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Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo: Séparer les spéculations de la réalité !

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Le deuxième numéro du volume II de la Revue Congo Challenge (RCC) a été présenté ce jeudi 06 août 2020 au cours d’une conférence scientifique organisée par son éditeur,  Congo Challenge Science, à l’Université Protestante au Congo (UPC), à Kinshasa. Ce volume de la prestigieuse revue scientifique et professionnelle en économie en République Démocratique du Congo, fondée par le Professeur Matata Ponyo, contient quatre articles. Le dernier a été consacré au Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo(PAI-BL), qui fait l’objet des spéculations et interprétations de tous genres dans l’opinion publique congolaise.

En soixante et six pages, l’auteur de cet article, Prof John Mususa Ulimwengu, membre du Conseil scientifique de la RCC,  a présenté les résultats d’une étude menée durant plusieurs mois afin de séparer le mythe de la réalité. Dans le résumé remis aux invités, il a fustigé des explications à l’emporte-pièce, répandues sur les réseaux sociaux par ceux qu’il décrit comme « une nouvelle classe d’experts non-soumis à la rigueur de vérification des faits et déclarations ». A ce sujet justement, beaucoup d’utilisateurs des réseaux sociaux se sont transformés en spécialistes des questions économiques et agricoles ces derniers mois, pour avancer des chiffres et des théories à faire rire même les singes au sujet du Parc agro industriel de Bukanga-Lonzo. Selon qu’on vise telle ou telle autre personnalité qui était aux affaires au moment du lancement de ce projet, chacun a fourni ses explications, qui ont fini par désorienter l’opinion.

Les faits étant sacrés et la vérité étant têtue,  l’auteur de l’article intitule « Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo: Séparer les spéculations de la réalité » a présenté tous les aspects de ce projet, partant de sa conception à son abandon. « Ce papier aborde tour à tour les questions de la pertinence d’une telle initiative, des étapes de sa conception et des études menée ainsi que le niveau de sa mise en œuvre technique et financière. Les questions de gouvernance, corruption et d’occupation des terres sont également abordées », lit-on dans le résumé.

Alors que des personnes visiblement mal informées prétendent que ce projet a été budgétivore et que ses concepteurs savaient pertinemment qu’il était irréalisable, le Prof John M. Ulimwengu démontre, données scientifiques irréfutable à l’appui, que le PAI-BL est un projet stratégique et indispensable étant donné les défis alimentaires du pays. «En effet, la République Démocratique du Congo dépense chaque année, en moyenne, près de 2 milliards USD pour importer des produits alimentaires de base. Ce chiffre va augmenter davantage avec la croissance démographique galopante, surtout à Kinshasa. Ce qui est une menace grave aussi bien sur la sécurité alimentaire que la sécurité nationale »,  fait-il remarquer.

Un parc agro industriel n’est pas une ferme monoculture

Dans son article, le Prof John M. Ulimwengu affirme en substance, que le parc agro-industriel de Bukanga Lonzo n’est pas mort contrairement à ce qui se dit dans la rue. « Il ne fait aucun doute que Bukanga Lonzo n’est pas près du niveau où il aurait dû être. Il faut comprendre que ce projet n’a pas été conçu comme une ferme monoculture pour produire la récolte la saison suivante », martèle-t-il.

Prof Jean-Baptiste Ntagoma K., Rédacteur en chef de la Revue Congo Challenge

Pour une meilleure compréhension, l’auteur de l’article « Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo: Séparer les spéculations de la réalité » compare son objet d’étude à une ville à construire autour de la production et de la transformation agricole. « Le site de Bukanga Lonzo est 8 fois la ville de Paris ; par conséquent, la phase d’infrastructure à elle seule aurait dû prendre au moins 3 ans ! », soutient-il.

En tout cas, de l’avis de ce chercheur qui a consacré plusieurs mois à étudier dans les moindres détails le parc agro industriel de Bukanga Lonzo, il faut  de la patience pour récolter les fruits de ce projet. « Même avec l’adhésion soutenue du gouvernement et l’amélioration de l’environnement des affaires pour la participation du secteur privé, le plein potentiel de Bukanga Lonzo prendra un certain temps à se matérialiser », martèle-t-il.

En guise de comparaison, le Prof  John M. Ulimwengu relève qu’il a fallu 10 ans aux chinois pour déplacer le désormais célèbre Shenzhen d’une ville en 1970 à une zone économique spéciale en 1980. « Or, la taille de Bukanga Lonzo (800 km carrés) est 1,6 fois celle de Shenzhen (493 Km carrés) », précise-t-il dans son article.

Voici les trois phases de ce projet

Une vue de l’assistance à la présentation du deuxième numéro du volume II de la Revue Congo Challenge

Par ailleurs, il a résumé ce parc en trois phases allant de la genèse à l’abandon en passant par le développement. La première phase concerne la conception et proposition qui remonte en 2013, année durant laquelle le gouvernement avait mis en œuvre le programme national d’investissement agricole(PNIA, 2013-2020), lequel contient une composition sur les aires aménagées, dont Bukanga Lonzo. Etaient impliqués dans cette phase, le ministère du Portefeuille, le ministère de l’Industrie, le ministère de l’Agriculture et celui des Finances. En 2014, l’Etat congolais représenté, signera le contrat de gestion avec AFRICOM.

La deuxième phase concerne l’exécution et financement. A ce stade, un audit avait été mené pour évaluer la passation de la phase de projet à celle des sociétés et trois sociétés furent créées pour la gestion du PAI-BL. Il s’agit de PARCAGRI, SEPAGRI et MARKIN dont les activités étaient coordonnées par AFRICOM, qui étaient placée sous l’autorité du Ministre des Finances.

Fin 2014, le cabinet du Premier ministre de l’époque, Augustin Matata Ponyo commandera un audit indépendant auprès d’un cabinet international, pour s’assurer de la gouvernance et du respect des termes de contrat dans la gestion et l’exécution des travaux. Cet audit a été mené par le cabinet ERNEST et YOUNG et les résultats ont été publiés et sont accessibles jusqu’à ce jour.

La troisième phase est celle de l’abandon. A ce sujet, Prof    John M. Ulimwengu renseigne dans son article que fin 2016, après la démission du Gouvernement Matata Ponyo, le ministre des Finances cessa tout paiement en lien avec le financement des phases du développement, les travaux de construction, règlement des factures (équipements, machines ; matériels etc) et les travaux d’entretien du parc.

Prof Augustin Matata Ponyo, PCA de Congo Challenge

Toutes les  explications sur ces phases et bien d’autres détails sont à découvrir dans le deuxième numéro du volume II de la Revue Congo Challenge, qui contient d’autres articles riches. C’est le cas de celui qui traite des  programmes du FMI et des performances économiques de la RDC co écrit par Matata Ponyo et Jean-Paul K.Tsasa.

Il faut dire que la RCC est publiée en deux volumes chaque année. Tous les quatre mois, elle publie ses bulletins sur les progrès récents de la recherche économique et sur l’état de l’économie en RDC en particulier et dans le monde en général.

Les chercheurs intéressés sont invités à procéder à la soumission de leurs manuscrits dans tous les domaines de l’économie. Et pour s’assurer du traitement rapide,  la Revue Congo Challenge renvoie les soumissionnaires à suivre les instructions reprises dans sa ligne éditoriale : http://rcc.cd.

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