Il y a près de trois décennies, les fonctionnaires et agents de l’Etat Congolais étaient payés dans leurs services respectifs. Avec cette pratique, plusieurs comptables qui convoyaient de fonds entre les banques et les lieux de paiement disparaissaient avec lesdits fonds.
Pour parer à ces détournements, vers fin 2011, il avait été mis en place un système de bancarisation en rapport avec le traitement et les soldes des agents et fonctionnaires de l’Etat. Une révolution pour ce million d’employés de l’Etat dont la rémunération était jusqu’alors massivement détournées par des intermédiaires.
Malgré cette révolution dans un pays où la mafia est devenue une pratique nationale, des sources internes de certaines banques renseignent que des comptes frauduleux seraient ouvert dans un lot des ouvertures faites pour les militaires des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et des éléments de la Police nationale congolaise (PNC).
Des comptes frauduleux pour les FARDC et les policiers ?
Toujours selon ces sources qui ont requis l’anonymat, il y aurait des comptes frauduleux dans le lot des comptes ouverts par leurs banques pour les nouvelles recrues dans les rangs des FARDC et de la Police nationale. Ces éléments ont été recrutés pour être déployés dans les regions de l’Est qui vivent sous le régime de l’état de siège.
Ces comptes seraient ouvert sans qu’aucun contrôle physique n’ait été effectué au préalable. Bien plus, aucun contrôle de conformité des documents n’a été fait sous prétexte de ne pas vouloir être un frein à la mission de l’Etat.
Selon les informations reçues de nos sources, plusieurs de ces comptes étaient ouverts dans le non respect de la réglementation bancaire mondialement reconnu, notamment le KYC (Know your customer ou connaissance du client), qui est un processus par lequel les banques et les institutions financières sont tenues à vérifier l’identité de leurs clients afin d’évaluer les risques potentiels d’une relation commerciale avec eux.
Des innocents menacés et recherchés
Il nous revient d’apprendre que les agents des banques affectés pour la gestion des comptes étaient forcés d’ouvrir des comptes sans tenir compte des normes en la matière. Il leur était demandé de faire cela en urgence pour loger des soldes des militaires et des policiers envoyés dans des provinces placées sous état de siège. « On nous demandait d’ouvrir ces comptes en urgence parce que l’ordre venait d’en haut« , a témoigné un agent sous le sceau de l’anonymat.
D’aucuns se demandent si ceux qui ont usé de pression et des menaces sur les pauvres employés affectés à l’ouverture de ces comptes vont rester impunis.
Jean Pérou Kabouira
