A vingt-deux ans d’existence, le Bureau central de coordination (BCeCo) a joué parfaitement son rôle de vivier des connaissances dans la gestion des projets. Du moins, jusqu’à un certain 9 février 2022, date à laquelle l’actuel directeur général, Jean-Mabi Mulumba, a pris officiellement ses fonctions au terme de la cérémonie de remise et reprise avec le directeur général intérimaire, Gaspard Kabongo Mukise. Une analyse comparative du management d’avant et celui actuel appelle à une décision urgente de la hiérarchie pour remettre cet établissement créé à l’aube de la reprise de la coopération avec les institutions de Breton Woods, sur les rails.
Jamais une institution publique de la République démocratique du Congo n’a réalisé autant de projets que le BCeCo. De milliards de dollars investis par le gouvernement et ses partenaires ont été rationnellement utilisés pour réaliser des grandes infrastructures tant à Kinshasa que dans le Congo profond.
Il s’agit, de manière non exhaustive, entre autres, du tronçon de la RN1 compris entre Matadi et Kinshasa, la réhabilitation des groupes du Grand Inga, la deuxième ligne Inga-Kinshasa, l’AEP de Boma, des écoles, centres de santé et marchés communautaires dans le cadre du PMUR, de centaines d’écoles dans le cadre du projet PRISS, de centaines de centres de santé dans le cadre du projet PESS, l’assainissement et l’embellissement de la ville de Kinshasa, la construction des tribunaux de paix, des stades municipaux à Kinshasa, l’immeuble du gouvernement, la réhabilitation de la résidence privée du premier ministre, la modernisation de l’hôtel du gouvernement, etc.
Le volet programme 100 jours du président de la République, Félix Tshisekedi, est l’un des exemples les plus récents, avec le programme de développement local des 145 territoires(PDL-145 T), de la satisfaction que le gouvernement puisse tirer de sa cheville-ouvrière.
Des analystes et experts s’accordent sur le fait que le BCeCo a réussi le parti de s’imposer dans un environnement dominé par le clientélisme, népotisme et favoritisme.
Sans l’ombre d’un doute, les animateurs du BCeCo ont réussi à en faire le principal instrument doté d’une grande expérience en gestion des projets, auquel le gouvernement recourt pour matérialiser son programme et sa politique en ce qui concerne des projets concrets, palpables, efficients et à impact visible.
Matondo et ses miracles
En dépit de succès engrangés, le BCeCo a connu ses périodes de vaches grasses ainsi que celle de vaches maigres.
L’une des pires périodes de son existence aura été celle allant de 2016 à 2019, causée essentiellement par l’arrêt du gouvernement de financer tout projet de développement au profit de la tenue des élections de décembre 2018.
C’est à ce stade qu’il faut saluer le management éclairé et efficace de l’ancien DG a.i., Matondo, qui, a littéralement réalisé ce qui était désespéré, en honorant les salaires du personnel dans un contexte où tous les ingrédients étaient réunis pour des longues années d’arriérés.
Malheureusement, il y a eu ce qu’il y a et, ce manager tant admiré par ses administrés, est passé par la case prison avant de recouvrer sa liberté.
Bien que remplacé, ce n’est un secret de polichinelle qu’il a fait partie des intelligences mises en synergie sous l’impulsion du chef de l’État Félix Tshisekedi pour dessiner les contours du PDL-145T, en puisant dans la grande marmite de l’expérience avérée du PRISS et du PESS.
Un conseiller à la présidence de la République au moment de la conception de ce vaste programme se rappelle que le savoir-faire du BCeCo était très sollicité pour définir la stratégie devant permettre au gouvernement de construire des écoles, centres de santé, bâtiments administratifs, marchés et autres infrastructures sociales de base dans chacun des 145 territoires du pays.
Ce, dans le temps requis, le respect des textes légaux sur la passation des marchés publics et bien plus, dans une transparence irréprochable, socle d’une bonne gouvernance.
Fatshi appelé à sévir
Mais les sacrifices consentis par les uns et les autres et la planification intelligemment imaginée ont pris un coup avec l’arrivée du DG Jean Mabi Mulumba dont la gestion est caractérisée, selon de sources internes, notamment par le clientélisme, favoritisme, népotisme et autres antivaleurs.
On avance entre autres preuves, l’engagement, sans concours, d’une ribambelle de membres d’une même famille(sa famille), amis et connaissances, dont nombreux auraient été casés à des postes spécialement créés pour eux en dehors du cadre organique. Le tout, face au regard impuissant du Comité de pilotage déplumé et dépouillé de son pouvoir.
Du coup, beaucoup d’entrepreneurs auraient généreusement obtenu comme cadeaux de Noël, des marchés publics, en violation de la loi d’avril 2010 régissant la passation des marchés publics en République démocratique du Congo.
Heureusement que le chef de l’État a associé l’Inspection générale des finances (IGF), sa cheville ouvrière dans la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics, pour procéder au contrôle financier du PDL-145 T.
« Sinon, affirme un expert, ce programme allait connaître un crash .»
La faute, insiste-t-on, au management archaïque, complaisant et asardeux du DG du BCeCo, que l’on dit plus concentré dans la construction de sa fortune personnelle que dans la réalisation des projets confiés à son institution par le gouvernement de la République.
Décidément, l’homme a démontré ses limites et risque, s’il perdure à ce poste, de constituer un obstacle pour d’autres projets et programmes à confier au BCeCo par le gouvernement. Fatshi est appelé à sévir.
Jean Pérou Kabouira