On connaît désormais toute la vérité sur le dossier de 417 300 USD dont le prétendu détournement par le directeur général de l’Office de gestion du fret multimodal(Ogefrem ), William Kazumba, a été dénoncé par le président du Conseil d’administration (PCA), Adolphe Amisi Makutano. Ce dernier s’est plaint auprès de l’autorité de tutelle, que cette somme a été versée dans le compte d’un avocat-conseil de l’entreprise en violation du barème des honoraires applicables par tous les avocats exerçant en République démocratique du Congo. C’est une fausse alerte au regard des éléments fournis par le bénéficiaire, qui se réserve le droit d’exiger plus d’argent à l’Ogefrem.
Dans une correspondance adressée en date du 15 mars 2024 au ministre des Transports, voies de communication et désenclavement, le PCA de l’OGEFREM a dénoncé le paiement par la direction générale, « en violation du barème des honoraires applicables par tous les avocats exerçant en RDC », de la somme de quatre cent dix-sept mille trois cent dollars (417 300 USD) à Maître Jeannot Bukoko Mandjumba, « sous prétexte du paiement de ses honoraires ».
La correspondance d’Adolphe Amisi a été largement partagée sur les réseaux sociaux par des influenceurs, qui ont pris le temps de traiter le DG de l’Ogefrem des noms des animaux les plus effrayants.
Il a interpellé la tutelle sur « ce décaissement irrégulier effectué à l’insu de la mission d’encadrement de l’IGF et du Conseil d’administration ».
Réponse du berger à la bergère
Mis au courant de cette correspondance, Maître Jeanot Bukoko Mandjuba a réagi par voie d’une lettre adressée au PCA de l’Ogefrem.
Il lui a fait savoir, d’entrée de jeu, que les 417 300 USD en question résultent de la somme de 390 000 USD et de 27 000 USD au titre de ses honoraires et des frais d’huissier de justice pour avoir exercé son ministère d’avocat avec loyauté dans le cadre du dossier lui confié ayant opposé l’Ogefrem à la Société Business and Soft Invest Sart et non un détournement comme allégué dans sa lettre au ministre des Transports.
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Il a rappelé qu’il avait reçu une procuration spéciale en date du 9 juin 2023, à l’effet d’initier une action judiciaire aux fins d’obtenir une ordonnance d’injonction de délivrer par la société Business and Soft Invest SARL(BSI), le code source du système informatique de FERI et FERE et qu’il a obtenu gain de cause au Tribunal de commerce de Kinshasa/Gombe.
Maître Jeanot Bukoko a poursuivi que son cabinet a, à la suite de cette ordonnance d’injonction de délivrer, défendu l’Ofegrem devant d’autres instances judiciaires face aux actions judiciaires menées par BST et introduit en bonne et due forme sa facture à qui de droit.
"Pour votre gouverne, aux termes de l'ordonnance-loi n°79-028 du 28/09/1979 portant organisation du barreau,les honoraires d'un avocat constituent sa juste rémunération. Et le barème édicté par cette loi en fixe non seulement leur taux de facturation, mais aussi les règles qui permettent à l'avocat de se les faire payer auprès du client, si ce dernier ne le fait pas de bonne foi", a-t-il indiqué.
Tourner la langue mille fois
Maître Jeanot Bukoko ajouté que le contrat léonin signé entre BSI et Ogefrem en 2021 et décrié en son temps, avant l’arrivée de l’actuel comité de gestion, a valu à l’Ogefrem le paiement de 7 millions USD à raison de plus de 34 000 USD par mois. Et ce, sans aucune possibilité pour la mission d’encadrement de l’IGF d’enfreindre les procédures judiciaires régulièrement opérées.
"Au regard de tout ce qui précède, je crois vous avoir éclairé sur la validité du paiement de ce montant qui ne constitue pas un détournement par quiconque. Cependant, comme vous avez choisi précipitamment d'associer à tout mon nom à un prétendu détournement des fonds dans votre lettre a quo adressée au ministre des Transports, plutôt que de vous renseigner correctement, je crie à une dénonciation calomnieuse prévue et punie par l'article 76 du code pénal Livre II et m'en réserve le droit de saisir les instances judiciaires compétentes", a vociféré Maître Janot Bukoko.
A noter que si cet avocat-conseil décide, comme il l’a laissé entendre dans sa missive au PCA, de revoir la facture de ses honoraires « conformément au barème en vigueur au barreau national» fixé à 15%, l’Ogefrem devra lui payer au minimum 1,5 millions USD (15% de 10 millions USD) contre la modique somme de 390 000 USD faussement considérée comme un détournement par Amisi Makutano.
Le président du Conseil d’administration de l’Office de gestion du fret multimodal devra apprendre à tourner sa langue dix mille fois avant de parler. Sinon, il se trouvera comme c’est actuellement le cas, dans la merde dont il aura du mal à s’en sortir.
Junior Lomanga