Les esprits s’échauffent au sein de l’Administration publique depuis quelques jours en République Démocratique du Congo.
A la base, un arrêté pris par la Ministre de la Fonction publique Yolande Ebongo, portant mise en place et affectation des Secrétaires Généraux. A peine publié, cet arrêté a fait réagir le Directeur de Cabinet Adjoint du Président de la République, Prof Désiré Cashimir Eberande Kolongele, qui a demandé à la Ministre de sursoir son arrêté.
Après toute la polémique qui s’en est suivie, le Premier Ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba a joué au sapeur pompier en ordonnant le report de l’application dudit arrêté et la préparation d’un dossier à ce sujet à soumettre au Conseil des Ministres, selon les instructions qu’il ferait parvenir au Gouvernement après concertation avec le Président de la République.
Selon les informations parvenues à Alternance.cd de sources de la primature, ce sont trois faits majeurs qui ont conduit le chef du gouvernement à annuler l’arrêté problématique de Yolande Ebongo. Ce, après les réunions qui ont réuni dans son bureau, les 27 et 29 avril 2020, les parties prenantes.
Premièrement, bien qu’agissant dans le cadre de ses prérogatives, la Ministre de la Fonction publique a malheureusement péché en faisant cavalier seule, ignorant complètement de consulter tous les services intéressés habituellement à ce dossier.
Deuxièmement, le gouvernement fonctionnant sous forme de la Coalition CACH-FCC, elle devrait prendre le soin d’informer cette coalition malgré le caractère apolitique de l’Administration publique.
Plus grave, dans l’arrêté de Yolande Ebongo, on trouve cinq brebis galeuses dont trois n’ont pas participé au concours et par conséquent, n’ont jamais été nommés Secrétaires Généraux par Ordonnance présidentielle ; une personne qui a obtenu 53% alors que seuls les lauréats ayant obtenu plus de 60% étaient retenus, et une célèbre inconnue.
Néhémie Mwilanya a piégé Félix Tshisekedi
Troisièmement, l’une des Ordonnances présidentielles que la Ministre de la Fonction publique a cité en référence pose problème.
En effet, l’ordonnance n°18/143 du 27 décembre 2018 portant nomination des Secrétaires Généraux, parce que c’est d’elle qu’il s’agit, pourtant signée par Néhémie Mwilanya, Directeur de Cabinet de l’ancien Président de la République Joseph Kabila, mais non signée par le Premier ministre de l’époque Bruno Tshibala dont le nom figurait dans le document, serait un faux.
Selon une source interne, il n’existerait aucune trace de cette ordonnance à la présidence de la République alors qu’elle a été publiée dans le Journal Officiel.
Pour la petite histoire, après l’appel à candidature, examen des dossiers suivant les critères de sélection, publication de la liste des candidats par SENAREC au mois de juin 2018, formation des candidats par l’Ecole Nationale d’Administration(ENA), 72 Secrétaires Généraux avaient été retenus à d’issue du concours.
Premier couac, on s’est retrouvé avec un total de 82 SG, y compris les 11 qui avaient des Ordonnances antérieures pour 58 Secrétariats généraux.
Deuxième couac, le Président de la République avait nommé dans un premier temps 47 SG ( ce qui devrait faire, avec les 11 autres, un total de 58 SG pour autant de Secrétariats Généraux) avant de signer la deuxième ordonnance qui a fait et qui fait polémique.
A l’époque, il était démontré que Joseph Kabila était induit en erreur, probablement par son Dircab, l’actuel Coordonateur du Front Commun pour le Congo(FCC), Néhémie Mwilanya, le même que l’on accuse aujourd’hui de manipuler la Ministre de la Fonction publique.
Et Prof Désiré Kolongele Eberande dans tout ça ?
Pour bon nombre d’analystes, au regard de raisons évoquées ci-dessus, la décision du Premier ministre est salutaire. Mais, explique-t-on, après concertation avec le Président de la République, la Ministre de la Fonction publique devra tenir compte seulement des 47 SG régulièrement nommés. C’est seulement à cette condition, évidemment après concertation avec les services attitrés, que l’affectation des Secrétaires Généraux de l’Administration publique ne posera pas de problème.
Par ailleurs, il nous revient d’apprendre que certains SG qui ont échoué au concours et certains intérimaires refuseraient de partir. Avec leurs collègues dirigeant sept secrétariats généraux considérés comme juteux, ils auraient trouvé en la personne du Dircaba de Félix Tshisekedi, un allié de taille pour demeurer longtemps dans la mangeoire.
Cependant, une certaine opinion propose au Président de la République de mettre en place une commission qui devra tabler sur les résultats du concours. Il pourra par la suite signer une ordonnance nommant 47 SG ayant obtenu le plus de pourcentages, ce qui mettra fin à la crise actuelle.
Jean Pérou Kabouira