Par Jean-Pierre Alumba
Passée sous silence dans l’opinion publique Congolaise, la déclaration de l’ambassadrice Linda Thomas-Greenfield lors d’une allocution au Conseil de sécurité de l’ONU, le 29 mars 2022, renferme un message d’espoir pour des millions de Congolais. En quatre points, elle a traduit la détermination des États-Unis à appuyer les efforts du gouvernement Congolais pour mettre fin à l’insécurité dans l’Est, lutter contre les réseaux d’exploitation illicite des ressources naturelles, la planification et l’organisation des élections transparentes en 2023 et enfin, appuyer le travail des casques bleus de la Monusco sur le terrain.
De prime abord, à chacune de ses interventions sur les sujets africains, Mme Linda Thomas-Greenfield fait preuve d’une maîtrise remarquable de toutes les matières évoquées.
Normal quand on sait que cette diplômée en administration publique de l’Université du Wisconsin à Madison a travaillé notamment en tant qu’ambassadrice des États-Unis au Libéria, Kenya, etc.. Directrice Générale du Service Extérieur des États-Unis, puis Secrétaire d’Etat assistante aux Affaires Africaines de 2013 à 2017.
Les États-Unis saluent la force de frappe des FARDC
Dans son allocution, elle a premièrement condamné fermement les attaques continues des groupes armés, notamment DAECH-RDC, plus connu sous le nom d’ADFC-Nalu ( Forces Démocratiques Alliés et Coopérative pour le Développement du Congo). A travers elle, les États-Unis ont salué les efforts fournis par les FARDC, conjointement avec la Monusco, pour repousser des assauts dont certains ont malheureusement fait des victimes.
Le pays de l’oncle Sam tient en haute estime également le travail des ONG et des défenseurs des droits de l’Homme pour faire la lumière sur tous les crimes commis sur terrain.
En ce qui concerne le trafic illicite des minerais de la RDC, l’ambassadrice Américaine aux Nations Unies s’est affichée en mode défenseur des intérêts Congolais, en déclarant à la face du monde que « ces ressources devraient plutôt être utilisées pour construire un avenir pour le peuple de la République Démocratique du Congo ».
Elle a préconisé le recours de manière résolue au régime des sanctions 1533 du Conseil de Sécurité des Nations à l’encontre de la RDC.
Mobiliser les moyens financiers pour le processus électoral en cas de besoin
L’ambassadrice Linda Thomas-Greenfield a exprimé le soutien de son pays au renforcement de la protection de la liberté d’expression, essentielle à un processus électoral crédible. A cet effet, elle a annoncé que les États-Unis sont prêts, avec le Conseil de Sécurité, à faire en sorte que les partenaires gouvernementaux de la RDC disposent de tous les outils nécessaires pour planifier et organiser « élections libres, équitables, transparentes, opportunes, sûres et inclusives ».
Dans un contexte où même la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) n’est pas en mesure de dire si elle sera en mesure d’organiser les élections prévues en 2023 dans les délais constitutionnels, ces propos de l’ambassadrice Américaine aux Nations Unies devraient rassurer toutes les parties prenantes au processus électoral.
En d’autres mots, les États-Unis et leurs partenaires se disent prêts à mobiliser les moyens financiers nécessaires pour la tenue des élections dans les délais constitutionnels au cas où le gouvernement Congolais serait en incapacité de le faire.
Enfin, Mme Linda Thomas-Greenfield a réaffirmé l’engagement des États-Unis à poursuivre le combat pour mettre fin à l’exploitation et aux abus sexuels perpétrés par le personnel de la Monusco.
Là aussi, elle a rassuré les défenseurs des droits de l’Homme et la Société Civile Congolaise.
Bien plus, elle a appelé les pays dont le personnel est mis en cause, à accélérer le processus rendant à sanctionner les coupables.
La RDC doit au-delà des actions militaires, renforcer la présence de l’ Etat en mettant en place des services de qualité en matière de sécurité communautaire, gestions des conflits fonciers, des ressources minières et forestières dans le respect des lois et de l’ équité sans négliger les programmes de démobilisation, désarmement des civils et réinsertion sociale afin d’ obtenir une paix durable. Les autorités du pays devraient renforcer la concorde et la solidarité nationale, car la cohésion nationale est très menacée.
Madame Linda Thomas-Greenfield est chercheure non résidente à l’Université de Georgetown à Washington DC, après avoir été chercheure résidente émérite en études africaines de l’automne 2017 au printemps 2019.
Connaissant très bien l’Afrique et surtout la RDC, j’ose croire qu’elle va travailler stratégiquement mieux que son prédécesseur Mme Nikki Harley.
Jean-Pierre ALUMBA LUKAMBA
Directeur Exécutif International de la Diaspora Africaine pour le Développement et analyste politique indépendant.