
Après le désistement de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) sollicitée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les regards sont tournés vers la classe politique et la société civile, qui sont dans l’obligation de trouver une solution. Faute de quoi, c’est tout le processus électoral qui risque d’être bloqué.
Dans une correspondance datée du 3 mai 2023, l’OIF a informé au président de la CENI qu’elle « ne sera malheureusement pas en mesure de répondre favorablement » à sa demande visant à accompagner son institution dans l’audit du fichier électoral.
Le même jour, le secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), Mgr Donatien N’shole, a été reçu par le président de la Centrale électorale.
« Ce qui nous a amenés aujourd’hui à rencontrer le président Denis Kadima, c’est le débat qui est en train de naître, un certain narratif par rapport à la nécessité de l’audit international qui devrait être mené par l’OIF invitée d’ailleurs par la CENI. Mais on entend depuis un certain moment des réactions selon lesquelles ce n’est pas bon par rapport à la souveraineté et l’intégrité du pays, surtout que la directrice de l’OIF est une rwandaise. Il y en a qui vont jusqu’à dire qu’il faut que ça soit un audit national. Et nous, ça nous préoccupe d’abord les arguments sont politiques. Cela peut se comprendre politiquement. Soit dit en passant, parmi les institutions qui défendent l’intégrité et la souveraineté nationales, il y a la CENCO qui a dénoncé l’attitude et l’indifférence de la communauté internationale en rapport avec ce qui se passe avec le Rwanda. Je vous informe que nous venons d’avoir une mission conjointe avec l’ECC aux États-Unis sur la situation à l’est. C’est pour dire que nous tenons à l’intégrité, mais qu’on n’amène pas ça dans les questions techniques comme les élections », a déclaré Mgr Donatien Nshole.
Il a expliqué que « pour nous, si ce n’est pas l’OIF pour des raisons politiques, on peut trouver une alternative qui rassure sur le plan de l’objectivité et de l’efficacité».
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Cette alternative, du point de vue des analystes, aurait dû être l’église catholique et l’Eglise du Christ du Christ au Congo (ECC), qui ont mis en place une mission d’observation électorale conjointe.
Les catholiques n’inspirent pas(eux aussi) confiance
Dans certains salons du pouvoir, les catholiques sont étiquetés pro opposition. De ce fait, il serait hors de question, surtout pour le parti présidentiel UDPS, de soumettre la liste des électeurs à de prélats catholiques placés à la même enseigne que les opposants.
De l’autre côté, il est inimaginable de voir la classe politique congolaise se mettre d’accord pour confier l’audit du fichier électoral à une organisation nationale.
Les jours passant vite, d’aucuns pensent que la méfiance doit laisser place à la confiance mutuelle entre politiciens, mieux entre les politiques (le terme politicien étant devenu en français un mot péjoratif qu’on hésite à l’employer).
Pami Halele
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