Du haut de ses 76 ans d’âge, il a sans doute l’expérience et la sagesse nécessaires pour diriger les débats au sein de la chambre des sages qu’est le Sénat. Alexis Thambwe Mwamba est le choix du Front Commun pour le Congo(FCC) et de son autorité morale Joseph Kabila, pour briguer la présidence de la Chambre haute du parlement. Figure connue et respectée de la scène politique congolaise depuis l’époque de Mobutu, ce cadre du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) est réputé rigoureux et intelligent.
La succession de Léon Kengo est lancé depuis mardi 2 juillet 2019 et on tend tout droit vers le remplacement d’un homme de principe par un autre homme de principe. L’un et l’autre ont affûté leurs armes au sein de l’Union des Démocrates Indépendants(UDI) avant de prendre les chemins différents pour le reste de leurs carrières politiques respectives.
Originaire de la province du Maniema, Alexis Thambwe Mwamba fait partie des intellectuels qui refusent de brader leurs connaissances scientifiques en échange de dividendes politiciennes.
Doublement Licencié en Sciences politiques et en Droit, il mêle les deux sciences dans sa vie de tous les jours, ce qui lui attire parfois de critiques de la part d’une certaine opinion habituée à la facilité dans le raisonnement et la conduite des affaires de l’Etat.
Il est aussi détenteur d’une maitrise en Droit sociologique du travail, ce qui lui a permis d’exercer différents emplois onéreux en politique, en diplomatie et en gestion financière des entreprises.
De la Société Nationale de Chemin de fer du Zaïre(SNCZ) dont il était Administrateur au Conseil des Instituts Supérieurs du Congo(ISP) en passant par la Banque Commerciale Zaïroise (BCZ, actuelle BCDC), l’Association Nationale des Entreprises du Zaïre(ANEZA, actuelle FEC) et la Société Minière et Industrielle du Kivu (SOMINKI), la Compagnie Financière et Minière Belge (COFIMINES) ou encore la Compagnie Belge de Gestion Minière (COGEMIN), il a travaillé dans plusieurs entreprises publiques et maitrise parfaitement la gestion de ressources humaines et des institutions Etatiques.
Et ce n’est pas tout car, Alexis Thambwe Mwamba a occupé aussi les fonctions de Président Délégué Général(PDG) de l’actuelle DGDA à l’époque où elle s’appelait Office des Douanes et Accises (OFIDA) a été Vice-président du Conseil d’Administration de la SOMINKI.
Au plan politique, cet avocat du Barreau de Kinshasa-Gombe a entre autres été Ambassadeur de la RDC en Italie et dirigé plusieurs portefeuilles ministériels dont le plus récent est celui du Ministère d’Etat à la Justice qu’il a abandonné pour son siège de Sénateur de son Maniema Natal. Avant le garde de sceau, il a dirigé les Ministères de Travaux Publics, Portefeuille, Transports et Communication, Plan et Affaire étrangères.
Apporter une valeur ajoutée au travail parlementaire
Thambwe Mwamba connait les rouages du parlement congolais pour avoir été élu député national en 2006 après avoir fait partie des négociateurs des Accords de Lusaka, Sun City et de Pretoria. Mais ses charges d’Etat n’ont pas empêché au futur président du sénat de la RDC de prendre soin de sa famille et d’entretenir sa passion de l’écriture.
En effet, ce père de famille de sept enfants a mis sur le marché des livres un ouvrage intitulé « Droits Douaniers », publié en 1996 et un autre intitulé « Trois années d’efforts de reconstruction », paru en 2006.
En briguant le perchoir du sénat, il a de petites idées dans la tête qu’il entend fermement transformer en actes pour le bien-être du peuple congolais.
Ainsi, sa vision allie à la fois l’impérieuse nécessité de conforter le positionnement et rôle du sénat au sein des institutions de la République mais aussi d’assoir le contrôle de l’action du gouvernement en étroite collaboration avec l’Assemblée nationale.
Parmi les défis qu’il compte relever, il y a entre autres, assurer l’effectivité et la mise en œuvre de la caisse de péréquation au bénéfice de provinces, moderniser le Sénat à travers notamment l’informatisation de ses services ; garantir la pleine quiétude à ses membres ainsi qu’à son administration ou encore assurer un équilibre dans le chef de différents organes du sénat à savoir, l’assemblée plénière, le bureau, la conférence des Présidents, les commissions permanentes et les groupes parlementaires.
En tout cas, pour le natif de Longa dans le territoire de Kasongo, le Sénat doit rester une institution phare de la RDC en faisant de cette chambre, un lieu d’approfondissement du travail parlementaire.
Pour ce faire, Alexis Thambwe Mwamba à en croire ses proches, est déterminé à renforcer l’efficacité et l’efficience du Sénat avec l’appui de tous ses collègues sénateurs.
Ce, en se penchant sur les grands textes de la société congolaise entre autres, ceux ayant train à la bioéthique, les libertés publiques, les questions du genre ainsi que la préservation de la biodiversité et de l’environnement.
L’éternel plaintif Bahati crie à une erreur de casting
L’annonce de la candidature d’Alexis Thambwe Mwamba a suscité de réactions contrastées mais compréhensibles au sein de l’opinion publique congolaise.
Si la quasi-totalité des regroupements politiques du FCC ont salué le choix de leur autorité morale, l’AFDC-A de Modeste Bahati a donné de signes de rébellion en annonçant dans la foulée la candidature du tout sortant ministre d’Etat au Plan, lui qui a pourtant récemment clamé sa loyauté à Joseph Kabila au sortir de la réception de sénateurs par ce dernier dans sa ferme de Kingakati.
« C’est la démocratie. J’ai confiance que les sénateurs sont les gens murs, qu’ils soient du PPRD ou d’autres regroupements, ils comprendront que ma démarche, c’est pour sauver notre famille politique le FCC, pour lui éviter un échec comme celui que nous venions de connaitre à la présidentielle. Ce sont ces mauvais castings, ces mauvais choix qui font que nous échouions », a déclaré l’éternel plaintif Modeste Bahati ce jeudi 4 juillet sur RFI.
Reste qu’au regard de son parcours costaud, Alexis Thambwe Mwamba n’a pas de concurrent et que l’homme a le soutien d’une écrasante majorité de 91 sénateurs du FCC. Autant dire qu’il faudra un miracle pour ne pas le voir succéder à Léon Kengo au perchoir de la Chambre haute du parlement.
Robert DJANYA