Home Sécurité Mise en place dans l’armée: Joseph Kabila s’entoure des inconditionnels qui eux-mêmes sont en situation difficile

Mise en place dans l’armée: Joseph Kabila s’entoure des inconditionnels qui eux-mêmes sont en situation difficile

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En dehors du fait d’être tous de proches du Chef de l’État, l’autre dénominateur commun de la plupart des officiers propulsés au sommet des armées est qu’ils ont tous ou presque été sanctionnés par le département d’État américains. Comment comprendre leur nomination à des postes stratégiques dans les rangs de l’armée? Analyse.

Depuis samedi 14 juillet 2018, les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont un nouveau Chef d’État major, en la personne du lieutenant-général Célestin Mbala Munsense. Il succède au général Didier Etumba Longela, en poste depuis 2008 et qui, a été envoyé en retraite tout en étant nommé aux fonctions du conseiller militaire du chef de l’État.
Ces ordonnances sur l’avancement en grade et mise en retraite au sein des FARDC ont été lues à la télévision publique congolaise, la RTNC. Joseph Kabila a aussi nommé, dans cette série d’ordonnances, le général John Numbi au poste d’Inspecteur général des FARDC.
L’ancien Inspecteur général de la police, suspendu à titre conservatoire en juin 2010 par le président de la République suite à l’affaire de la mort du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya, officiellement « pour permettre un déroulement serein de l’enquête diligentée» revient aux affaires huit ans plus tard.
De son côté, le Général Gabriel Amisi Kumba dit Tango Fourt est promu chef d’état-major adjoint chargé des opérations et du renseignement.
Le général François Olenga, chef de la maison militaire du chef de l’Etat occupe désormais les fonctions de chargé des missions du chef d’Etat.
Le général Denis Kalume Numbi, nommé ambassadeur en Russie, a été mis à la retraite.
Accusés d’avoir mené des actions qui portent atteinte au processus électoral ou aux droits de l’homme, certains d’entre eux sont interdits de séjours aux Etats-Unis.
Il est certes difficile de décrypter les idées qui ont milité en faveur de ce grand changement mais ce dont est sur, c’est que les nouveaux dirigeants des FARDC sont des personnes qui, se battent pour leur propre survie et donc, qui ont tout intérêt à protéger l’actuel régime.

Du point de vue d’un expert en questions stratégiques militaires et politiques, ces personnes sont impitoyables au regard de dossiers qui pèsent sur elles et par conséquent, leur nomination est une sorte de chantage à l’égard de la communauté internationale. « Si on lie ces nominations aux nombreuses adhésions des personnalités politiques et indépendantes au Front Commun pour le Congo, on peut penser a une volonté de plébisciter un hypothétique glissement mais qui ne peut pas m’assurer que cela réussisse. Le retour par exemple de John Numbi dont on sait que le dossier n’est pas reluisant ou encore de Tango Fourt qui est cité dans plusieurs dossiers sales de la communauté internationale signifient que le président Kabila s’en foue de la morale qu’on veut lui donner et que désormais il faut négocier l’ensemble de tout ce qu’il met en place avant qu’il ne puisse véritablement déclarer forfait» , explique-t-il. De là déduire que le Chef de l’État congolais se prépare à toute éventualité de guerre, on en ne peut affirmer. Ce, pour la simple raison qu’en dépit de stratégies concoctées par les stratèges de la Majorité Présidentielle pour garder le statut quo, Joseph Kabila n’est pas dupe et il est conscient de l’hostilité que l’opinion développe vis-à-vis de son régime.

«Ce n’est pas innocent qu’au moment où il est presque en train de quitter le pouvoir, à la veille des élections dont il est interdit par la constitution de se représenter, qu’il puisse faire de chambardements à la tête des forces armées alors que tout président qui sera élu devra composer avec les personnes de son choix, cela plaide pour des combines. On peut croire qu’il cherche à complexifier les dossiers auprès de la communauté internationale de manière à gagner du temps ou à obtenir un sursis. De toute façon, il faut dire que l’image d’un régime est liée à la personnalité de celui qui l’anime», poursuit notre expert.

Suicide collectif?

D’autre part, un Professeur de Sciences politiques de l’Université de Kinshasa voit dans ces nominations au sommet des FARDC une certaine volonté du commandant suprême des armées d’entrainer avec lui ses troupes à son départ. « On peut aussi considérer ces nominations comme une volonté d’aller vers un suicide collectif au cas où il prenait la décision de quitter le pouvoir. Dans ce cas, le nouveau président se débarrassera automatiquement de ces dirigeants des armées qui, rejoindront Joseph Kabila», avance-t-il.

Pour un opposant contacté à ce sujet, c’est plutôt la peur qui selon lui, aurait dicté au Chef de l’État la décision de procéder au changement dans les chaines de commandements des forces armées. « Je suis profondément convaincu que ce qui vient d’être fait n’aura pas un grand impact sur le cours des événements d’autant plus que, la population l’a vomi et a soif d’une alternance. Il n’a plus confiance aux gens avec qui il a travaillé durant des années, c’est pourquoi il s’est entouré des gens qui partagent les mêmes inquiétudes avec lui», croit-il savoir.
RD44

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