Congo Airways est en panne sèche. L’unique compagnie national d’aviation de la République démocratique du Congo encourt le risque d’une faillite. Elle a suspendu les opérations, le temps de remplacer les moteurs de ses avions, tous cloués au sol. Cette situation ne devrait étonner outre mesure étant donné que la mauvaise gestion de cette entreprise publique a été mise à nue par l’Inspection générale des finances(IGF).
Congo Airways est à terre. Ses dirigeants demandent 32 millions de dollars américains au gouvernement pour la relance de ses trois avions, dont 14 millions pour l’achat de deux moteurs afin de reprendre progressivement les activités.
En attendant la thérapie de choc du gouvernement pour tenter de sauver les meubles, retour sur les observations définitives de l’IGF sur le contrôle de gestion de Congo Airways, qui avaient en quelque sorte prédit la situation actuelle.
En 2020 déjà, Congo Airways manifestait des signes d’essoufflement, qui n’ont visiblement inquiété personne.
Tous les problèmes furent attribués à la pandémie de Covid-19 qui avait déstabilisé l’économie congolaise.
En janvier 2021, l’IGF initie une mission de contrôle de gestion des finances de l’entreprise.
Cinq mois plus tard, elle fera parvenir au président du Conseil d’administration et au directeur général de Congo Airways, ses observations définitives.
Elle avait fait état notamment du paiement non justifié de USD 2 352 144, 26 résultant de la surfacturation manifeste en faveur des fournisseurs des services de douane; détournements des fonds par les agents à hauteur de USD 2 040 868,79 résultant de non reversement des recettes de vente des billets; ; paiement de USD 8 784 710 au titre de prestations à l’Autorité de l’aviation civile (AAC) sans que lesdites prestations ne soient réelles pour la période de 2016 à 2020; et la non comptabilisation du chiffre d’affaires de USD 2 456 492, résultant de la différence entre le chiffre d’affaires du logiciel Datawings et celui pris en recettes.
L’IGF avait relevé aussi des paiements en faveur des structures privées sans soubassement contractuel ou en violation de toute procédure des marchés publics.
En gros, l’IGF a constaté une mauvaise gestion de Congo Airways matérialisée notamment par l’absence d’une politique de rationalisation des charges; application d’un barème de rémunération fort onéreux ; non déclaration et non paiement des impôts dûs à l’État ; mauvaise allocation des ressources financières; mauvais comportement des indicateurs de gestion et échec total dans l’atteinte des objectifs assignés à la société dans le cadre du code des investissements.
Bien plus, l’Inspection générale des finances a prévenu le « risque élevé de faillite car les pertes enregistrées dépassant le capital social ».
En mars dernier, un Protocole d’accord a été signé entre la compagnie nationale de la RDC et la firme américaine A&M Development Group.
Le groupe américain s’est engagé à injecter 1.3 milliards de dollars dans ce deal pour permettre la relance de Congo Airways.
Pami Halele