A première vue, on pourrait dire que c’est un match nul entre le Président de la République, Félix Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila. L’un comme l’autre a démontré sa popularité au parlement en se faisant ovationner par leurs soutiens respectifs. Seulement, le contexte de leur présence est différent.
Le 15 septembre dernier, le Sénateur à vie Joseph Kabila avait fait l’actualité en se présentant pour la première fois depuis son départ de la tête du pays, à une séance plénière au Sénat. A l’occasion, il avait fait le buzz, reléguant en chiens écrasés dans les journaux et les chaines de télévision d’autres actualités du moment. Cette présence qui était présenté comme la rentrée politique de l’Autorité morale du Front Commun pour le Congo était interprétée comme l’expression de son ire après avoir encaissé plusieurs coups de son allié au pouvoir.
Plus d’un mois plus tard, ce dernier lui a répondu de la meilleure des manières, en remplissant le Palais du peuple et ses environs à l’occasion de la prestation de serment des trois nouveaux juges de la Cour Constitutionnelle.
Début d’une fin progressive pour le FCC?
Ce mercredi 21 octobre 2020, le Président de la République a sorti de l’artillerie lourde aux sens militaire et politique du terme pour une cérémonie qui était boudée par le FCC, en commençant par les Présidents des deux chambres du parlement, le Premier ministre et la quasi-totalité des Ministres pro Kabila.
Sous haute sécurité, les trois nouveaux juges ont prêté serment devant le Président de la République, qui en a pris acte conformément à l’alinéa 1 de l’article 10 de la loi organique portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle.
Par cet acte, Dieudonné Kaluba Dibwa, Alphonsine Kalume Yasengo et Kamulete Badibanga sont entrés officiellement en fonctions.
Grosse tâche noire sur la veste du Président de la République, les militants de son parti ont transformé cette cérémonie hautement solennelle en une matinée politique par le fait qu’ils ont entonné l’hymne de l’UDPS. Une situation qui a été vite dénoncée par Jean-Claude Katende, Président de l’Asadho.
Par ailleurs, dans le camp de Joseph Kabila et ses soutiens, c’est la consternation générale. Pour cause, la Cour Constitutionnelle qui est juge de la Constitutionnalité des lois, des actes ayant force de loi, des édits et des règlements intérieurs des chambres parlementaires, qui reçoit les recours en interprétation de la Constitution et tranche des conflits de compétences entre les pouvoirs législatif et exécutif, est théoriquement sous le contrôle de son allié. En plus, c’est la Cour Constitutionnelle qui a compétence de connaitre les recours et trancher par arrêts les contentieux électoraux; de juger pénalement le Chef de l’État et le Premier ministre. Bref, la bataille électorale de 2023 s’annonce rude. Sur le papier, tout laisse à penser que Félix Tshisekedi a pris de l’avantage.
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