Au cours de la conférence de presse qu’il a tenu le jeudi 8 octobre 2020 à Goma, le Président de la République, Félix Tshisekedi a exprimé son opposition aux appuis directs de l’Etat aux médias. Bien que non précise, sa position contraste avec celle de la première dame, Denise Nyakeru Tshisekedi, qui a gâté financièrement les journalistes à travers l’Union Nationale de la Presse du Congo(UNPC) dont elle a financé le 9ème congrès tenu à Muanda.
Répondant à une question qui lui a été posée sur les aides de la République à la presse, le Chef de l’Etat ne s’est pas montré précis. « C’est un grand débat, je suis plus tôt partisan pour offrir des possibilités à la presse comme l’accès au crédit pour qu’elle s’organise elle-même. Si l’Etat-régulateur commence à l’appuyer, la presse va s’adapter au fil des conjonctures en fonction de ceux qui arrivent au pouvoir. Je ne suis pas très partisan de ce principe, mais je suis pour que la presse soit en pleine possession de ses moyens pour se développer », a-t-il expliqué.
Comme pour donner des explications de sa propre pensée, le Chef de l’Etat a laissé entendre qu’il est plutôt favorable à la responsabilisation des journalistes. « Peut-être pour l’aider en organisant des forums ou des séminaires avec d’autres médias du monde pour la mettre à niveau. Je suis pour les débats sur le sens même des médias », a-t-il soutenu.
Madame Denise Nyakeru généreuse envers la presse ?
Au passage, Félix Tshisekedi a fustigé le déficit de professionnalisme de certains hommes de médias de son pays. « Aujourd’hui, n’importe qui se dit de la presse. Il suffit qu’il ait un téléphone portable et il se met à pérorer, à taper sur tout ce qui bouge. On ne tient plus compte de l’éthique ou de la déontologie. Ça devient du n’importe quoi. C’est plutôt ça que moi je vais vous aider à faire au lieu de vous apporter un poisson, je vais apprendre à pêcher », a lâché le Chef de l’Etat. Et pourtant, son épouse est devenue « maman bonheur » auprès des journalistes congolais qui l’ont élevée au rang de « membre d’honneur » de leur principale association sans but lucratif.
A ce sujet, il faut dire que pour avoir sponsorisé le 9ème congrès de l’UNPC à hauteur de 100 000 dollars américains officiellement provenant de la fondation qui porte son nom, Madame Denise Nyakeru Tshisekedi est devenue inattaquable dans la presse congolaise au point que les rares journalistes qui s’hasardent à la critiquer négativement se confrontent à l’opposition de leurs confrères. « Le Président de la République a raison de se montrer réticent pour ce qui est des aides directes à la presse. En tout cas, certains journalistes congolais ont du mal à se montrer objectifs face à ceux qui leur font des dons », analyse un chef des travaux de l’Université Pédagogique Nationale(UPN).
Malheureusement pour le Chef de l’Etat, la loi fixant les modalités de l’exercice de la liberté de la presse (1996) renseigne que l’Etat peut « octroyer une aide indirecte aux entreprises privées de presse au titre de tarifs préférentiels dans le domaine des importations des matières nécessaires à la production et la distribution des informations ». Dura lex sed lex.
ALT.