Tribune d’Habacuc Muntu
En dépit, de la toute première alternance pacifique du pouvoir réalisée au sommet de l’Etat en janvier 2019 entre le président sortant, Joseph Kabila Kabange et le président en exercice, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, la République Démocratique du Congo est loin d’avoir conjuré tous les maux qui la hante depuis le lendemain de son accession à la souveraineté nationale, le 30 juin 1960.
En effet, ce grand pays au cœur de l’Afrique est confronté depuis des décennies entières à des cycles récurrents et multiformes de crises politiques dont l’une des principales causes a toujours été « la légitimité des institutions et des acteurs ».
Ce fait a entrainé avec elle des corollaires néfastes dans tous les secteurs de la vie nationale, en l’occurrence sur les plans sécuritaire et socio-économique.
Ayant compris la gravité de ces faits qui présagent « un avenir sombre pour le Congo» sur le vivre ensemble des Congolais en tant que « nation» pour laquelle des conséquences directes à peine voilées sont telles que la détérioration progressive voire programmée du tissu socioéconomique national, l’insécurité permanente dans les Kivus et dans la région de l’Ituri ou encore le projet de la balkanisation du pays dont l’implémentation de son plan obscur est largement avancé, l’Eglise du Christ au Congo (ECC) à travers son nouveau leadership incarné par le Révérend Dr André Bokundoa, a levé l’option, depuis avril 2018, de ne pas rester silencieuse et inerte face à la perdition de la Nation.
Rappel des faits
Déjà en 2018, bien avant les élections, face à un pouvoir qui consacrait l’hégémonie d’une minorité sur la majorité du peuple, l’Eglise Protestante par sa mission prophétique, appelait à des « concertations nationales » qui déboucheraient sur la mise en place d’ un cadre permanent de réflexions, d’échanges entre acteurs politiques et leaders de la Société civile sur des réformes fondamentales à amorcer pour la cohésion et l’unité de notre peuple.
Ce cadre permanent ne devrait pas avoir comme soubassement le partage des postes, mais plutôt, la recherche de la cohésion nationale par la paix qui se construit sur l’effet de la justice, la vérité, le pardon et la réparation aux fins de faire décoller le développement de la RDC pour le bien-être de notre peuple.
Les réformes voulues en son temps devraient porter sur la justice, la Céni, la sécurité de nos frontières, la démocratie, la bonne gouvernance publique ou encore la réinvention de la conscience patriotique nationale qui manque beaucoup à notre peuple.
Il semble que cette démarche menée par l’ECC aura coûté à cette confession religieuse « la disgrâce » comme partenaire à la table d’honneur des institutions du pays, en l’occurrence la présidence de la République alors dirigée par Joseph Kabila.
Pour preuve, « monts et merveilles » promis par l’ «Etat », comme à l’accoutumée aux chefs des confessions religieuses nouvellement promus dans l’exercice de leur mission sacerdotale, n’ont pas été réalisés à la limite de quelques cadeaux semblables aux « éléphants blancs ».
Convergence et divergence du dialogue
Malheureusement, l’histoire semble se répéter pour l’Eglise du Christ au Congo (ECC) avec le pouvoir « Tshisekedi ».
Alors que cette dernière poursuit son plaidoyer mené depuis 2018, avant l’avènement du président Tshisekedi aux affaires, auprès de toutes les couches nationales et des amis de la RDC pour des assises nationales dont la nécessité est la mise en place des réformes substantielles à mener au profit de la sauvegarde de la Nation et au développement du pays, une opinion malencontreuse ne jure qu’à saborder l’initiative de l’ECC à travers des subterfuges.
Par ailleurs, ces ennemies de la paix et de la cohésion par le dialogue auraient élu domicile, pour certains, dans les institutions de la République, de la première à la dernière en terme de préséance, et d’autres se retrouvent dans différentes couches sociales du pays.
Tous, cependant, ont un seul point de convergence : « l’impérieuse nécessité de dialoguer entre congolais sur des fondamentaux de l’existentialité nationale ». Et leur divergence : « approches et agendas secrets qui mettent en exergue des intérêts privés ou sectaires selon l’obédience à laquelle on déclare l’allégeance politique ».
Quand le FCC dicte sa loi du dialogue
Dans ce marasme orchestré à dessein pour des fins inavouées, la nécessité de convoquer des « concertations » fait de plus en plus l’unanimité. Ce qui divise : la légitimité, le format, les agendas, etc.
Après que le groupe de douze personnalités ait entamé des consultations « sans mandat » auprès des institutions de la République comme auprès des forces vives de la Nation dans l’optique de déboucher sur un dialogue ou un forum « strictement électoral », le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila dit haut et fort, clairement être opposé à toute initiative de « discussion » quoiqu’il en soit bien-fondé, qui aurait lieu en dehors des institutions légales dont il exerce seul à quatre-vingt-dix pourcent (90%) le contrôle à travers ces hommes.
A coup sûr, le véto du FCC qui, en cas de dialogue, exclurait le peuple (Forces vives) qui semble ne plus rencontrer ses intérêts à travers ses représentants, augure un lendemain sombre pour le Congo.
Sommes-nous en train d’amorcer la vitesse de croisière d’une crise qui couve depuis, un long moment, et neutralise déjà les institutions de la République ? Wait and see.
Quand Félix-Antoine Tshisekedi demeure insensible !
Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo aurait-il endurci son cœur à l’image des rois bibliques qui refusaient d’écouter l’appel des prophètes de l’Eternel quand ils leur demandaient d’honorer Dieu et d’œuvrer pour le bonheur de leur peuple en leur apportant la paix par l’effet de la justice?
L’affirmatif à cette question serait l’hypothèse la plus plausible dès lors que les indiscrétions glanées, aussi bien, dans les couloirs de la présidence de la République que dans les milieux de l’ECC, font état d’un refus par l’ « autorité » d’aborder cette question, mieux l’exclusion de tout contact avec les protestants dont il revendique l’appartenance mais parce qu’ils sont porteurs de l’idée de la tenue de concertations nationales.
Il sied de noter que le dernier contact direct entre le leadership de l’ECC et le président de la République remonterait au culte d’actions de grâces pour lequel, Félix Tshisekedi a, lui-même, effectué le déplacement pour la Cathédrale du Centenaire protestant à Lingwala. C’était le 25 août 2019. Bientôt une année.
Les faucons du nouveau pouvoir se seraient servis de l’alibi des concertations nationales pour empêcher l’éventualité de contact entre le président de l’ECC et le président de la République.
C’est fort probable dans la mesure où, le Chef dispose de son temps pour tous sauf l’ECC. Les faits sont têtus.
Pour quel peuple travaillent-ils ?
L’appel à de concertations nationales par l’ECC est, aux yeux des observateurs, la goutte d’eau de trop utilisée par les extrémistes du pouvoir pour mettre sur la touche l’Eglise du Christ au Congo car s’étant engagée de ne plus ramer à contrecourant de la volonté du peuple.
Cependant, la chose étonnante de ce scénario est de constater que l’ECC comme le nouveau régime a, chacun dans son jargon, l’intérêt du peuple.
Question : comment deux forces au service d’un même peuple peuvent-elles vivre longtemps dans une sorte de distanciation sociale et physique ? Nous y apporterons des plus amples détails dans nos prochaines publications.
Un signal, mon peuple souffre
A tout prendre, l’ECC continue de crier dans le désert du cœur des hommes et des femmes politiques. L’Eglise ne cesse d’attendre un signal du Président de la République sur la nécessité de ces pourparlers qui ne visent notamment pas la remise en question des institutions établies, encore moins le partage des postes de responsabilité.
L’initiative des douze personnalités en faveur d’un dialogue sur les réformes électorales n’est qu’un pan dans la démarche globale de l’ECC qui vise à aborder toutes les questions qui touchent le vivre ensemble des Congolais.
La vérité et l’amour du Congo devraient stimuler chacun de nous à reconnaître que depuis plusieurs décennies, il existe d’autres sujets qui fâchent et qui sont susceptibles de mettre à mal notre pays à feu et à sang.
Ces questions dont on n’en parle pas portent, chaque jour, atteint à la vie de notre nation.
La plaie et le bandage
Que ceux qui s’opposent à l’idée de concertations nationales répondent aux questions sur la persistance du nombre de groupes armés actifs dans la partie orientale de notre pays lesquels groupes favorisent le plan de la balkanisation.
Que les propagandistes de « la relativité du calme sur l’étendue de la RDC » ou les chantres « des quelques poches d’insécurité » dans certains coins du pays nous expliquent l’origine de cette insécurité permanante et nous donnent la solution à l’éradication de la persistance des conflits ethniques ; du regain du tribalisme ; le confinement du pouvoir et les guéguerres entre alliées politiques FCC -CACH; l’exploitation illégales de nos ressources ; l’utilisation des enfants dans les mines ; le complot de balkanisation du Congo ; le non application du Rapport Mapping, etc.
Monsieur le Président de la République, Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, seul un dialogue franc et sincère sur ces questions nous permettra de trouver une solution globale et durable qui élèvera notre justice, gage d’une paix durable.
Le Congo a une grande plaie. Il faut la nettoyer profondément avant de prétendre à une éventuelle thérapie. Il ne faudrait pas se leurrer en recourant continuellement à de beaux bandages qui ne font que couvrir cette plaie sans chercher vraiment à la guérir…