Le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi Tshilombo a tenu son premier discours sur l’état de la Nation le samedi 14 décembre 2019. Devant les deux chambres du parlement réuni en congrès, il s’est adressé à la Nation dans un très long discours qui a duré plus de deux heures et au cours duquel il a ramassé tous les secteurs de la vie nationale. Au fait, presque tous les sujets car certains des plus sensibles ont carrément été zappés. C’est la question de la question des victimes du combat pour l’alternance politique dont il est le principal bénéficiaire.
Floribert Chebeya, Rossy Tshimanga, Thérèse Kapangala, Luc Nkulula, Eric Boloko, Usemi Ngandu. Ces noms et tant d’autres rappellent à de millions de congolais le long combat pour l’avènement de l’Etat de droit et l’alternance politique au sommet de l’Etat en République Démocratique du Congo. Ces hommes et femmes ont payé de leur sang ce combat et sont considérés par beaucoup comme de héros. Mais pour le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, il n’en est pas ainsi. En tout cas, c’est ce que l’on est tenté de croire au regard de la non évocation de leurs noms dans son premier discours sur l’état de la Nation. Comme il est plus facile de dire que de faire !
Qui pouvait imaginer l’ancien opposant et chef de file de l’opposition oublier un jour ceux qui sont tombés sur le champ de l’honneur en défendant la même cause que lui ? Incroyable mais vrai, Félix Tshisekedi, le fils et héritier politique de feu opposant historique Etienne Tshisekedi Wa Mulumba a visiblement oublié les victimes emblématiques de la lutte contre un troisième mandat de Joseph Kabila. Au contraire, c’est à ce dernier que le Président de la République a rendu des hommages pour l’alternance que toute la Nation congolaise célèbre.
« Je voudrais ici saluer le courage de mon prédécesseur et frère, Joseph Kabila Kabange, qui a tenu à respecter son engagement constitutionnel, celui de permettre au peuple congolais de choisir librement ses nouveaux dirigeants », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre que « l’évènement de ce jour est aussi sien. Et j’espère vivement qu’ensemble, dans le cadre de notre coalition, nous allons relever les défis qui s’imposent à nous tous en tant que citoyens de ce beau pays ».
L’alternance n’est pas un cadeau
Dans son long discours, la seule véritable allusion aux héros qu’il a faite concerne son père biologique d’heureuse mémoire. «Nos pères fondateurs ont versé de leur sang pour notre indépendance. Certains, à leur suite, comme le docteur Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, d’heureuse mémoire, ont enduré des décennies de sacrifices pour l’éclosion de la démocratie et du progrès social », a poursuivi Félix Tshisekedi.
A le suivre, c’est comme si c’est grâce à son prédécesseur que le pays a vécu sa première alternance alors qu’il est de notoriété publique que c’est sous la pression de la rue, de l’opposition et de la communauté internationale que l’ancien locataire du Palais de la Nation a été contraint de présenter son dauphin et par la suite, de faciliter la passation pacifique du pouvoir avec l’actuel Chef de l’Etat. « Sinon, fait remarquer un observateur, il n’y aurait pas toutes les manifestations pacifique violemment réprimées au cours desquelles de vies humaines ont été fauchées ».
Comme lui, de nombreux analystes sont unanimement d’accord sur le fait que l’alternance en RDC est le fruit de sacrifices, des menaces, de condamnations, des arrestations arbitraires, de coupures d’internet, des privations de libertés, de morts sanglantes. « Il est de notoriété publique que cette alternance ne sera jamais un cadeau de qui que ce soit », martèle-t-on.
Judith K.D.