Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, accueille la deuxième réunion du Comité de pilotage des projets de croissance agricole dans les grands-lacs (CORPIL). L’ouverture a été présidée ce mardi 9 avril 2024 par le ministre de l’Agriculture, Me José Mpanda Kabangu, en présence de plusieurs participants dont le secrétaire exécutif de la Communauté économique des pays des grands-lacs (CEPGL), le secrétaire permanent du ministère de l’Environnement, de l’agriculture et de l’élevage du Burundi, les secrétaires généraux de l’Agriculture, du Développement rural de la RDC, de ministres provinciaux de l’Agriculture et bien d’autres.
Le 29 février dernier, le Burundi et la République démocratique du Congo, à travers les ministères respectifs de l’Agriculture ont signé le protocole d’accord relatif à la mise en place du Comité régional de pilotage des projets de croissance agricole dans les grands-lacs (PRDAIGL/Burundi et PICAGEL/RDC).
Cette signature était prévue depuis longtemps et devait intervenir à la suite de la première réunion du Comité régional tenue à Bujumbura, du 16 au 17 juillet 2019. Elle a été repoussée pour plusieurs raisons.
Il en est de même de la deuxième réunion du Comité régional, prévue pour 2020. Elle se tient finalement de ce 9 au 10 avril 2024 au Fleuve Congo hôtel de Kinshasa.
Dans son discours d’ouverture, le ministre congolais de l’Agriculture a salué le renforcement des relations entre le Burundi et la RDC.
« Je voudrais ici réitérer mes hommages les plus déférents à nos deux chefs d’Etat, je cite leurs Excellences Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, président de la République démocratique du Congo et Evariste Ndayishimiye, président de la République du Burundi, qui ne ménagent aucun effort pour le renforcement des relations entre nos deux pays, à travers des projets et des accords qui visent l’amélioration des conditions de vie de nos populations respectives », a déclaré Me José Mpanda Kabangu.
Il s’est dit satisfait de la présence des ministres provinciaux de l’Agriculture du Sud-Kivu et du Tanganyika, zones d’intervention de ce projet régional.
Faciliter l’échange des meilleures pratiques agricoles
Selon le ministre congolais de l’Agriculture, les gouvernements des deux pays attendent de cette réunion, « des résultats concrets sur l’exploitation des complémentarités » du PRDAIGL et PICAGEL.
« Après plusieurs reports, je suis heureux que non seulement nous commencions cette deuxième réunion du CORPIL aujourd’hui, mais aussi avons déjà signé, depuis le 29 février dernier, le Protocole d’accord tant attendu entre nos deux pays, pour enfin couvrir toutes les activités réalisées par le Projet régional de développement agricole intégré dans les grands-lacs et le PICAGEL et impulser celles qui attendaient la signature de ce document. Cette réunion va donc promouvoir la coordination régionale et le pilotage des projets de croissance agricole dans les grands-lacs et faciliter l’échange des meilleures pratiques agricoles entre diverses parties prenantes, en vue d’une réalisation optimale des objectifs desdits projets et la contribution de ceux-ci à la consolidation de l’intégration régionale », a expliqué Me José Mpanda.
Ce, avant de remercier la Banque mondiale « pour son appui financier ».
Vivement une bonne exploitation de la plaine de la Ruzizi
De son côté, Herman Tuyaka, secrétaire exécutif de la Communauté économique des pays des grands lacs (CEPGL), a affirmé que le plan d’action minimal de collaboration entre les deux projets élaboré et adopté lors de la première réunion du CORPIL à Bujumbura a évolué.
« Pendant ce temps, a-t-il dit, l’eau a coulé sous les ponts, les deux projets ont beaucoup évolué(…) Cependant, il est plus judicieux de réfléchir davantage pour viser loin afin de continuer à renforcer la coopération agricole entre nos deux pays au-delà des deux projets (sous réserve que la Banque mondiale accepte de les répliquer), la CEPGL pouvant continuer à servir de plateforme pour cette coopération. »
Il a fait remarquer que la plaine de Ruzizi, en cheval entre le Burundi, la RDC et le Rwanda, avec sa superficie de près de 178 000 Ha, constitue « une zone privilégiée de production agropastorale et d’échanges économiques au sein de la communauté », en offrant des opportunités de développement régional.
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Toutefois, Herman Tuyaka a déploré le fait que la plaine de la Ruzizi est mal exploitée et de manière disparate par des opérateurs économiques tant du secteur public que privé.
« Il va de soi que la mise en place d’un mécanisme de coopération entre les Etats de la région et les organismes qui opèrent dans la plaine de la Ruzizi est plus que nécessaire pour une meilleure coordination des actions à mener et une synergie des efforts à entreprendre en vue d’une plus grande efficacité des résultats recherchés », a préconisé le secrétaire exécutif de la CEPGL.
Dans cet ordre d’idée, le secrétaire permanent au du ministère burundais de l’Environnement, de l’agriculture et de l’élevage, Emmanuel Niyungeko, a émis le vœu que la deuxième réunion du CORPIL aboutisse à la validation du plan d’actions et du budget des activités de la coordination régionale ainsi qu’à l’approbation des modalités de mise en place de la plateforme de connaissance dans le cadre de la CEPGL.
Quid du PICAJEL ?
Projet régional exécuté par le gouvernement de la RDC avec l’appui financier de la Banque mondiale, le Projet intégré de croissance agricole dans les grands –lacs (PICAJEL) a pour objectif de développement, l’accroissement de la productivité agricole et la commercialisation dans les zones ciblées dans les deux pays. Ses composantes sont le développement des chaines de valeur agricole (i) ; appui au développement du secteur agro-industriel (ii) ; intégration régional (iii) et ; services d’appui et gestion du projet (iv).
A noter que le Projet intégré de croissance agricole dans les grands-lacs est exécuté actuellement dans les provinces du Sud-Kivu et de Tanganyika, particulièrement dans le corridor Bukavu-Uvira-Kalemie (Bukavu, plaine de la Ruzizi et la plaine côtière de Baraka-Fizi-Kalemie et le Grand Equateur). Il bénéficie à 200 000 ménages.
Junior Lomanga