L’installation en grande pompe du bourgmestre de la commune rurale de Minembwe, Gad Mukiza, est devenue le choux gras des internautes congolais et d’ailleurs, depuis le 28 septembre dernier. Des analystes attitrés et/ou improvisés y vont dans tous les sens pour tenter d’expliquer les intentions réelles ou prêtées des participants à la grandiose cérémonie qui a été organisée quant à ce.
Si certains fustigent la forte importance donnée à cette cérémonie à laquelle ont participé entre autres le Ministre de la Défense nationale et celui de la Décentralisation, l’ambassadeur des Etats-Unis en RDC ou encore le Gouverneur du Sud-Kivu ainsi que des députés nationaux et provinciaux, certains dramatisent l’attitude de certaines communautés de cette commune et leurs soutiens à l’international, que l’on suspecte d’avoir des agendas cachés.
Le décret du 13 juin 2013 créant la commune de Minembwe au même titre que plus de 300 autres à travers le pays avait été mis en sursis sur décision du conseil des ministres du 22 juillet 2015. Le bourgmestre nommé et qui vient d’être installé étant issu de la communauté Banyamulenge, d’aucuns prêtaient à cette communauté des intentions hégémoniques. La récente actualité semble leur donner raison.
Pour la petite histoire, avant le décret sus-évoqué, Minembwe fonctionnait sous la forme d’un territoire. Un statut qui a été supprimé sous le gouvernement de transition 1+4 par l’ancien ministre de l’intérieur de l’époque, Général Kalume. «Certes, nos frères Banyarwanda Congolais y vivent depuis la période précoloniale avec nous. Jusqu’à l’ordonnance Zaïroise leur accordant la nationalité collective, ils se reconnaissaient et se définissaient comme étrangers d’origines Rwandaises. Aujourd’hui, à mon avis, c’est un faux débat. Celui des nationalités», explique un natif de Minembwe.
A l’en croire, la suppression du territoire de Minembwe sous RCD était justifiée, entre autres raisons par l’irrégularité du processus de sa création, mais aussi, du fait que plus de 5 communautés avaient développé des groupes d’auto-defense (Maï-Maï) face à ce qu’ils considéraient comme l’accaparement des terres ancestrales. Une mesure qui selon lui, avait contribué à rétablir la paix dans le grand sud.
Des agendas cachés…
Le décret octroyant à Minembwe le statut de commune avait rencontré une forte résistance populaires, allant jusqu’à donner naissance à un mouvement d’auto-défense dénommé «Maï-Maï Yakutumba» à Baraka-Fizi.
Selon Albert Likelimba Yolo, cadre de l’UDPS en Europe, Minembwe fait partie, avec les régions en proies à l’insécurité dont Béni et Ituri, de la «carte en gestation dans certaines officines d’une république future».
Il soutient que le Ministre d’Etat, ministre de la Décentralisation, Azarias Ruberwa est dans ce dossier, juge, témoin et partie. Pour cause, il est lui-même issu de la communauté de Banyamulenge, a été à la manœuvre pour la création de la commune de Minembwe et s’est activé pour l’installation du bourgmestre. «L’ambassadeur des Etats-Unis s’est permis de mettre en garde quiconque oserait de résister au bourgmestre installé. Le Chef d’Etat-major des FARDC a pris part à cette cérémonie tout comme la représentante du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC. On a de quoi se poser des questions sur le motif de cette mobilisation nationale et internationale», fait remarquer un observateur.
Pour le Député national Muhindo Zangi qui a interpellé le ministre de la décentralisation, l’installation du bourgmestre de Minembwe est une menace à la paix sociale. «Profitant de son autorité, le ministre d’État, ministre de la décentralisation et réformes institutionnelles impose l’installation singulière de la commune rurale de Minembwe, tambour battant, y associant une forte délégation politique, militaire et diplomatique, acte de haute portée politique et symbolique qui risque d’envenimer les relations entre les congolais dans la région d’une part, et raviver les suspicions d’un déclenchement du processus de balkanisation d’une partie du pays d’autre part », a-t-il soutenu dans sa lettre d’interpellation.
ALT.