Le président Félix Tshisekedi a nommé, lundi 1 er avril 2024, Judith Suminwa Tuluka, au poste de premier ministre. A 57 ans, l’ex-ministre d’État devient la première femme à occuper ce poste en République démocratique du Congo. Mais au-delà des apparences, celle qui est connue comme cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) est plus technocrate que politique et va sans doute diriger un gouvernement constitué des politiques de carrière.
La nouvelle cheffe du gouvernement congolais est une diplômée d’études complémentaires en Travail dans les pays en voie de développement. Elle détient aussi une maîtrise en économie appliquée à l’Université libre de Bruxelles (ULB).
Son curriculum vitæ, partagé à la presse après sa nomination, met en avant, outre ses titres universitaires, son expérience professionnelle. Elle a travaillé notamment au Projet d’appui communautaire dans l’Est de la RDC pour le compte du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et comme coordinatrice adjointe du Conseil présidentiel de veille stratégique (CPVS), une structure technique de la présidence de la République.
Une ancienne du Palu
Pourtant, Judith Tuluka Suminwa a travaillé dans un cabinet politique, en l’occurrence au cabinet de l’ex- ministre du Budget, Daniel Mukoko Samba.
A l’époque, elle et son patron étaient membres du Parti lumumbiste unifié (Palu) dont ils ont démissionné plus tard.
Sur son parcours disponible sur wikipédia, ce chapitre n’apparaît pas. Tout comme son passage comme stagiaire dans une banque où tout ne se serait pas passé comme voulu. Ça, c’est une histoire ancienne.
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Après son adhésion à l’UDPS(là aussi son CV ne dit pas quand elle a commencé la lutte au sein du parti de feu Étienne Tshisekedi), la ressortissante du Kongo central ne s’est jamais affichée en véritable politique. La faute à son parcours d’experte qui lui impose une certaine distance vis-à-vis de la politique active.
Même après sa nomination au poste de ministre d’État en charge du Plan, Judith Suminwa Tuluka arborait et sans gêner le parti présidentiel, sa tunique de technocrate.
Mais plus rien ne sera désormais comme avant. Devenue cheffe d’un gouvernement qui sera sans l’ombre d’un doute constitué de chefs des partis politiques et de politiques de carrière, elle aura besoin non seulement du soutien de l’UDPS dont elle est cadre, mais aussi de se comporter en actrice politique.
Pami Halele