Véritable patrimoine national, l’artiste Elisabeth Tshala Muana Muidikay plus connue sous le nom de Tshala Muana, appelée affectueusement «Mamu nationale », a quitté le terre des hommes, samedi 10 décembre 2022. Alors que des hommages pleuvent de partout, le message officiel du gouvernement congolais se fait encore attendre. Seuls quelques membres du gouvernement ont réagi, apparemment à titre personnel.
Considérée à juste titre comme la « reine du Mutuashi », une musique et une danse traditionnelle du Kasaï qu’elle a réussi à rendre célèbres au plan national et international, Tshala Muana a véritablement valorisé et modernisé la culture de cette région du pays. Son répertoire est aussi riche que varié. Elle était aussi engagée dans la défense des droits des femmes et des enfants au parlement congolais.
Sur le plan politique, Tshala Muana était une fervente militante du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de l’ex-président Joseph Kabila, à qui elle est restée loyale jusqu’à sa mort.
Opposante, même morte?
Avec plus de 20 albums, elle a effectué de nombreuses tournées à l’étranger et remporte plusieurs prix tant au pays qu’à l’étranger. Ses nombreuses chansons ont traversé le temps avec elle. Il s’agit entre autres de «Malu», incontournable dans les fêtes de mariage, «Nasali mabe», « Grand prêtre maison », «Dikeba», toutes ou presque arrangées par le maestro Souzy Kasseya.
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En 2020, soit deux ans après la première alternance démocratique pacifique au pouvoir en RDC, Tshala Muana a dénoncé en termes voilés, le président de la République, Félix Tshisekedi, dans une chanson intitulée «Ingratitude ». Elle a été arrêtée quelques jours plus tard avant d’être relâchée. Depuis, elle était considérée par des partisans du pouvoir comme opposante et n’avait plus droit à beaucoup d’avantages accordés à ses collègues musiciens.
De là jusqu’à lui priver des hommages officiels du gouvernement après son décès ?-Difficile de le savoir mais ce qui est sûr, c’est que quarante huit heures après son décès, le gouvernement ne s’est pas encore prononcé. Seuls quelques membres du gouvernement, notamment la ministre de la Culture, Catherine Kathungu et celui de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, ont réagi.
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La première a regretté la disparition de celle qui a amené la rumba congolaise au plus haut niveau et le dernier s’est rappelé «des souvenirs d’enfance » qui « défilent les uns après les autres ».
Rien donc à voir avec un message de condoléances du gouvernement adressé à la famille biologique de la regrettée « reine du Mutuashi » qui, a participé à plusieurs chansons patriotiques, telle que « Stop à la guerre à l’Est», en 2012, co-produite par l’actuel porte-parole du gouvernement.
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