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Ce que pense l’Ambassadeur Mike Hammer de la liberté de la presse en RDC

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Éditorial de l’ambassadeur des États-Unis en RDC à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse: le 3 Mai 2022

La liberté d’expression, y compris pour les membres de la presse, est une composante fondamentale de toute démocratie dynamique et entièrement fonctionnelle. Les sociétés pacifiques, prospères et inclusives dépendent de la libre circulation des informations et des idées, notamment la liberté de chercher, de recevoir et de communiquer des informations en ligne et hors ligne.

Au cours des trois ans et demi que j’ai passés ici, j’ai constamment souligné l’importance de la liberté de la presse et de l’accès à l’information pour la réussite du développement et de la démocratie de la République démocratique du Congo (RDC). J’ai essayé de m’inspirer de cette valeur en étant ouvert et accessible aux journalistes congolais et internationaux et en partageant des informations sur mes entretiens et mes activités par le biais des réseaux sociaux – où plus de 220 000 personnes me suivent. J’accepte volontiers les questions difficiles, tout en reconnaissant que certaines pourraient contenir des critiques et en acceptant un dialogue avec les journalistes, fondé sur le respect mutuel. Ce dialogue est absolument essentiel pour promouvoir une compréhension accrue entre nos pays et autonomiser les sociétés démocratiques dynamiques.

La Journée mondiale de la liberté de la presse fournit l’occasion aux gouvernements de réfléchir sur leur engagement envers la liberté de la presse – en actes comme en paroles – et aux professionnels des médias de réfléchir sur l’éthique journalistique et sur le rôle sacré qu’ils jouent dans une démocratie saine. Cette journée permet surtout de rendre hommage aux journalistes tels que Joël Mumbere Musavuli de la Radio Communautaire de Babombi, qui a été tué l’an dernier et à tous les autres qui ont perdu leur liberté, et bien trop souvent, leurs vies, pour avoir rapporté la vérité et témoigné des conflits, de l’oppression et du désespoir.

En RDC, la Journée mondiale de la liberté de la presse de cette année offre aussi l’occasion aux acteurs gouvernementaux et médiatiques de faire le suivi des recommandations des États Généraux de la Communication et des Médias qui se sont tenus fin janvier, cette année.

Aux côtés du gouvernement de la RDC, les professionnels des médias ont pris l’engagement d’améliorer le secteur des médias et le statut des journalistes. L’Union nationale de la presse congolaise (UNPC) s’est engagée à renforcer l’auto-régulation des journalistes et à créer un statut pour les blogueurs. L’amélioration de l’auto-régulation du secteur des médias améliorera l’intégrité journalistique et permettra à terme de protéger la profession contre les attaques provenant de ceux qui cherchent à discréditer le journalisme et la vérité. En outre, la mobilisation des ressources et une régulation juste pour les médias indépendants doivent être abordées à travers une politique fiscale améliorée. Des journalistes qui ne peuvent se nourrir sont des journalistes vulnérables aux pratiques contraires à l’éthique. Il existe aussi une pression fiscale croissante sur les organisations médiatiques. Quatre médias ont récemment été forcés de fermer leurs portes au Kasaï Oriental pour n’avoir pas payé des frais publicitaires qui dépassent leurs recettes. La taxation à outrance et la perception de redevances auprès des médias pour mettre un terme à leurs activités nuit à la liberté d’expression et à la liberté de la presse.

Pour protéger les journalistes, le gouvernement de la RDC doit aussi réviser la Loi sur la liberté de la presse de 1996 afin de dépénaliser les délits de presse, y compris la diffamation. Les menaces de diffamation ne devraient pas mener à un emprisonnement et la charge de la preuve devrait incomber à l’accusateur ; faute de quoi, cette loi peut être utilisée pour intimider les journalistes et les réduire au silence. Les États-Unis condamnent les menaces, le harcèlement et la violence ciblant les journalistes et les travailleurs des médias. Aucun membre de la presse ne devrait être intimidé, menacé ou attaqué par quiconque pour quelque raison que ce soit, ou être arrêté pour avoir simplement fait son travail. Le journalisme n’est pas un crime.

Le gouvernement de la RDC devrait aussi respecter l’engagement qu’il a pris aux États Généraux d’inciter l’Assemblée nationale à adopter la Loi sur l’accès à l’information publique. L’accès à l’information gouvernementale est non seulement vital pour améliorer les normes de prestation du service public et améliorer l’environnement des affaires local, mais il offre aussi aux journalistes, à la société civile, aux institutions de la RDC et même au parlement l’occasion d’exercer une surveillance à l’égard des actions des gouvernants.

L’accès à l’information permet d’avoir une population informée et permet à celle-ci de tenir leurs dirigeants responsables de leurs actes. Une Loi d’accès à l’information publique est au cœur de la transparence et de la lutte contre la corruption, un outil important dans la lutte contre l’exploitation forestière illégale et le trafic des espèces sauvages qui mettent en danger le précieux « Premier Poumon » du Bassin du Congo et privent les citoyens congolais de leurs ressources naturelles et de débouchés économiques. L’adoption de cette loi serait saluée par les Congolais et la communauté internationale comme une vraie démonstration de l’engagement du gouvernement envers la lutte contre la corruption.

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas non plus ignorer qu’à l’ère du numérique, s’il est facile de diffuser des informations exactes, il est encore plus facile de diffuser des informations erronées à l’intention du public. Face à cette réalité dangereuse, il est d’autant plus important que les gouvernements, les journalistes et la société civile diffusent des informations correctes en temps opportun à l’intention du public. Ces dernières années, nous avons trop souvent constaté que, à travers le monde, la démocratie et les droits de l’homme ont été menacés et minés par la désinformation, les informations erronées et les mensonges éhontés. Le gouvernement et les journalistes doivent travailler ensemble pour exposer ces faits.

C’est pourquoi les États-Unis, par l’entremise de l’USAID, sont fiers d’annoncer l’attribution d’1,5 million de dollars supplémentaire à l’Activité de développement du secteur des médias, mise en œuvre par FHI360 et Internews. Ce financement supplémentaire aidera à lutter contre les informations erronées, les discours de haine et les fausses informations à l’approche des élections de 2023.

Pour avoir des élections libres et équitables, les Congolais doivent avoir accès à des informations correctes sur le processus politique. Nous sommes heureux de constater que le gouvernement de la RDC reconnaît l’importance d’une stratégie de communication claire et de fournir des informations en temps réel au public.

Les informations fiables sont un bien public, une ressource partagée pour toute l’humanité. Travaillons tous ensemble pour les protéger.

P.S. L’ambassadeur Michael (Mike) A. Hammer a été confirmé dans ses fonctions d’ambassadeur des États-Unis auprès de la République démocratique du Congo le 6 septembre 2018.

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