En dépit du déroulement de l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs dans la première aire opérationnelle, la classe politique congolaise doute de la capacité de la capacité de la Commission électorale nationale indépendante à organiser les élections prévues en décembre prochain. De plus en plus de voix appellent à la recomposition de la CENI et de la Cour constitutionnelle. Ce qui risque d’entraîner un report des élections et relancer le débat sur la gestion de la transition.
L’histoire est le point de se répéter en République démocratique du Congo à quelques exceptions. A dix mois de la tenue des élections prévues en décembre 2023, le spectre du report plane.
Comme en 2018, l’opposition a lancé les transactions pour tenter de se réunir. Les candidats annoncés à l’élection présidentielle, à savoir Matata Ponyo et Martin Fayulu draguent au grand jour le Dr Denis Mukwege. Ils ont réussi à obtenir sa signature dans la déclaration conjointe qui a eu l’effet d’une bombe, notamment en exigeant la recomposition de la CENI et de la Cour constitutionnelle.
Un autre candidat annoncé, Moïse Katumbi, fait lui les yeux doux à Joseph Kabila et à sa famille politique.
De son côté, Vital Kamerhe ne s’est pas encore prononcé. Officiellement, l’ancien directeur de campagne de Félix Tshisekedi en 2018 et son directeur de cabinet après son élection fait toujours partie de l’Union sacrée. Mais de membres de son parti le voient déjà candidat. VK n’est pas pressé. Il attend le bon moment pour se dévoiler, sachant qu’il reste incontournable dans l’Est du pays en général et son Sud-Kivu en particulier.
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Jean-Pierre Bemba a déjà fait le choix de soutenir la candidature de Félix Tshisekedi alors que Adolphe Muzito semble se rapprocher de ce dernier.
La Cour constitutionnelle a tranché
Les uns et les autres sont conscients des difficultés de la CENI à tenir les délais. Il suffit de considérer la qualité de la nouvelle carte d’électeur pour s’en rendre compte.
Du coup, des analystes sont convaincus qu’on tend tout droit vers un report des élections d’au moins deux ans, comme en 2016.
Dans cette hypothèse, la question de savoir qui devra occuper les fonctions de président de la République pendant cette période ne se poserait pas. La raison ?- Elle a été définitivement tranchée par la Cour constitutionnelle en mai 2016.
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En effet, répondant à la requête des députés nationaux de l’ancienne majorité présidentielle (aujourd’hui dans l’opposition) sur l’interprétation de l’article 70 de la constitution relatif à la fin du mandat du chef de l’État, la haute cour a estimé que pour éviter un vide institutionnel et préservera continuité de l’Etat, le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation du nouveau président élu.
Six ans plus tard, tout esprit normalement constitué ne devra se poser aucune question sur l’identité de la personne qui devra diriger la RDC en cas de report des prochaines élections.
Jean Perou Kabouira