10 ème Rue TV, Tolérance Zéro TV et tout récemment Béton TV, l’espace médiatique congolais s’enrichit avec des nouvelles chaînes de télévision. De par leurs dénominations, ces médias audiovisuels s’alignent clairement derrière le pouvoir. Pas donc besoin de se poser de questions sur leur contenu. La question qu’il faut se poser est plutôt celle de savoir d’où elles tirent les ressources financières pour fonctionner.
Après l’armée numérique, une expression devenue courante dans le jargon de la communication pour désigner une forte présence des militants d’une cause sur internet pour défendre leurs opinions, on tend tout droit vers une sorte d’occupation de l’espace audiovisuel en République Démocratique du Congo.
En effet, des chaines de télévision identifiées comme proches du régime en place naissent et proposent des programmes essentiellement politiques, mieux propagandistes.
C’est le cas de la 10 ème Rue TV dont le siège est située à la dixième rue Limete à côté du siège du parti présidentiel l’UDPS.
Comme son nom l’indique, cette chaîne de télévision est 100% pro pouvoir.
Elle est pour l’UDPS ce que représentait Télé 50 pour le PPRD sous le régime de Joseph Kabila.
Ainsi, elle reçoit chaque jour des militants de l’UDPS qui se transforment parfois en animateurs sans une moindre formation en la matière. Aux dernières nouvelles, la condition sine qua none pour être embauché dans ce média serait la détention d’une carte de membre de la formation politique du Président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo.
La situation serait pareille à Béton TV, une autre chaîne pro pouvoir nouvellement lancée.
Qui finance ces chaines de télévision ? Pour tenter de répondre à cette question, un reporter d’alternance.cd a enquêté sur le fonctionnement de la Dixième Rue TV.
Quelle ne fut pas sa surprise de constater que cette chaîne serait privilégiée dans certains cabinets des Ministres UDPS et même d’autres regroupements politiques!
En attendant la fin de son enquête, il révèle que des mandataires publics dont il préfère taire les noms affirment avoir reçu des injonctions verbales d’un haut cadre de l’UDPS pour « accorder des marchés aux chaines qui défendent le boss ». Entendre par là, les chaines de télévision proches du pouvoir.
Ces informations qui sont à prendre avec des pincettes étant donné que les mandataires publics interrogés font l’objet de soupçons de mauvaise gestion, suscitent tout de même des questionnements sur la subvention de la presse par l’État, dont l’accord a été obtenu du gouvernement par l’ancien ministre d’État à la communication et médias, Jolinot Makelele. Ces chaines clairement proches du pouvoir ne risquent-elles pas de rafler la part du lion, sachant qu’elles vont se lancer dans la propagande d’un seul camp aux prochaines élections ?
Jean Pérou Kabouira