Mais force est de constater qu’on assiste à une violation remarquable des textes par le fait qu’en lieu et place du Ministre de Transports, c’est l’Assemblée provinciale qui veut la tête de Francis Wombali en vue de le remplacer par un Ne Kongo.
Pour y arriver, on est parti d’une motion d’information à la plénière du 12 juin 2019 présentée par le député provincial Thomas Kiakokua sur la gestion du Pont Maréchal. Affirmant que faute d’entretien ce pont est en danger et risque de s’écrouler si on ne prend pas garde, il s’est posé la question de savoir où a l’argent qu’encaisse chaque jour l’OEBK auprès des usagers de cette infrastructure.
Il a conclu sa motion d’information en demandant à la plénière de constituer une commission technique pour effectuer une descente sur le terrain. Il s’en est suivie une pluie de tirs sur Francis Wombali par les députés provinciaux dont certains à l’instar de Jean Claude Mvuemba avaient dans un passé récent exigé publiquement que l’OEBK et la SNEL soient confiées aux Ne Kongo.
Hasard du calendrier et réelle volonté de le coincer, le lendemain, le ministre provincial de Transports, Voies de communication et Energie l’avait convoqué dans son cabinet. « Dans ce contexte, en vue de s’imprégner des réalités qui touchent a fonctionnement de votre service, il vous est demandé de dresser un état de lieux exhaustif tout en indiquant les difficultés auxquelles vous êtes confronté. Et pour cela, l’urgence s’impose pour nous permettre d’élaborer le plan d’action du Ministère et il est souhaité de vous recevoir en date du 17 juin 2019 à 13 heures » lui a-t-il écrit.
Comme quoi, ce mandataire public devrait se couper en plusieurs morceaux pour se présenter à la fois à l’Assemblée provinciale et au cabinet du ministre provincial des Transports, Voies de communication et Energie du Kongo-Central.
Robert DJANYA/Le Journal